PLUSIEURS capitales ont réagi à l’annonce de la démission du président Michel Kafando et de la dissolution des institutions burkinabè. Paris condamne «fermement le coup d’Etat», quand Washington se dit «profondément préoccupé».
L’Union européenne s’inquiète à la fois pour les personnes retenues et pour l’avenir électoral du pays. Dans sa déclaration, Federica Mogherini, la chef de la diplomatie européenne affirme :
«Le coup d´Etat survenu au Burkina Faso constitue une atteinte inacceptable au processus de Transition en cours. Le pouvoir doit être remis immédiatement et sans condition aux autorités civiles afin d’assurer le retour à la transition politique, en accord avec la Constitution du Burkina Faso et la Charte de la Transition.
Nous appelons également à la libération sans délai du président Michel Kafando, du Premier ministre Yacouba Isaac Zida et de certains membres de son gouvernement, encore détenus par la force. Les aspirations démocratiques légitimes de peuple burkinabè doivent être respectées, et les actes de violence refrénés. Aucun retard dans le processus de transition menant vers les élections prévues pour le 11 octobre ne peut être considéré. L’Union européenne se réserve la possibilité d’étudier les mesures potentielles, y compris contre les auteurs du coup d’Etat. L’Union européenne continue de travailler en étroite collaboration avec le reste de la Communauté internationale et notamment les Nations Unies, la Cedeao et l´Union africaine, co-présidents du Groupe international de suivi et d’appui à la Transition, pour assurer une réponse coordonnée et ferme et ramener la paix, la stabilité et la sécurité dans le pays».
Réaction ferme de Paris
De son côté, la France a dénoncé le renversement de régime. Dans un communiqué de l’Elysée, on peut lire que «le président de la République condamne fermement le coup d’Etat qui a eu lieu au Burkina Faso».
A son tour, François Hollande a appelé «à la libération immédiate de toutes les personnes arrêtées». Il exige également «la remise en place des autorités de la transition et la reprise du processus électoral». Par ailleurs, le Quai d’Orsay demande aux ressortissants français installés au Burkina Faso de rester chez eux, par mesure de sécurité.
Les Etats-Unis «profondément préoccupés»
Le porte-parole du Département d’Etat américain, John Kirby, a déclaré que «les Etats-Unis[étaient] profondément préoccupés par les événements qui se déroulent au Burkina Faso». Ils se joignent à l’appel de l’Union européenne et de la France pour la libération des otages. «Les Etats-Unis condamnent fermement toute tentative de saisir le pouvoir par des moyens qui ne sont pas dans le cadre de la Constitution, et tout recours à la force comme moyen de résolution des différends politiques».
John Kirby insiste également sur la cessation «immédiate des violences, et nous encourageons vivement les personnels militaires impliqués dans les événements en cours à retourner à leur mission première. Nous réaffirmons notre soutien entier au gouvernement civil de la transition, afin qu’il poursuive la préparation d’élections libres, justes et transparentes le 11 octobre».
L’UA, la Cedeao et les Nations Unies ensemble
Dans un communiqué de presse conjoint, l’Union africaine, la Cedeao et les Nations Unies qui assurent la présidence conjointe du Groupe international de soutien et d’appui à la Transition au Burkina Faso (GISATBF) ont «appris avec consternation la prise d’otages commise par le Régiment de la sécurité présidentielle contre le président du Faso, Michel Kafando, le Premier ministre Yacouba Isaac Zida, ainsi que contre des ministres de la transition, en plein Conseil des ministres, au Palais de Kosyam».
Les trois organisations condamnent avec la plus grande fermeté cette violation flagrante de la Constitution et de la Charte de Transition. Elles exigent que les forces de défense et de sécurité se soumettent à l’autorité politique et, dans le contexte actuel, aux autorités de la transition. L’UA, la Cedeao et les Nations Unies exigent la libération immédiate et inconditionnelle des otages.
Elles soulignent avec force que les auteurs de cet enlèvement inacceptable répondront de leurs actes et seront tenus responsables de toute atteinte à l’intégrité physique du président du Faso, du Premier ministre et des autres personnalités qu’ils détiennent. Les trois organisations réaffirment leur plein soutien à la Transition en cette période cruciale pour son aboutissement, avec les élections prévues le 11 octobre 2015. Elles réaffirment leur détermination, en appui aux autorités nationales, à tout mettre en oeuvre pour assurer le parachèvement réussi de la transition au Burkina Faso.
NK
Les partis politiques appellent à la mobilisation
LES partis politiques du pays ont tour à tour fait des déclarations, exigeant la libération des otages et appelant à rester mobiliser.
A travers son président, l’Union pour le progrès et le changement (UPC) a d’abord condamné la prise en otage des institutions par le Régiment de sécurité présidentielle (RSP) et exigé leur libération. Récemment, l’on apprend que les militaires ont pris de force le pouvoir. L’UPC condamne avec la dernière énergie cette prise de pouvoir par les armes, qui est aux antipodes des principes démocratiques. Elle appelle ses militants, sympathisants et l’ensemble du Peuple burkinabè à rester mobilisés et à s’organiser pour défendre la démocratie et l’Etat de droit, et exige le retour sans délai de l’ordre constitutionnel et de la légalité républicaine.
Quant à la direction politique du parti Le Faso Autrement, elle condamne le coup d’Etat survenu et la rétention du chef de l’Etat, du chef du gouvernement, ainsi que des membres du gouvernement de transition. Il appelle par ailleurs les auteurs dudit acte à rétablir incessamment les institutions de la République et ce afin de permettre leur bon fonctionnement.
Le Parti de la renaissance nationale (PAREN), pour sa part, invite l’Armée à assumer ses responsabilités, appelle le peuple à rester serein, mobilisé et vigilant ; exige la libération immédiate des responsables irrégulièrement séquestrées ; invite le chef d’état-major des armées et les chefs d’état-major des différentes régions militaires à assumer immédiatement toutes leurs responsabilités dans la défense de la patrie ; invite la communauté internationale à s’assumer au lieu de se perdre dans des déclarations de principe sans aucune incidence sur les fauteurs de trouble et réaffirme son attachement aux institutions et autorités de la transition et au respect strict du calendrier électoral.
Françoise Toé, candidate indépendante à l’élection présidentielle, en appelle à la mobilisation générale. «Comme beaucoup de mes compatriotes, j’ai appris avec surprise et consternation l’arrestation du président de la Transition, Michel Kafando, du Premier ministre Isaac Zida, ainsi que d’autres ministres, par des militaires appartenant au Régiment de sécurité présidentielle (RSP). Je condamne fermement cette tentative de coup d’Etat perpétrée par ces éléments dont l’objectif est de porter un coup d’arrêt à la Transition qui est en train de s’achever avec l’organisation d’un double scrutin, présidentielle et législatives, prévue le 11 octobre prochain. J’appelle tous les démocrates et tous les républicains à s’opposer à cette énième tentative de restauration de l’ancien régime que notre peuple a chassé les 30 et 31 octobre 2014», a-t-elle affirmé.