Les choses ont légèrement bougé sur le dossier de Tambao. Du moins, le gouvernement, par l’intermédiaire du ministre en charge des Mines, est sorti de son mutisme. La sortie fin août des travailleurs et fournisseurs de Pan African Minerals Burkina, société attributaire du permis d’exploitation du manganèse de Tambao, et l’emballage médiatique qui s’en est suivi auront certainement été pour quelque chose.
De sources proches du département en charge des Mines, le ministre Boubakar Ba a adressé, le 3 septembre dernier, aux responsables de Pan African une invitation à renouer le fil du dialogue. A travers cette lettre, le ministre a fait le point de l’état actuel des relations sur le Partenariat public/public (PPP) de Tambao avant d’inviter la société minière à une réunion dite de «dernière chance». L’objectif annoncé est de trouver des «solutions mutuellement satisfaisantes aux points de blocage dans les discussions». Cette réunion qui a pu se tenir en début de semaine dernière a servi de cadre pour arrêter un chronogramme des négociations à venir. C’est en principe le 21 septembre prochain que ces négociations devraient débuter. Il reste à savoir si la disponibilité des différents participants coïnciderait avec ce calendrier et si tous les éléments d’appréciation sont prêts. Les études techniques et environnementales sur le chemin de fer et la route à bitumer devront être des documents d’inspiration et d’engagement de part et d’autre. Si le chronogramme des discussions est respecté, il prévoit dès le lundi 21 septembre l’évocation du point sur le chemin de fer. A ce niveau, la réhabilitation du chemin de fer d’Abidjan (en Côte d’Ivoire) jusqu’à Kaya (Burkina Faso) est confiée au groupe Bolloré suite à un accord datant du 31 juillet 2014. La nouvelle voie de prolongement à construire depuis Kaya, passant par Dori, Gorom-Gorom jusqu’à Tambao est celle qui fait partie des obligations de Pan African. Les discussions se feront sur le contenu d’une convention et le chronogramme de réalisation. Au deuxième jour des négociations, le mardi 22 septembre, c’est le point sur le bitumage de la route Dori-Gorom-Gorom- Tambao qui sera abordé. Etudes techniques et environnementales sont attendues pour permettre à Pan African de financer la réalisation. Le jour suivant sera consacré aux programmes sociaux dans le cadre du PPP et le jeudi 24, ce sera le bilan de toutes les négociations. Si, visiblement, il semble avoir un accord sur la forme des discussions, les choses risquent plutôt d’être compliquées dans le fond pendant ces rendez-vous. La volonté des différentes parties d’aboutir à un accord est-elle sincère ? L’expression «dernière chance» a été déjà lancée.
Il faut alors espérer que les blocages ne soient pas programmés et qu’en définitive les négociations ne soient pas juste une mise en scène permettant de prendre l’opinion à témoin d’une certaine volonté d’une partie de sortir de la crise pendant que l’autre ne cherche pas à faire des efforts.
Karim GADIAGA
Des nouvelles de l’otage roumain
Les ravisseurs de l’agent de sécurité roumain, qui travaillait sur le site minier de Tambao, ont donné des preuves de sa vie. Iulian Ghergut, âgé de 39 ans, a été enlevé le 4 avril dernier par des terroristes. Le rapt a été revendiqué par le groupe Al-Mourabitoune, qui a fait allégeance au groupe Etat islamique. Il a publié le samedi 29 août une vidéo montrant l’otage entouré par trois hommes en armes. S’exprimant en français, Iulian Ghergut décline son identité et indique que le message a été enregistré le 18 août. Il demande à sa famille et au directeur de Pan African Minerals de négocier avec les ravisseurs pour obtenir au plus vite sa remise en liberté.