Une lueur d’espoir dans le monde médical avec un premier vaccin expérimental contre le paludisme qui a atteint la phase 3 des essais cliniques étape nécessaire avant la commercialisation d’un vaccin.
Le vaccin expérimental anti-paludique baptisé «RTS S» mis en place par un laboratoire britannique pourrait prévenir un grand nombre de cas de palu, notamment dans les zones fortement touchées, et ainsi permettre de contrôler la maladie, en association avec d’autres mesures telles que les moustiquaires imprégnées, les insecticides et les traitements. Cependant, cette découverte est à la fois encourageante et décevante selon les experts. Le vaccin marche certes, mais pas comme ils l’espéraient.
En effet, son efficacité serait comprise entre 18 et 46%. L’homologation de ce vaccin est donc un dilemme pour les chercheurs, comme l’explique Dr Bienvenu Sirima, directeur du Centre national de recherche et de formation sur le paludisme: «Selon l’avis des chercheurs, ce vaccin est une substance dont le bénéfice est au-dessus du risque. Le rapport bénéfice/risque est à l’avantage du bénéfice.
En d’autres termes, le risque auquel on s’expose en recevant cette substance est minime par rapport au bénéfice que cela peut apporter. Ce qui veut dire que nous avons avancé avec cette substance qui pourrait être érigée en vaccin. Cependant, son efficacité varie entre 18 et tout au plus 50%. Il pourrait tout aussi bien être constitué des avantages comme des inconvénients».
Le point de vue encourageant des chercheurs se situe à plusieurs niveaux. D’un point de vue relatif à la santé publique, ce vaccin peut avoir un intérêt, selon Dr Sirima. Au Burkina Faso, on enregistre en moyenne 8 millions de cas de paludisme par an. Avec ce vaccin, en moyenne 1/3 des cas pourrait être évité, soit 2 millions de cas par an. Vu sous l’aspect économique direct, le nouveau vaccin pourrait permettre à la population d’économiser sur les frais médicaux.
Un traitement de palu coûte au moins 1.000 F CFA par épisode. Cette somme multipliée par les 2.000.000 de cas possibles qui seront évités reviendrait à une économie de plus de 2 milliards de F CFA. Sur le plan social, les populations gagneront en temps. Plutôt que de passer le temps à l’hôpital parce que malade ou au chevet d’un malade, les populations pourront vaquer à leurs occupations. Sur le plan médical, le vaccin allégera la charge des médecins et infirmiers qui pourront ainsi mieux traiter les autres maladies qui ont également des impacts économiques, sans évoquer les vies humaines sauvées.
Toutefois, la mise en place de ce vaccin ne contient pas que des avantages. Sous un aspect économique, le déploiement de ce vaccin peut être très coûteux et peu avantageux au vu des résultats qui pourront être obtenus. De plus, il existe le risque que les personnes vaccinées deviennent des personnes à risque, car ne prenant plus de précaution. Pourtant, il faut le rappeler, le RTS S a une efficacité comprise entre 18 et 50%, soit 1/3 de personnes protégées sur 100 personnes vaccinées.
Pour le moment, le vaccin contre le palu n’est pas encore approuvé par l’Oms. Toutefois, les recherches se poursuivent pour avoir un vaccin plus efficace dans l’avenir, et le Centre national de recherche et de formation sur le paludisme est à pied d’œuvre dans ce sens malgré les difficultés telles que le manque de financements.
La prise en charge du paludisme coûte cher aux Etats africains. Elle représente, chaque année, plus de 12 millions de dollars pour les Etats africains, soit plus de 1,33% du PIB. Le gouvernement a mis en place une stratégie pour lutter contre la maladie depuis 2011 et qui court jusqu’en fin 2015. 143 milliards ont été déployés pour la lutte, soit plus de 30 milliards chaque année, et c’est sans compter les autres financements alloués aux différents centres de recherche que sont le Centre national de recherche scientifique et technologique (CNRST), le Centre de recherche de Nouna, l’Institut de recherche en science de la santé (IRSS) et les centres de recherche de Bobo-Dioulasso et Ouagadougou.
L’Etat burkinabè dépense beaucoup d’argent dans la lutte contre le paludisme. De nombreux efforts ont été faits également pour faciliter la prise en charge des malades. On note aussi un travail remarquable des scientifiques avec des avancées significatives au niveau de la recherche qui bientôt pourrait porter ses fruits.
Germaine BIRBA
Les stratégies en cours
Le Programme national de lutte contre le paludisme apporte sa contribution à travers deux types stratégies que sont les «stratégies majeures» et les «stratégies de soutien». Les stratégies majeures regroupent la prise en charge des cas, les préventions médicamenteuses, les préventions chez les femmes enceintes et la lutte anti-vectorielle.
La lutte anti-vectorielle consiste en la pulvérisation intra-domiciliaire, la promotion de l’utilisation des moustiquaires imprégnées, la lutte anti-larvaire et les mesures d’hygiène et d’assainissement. Ces différentes méthodes de lutte anti-vectorielle sont celles recommandées par l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Les stratégies de soutien, quant à elles, sont constituées de la communication, du suivi-évaluation et de la recherche, de la gestion des programmes, de la formation des agents, etc.