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Sotraco – De nouveaux bus pour la rentrée

– L’Economiste du Faso : Comment se porte la Sotraco- Sa en cette année 2015? 

Pascal Tenkodogo, Dg de la Sotraco-Sa : De manière générale, il ressort que les performances globales au cours des six premiers mois de l’année 2015, du point de vue de l’exploitation, se sont améliorées par rapport à la même période de 2014 (nombre de passagers transportés, nombre de courses réalisées, etc.). Cependant, du point de vue des finances, la situation n’est pas satisfaisante.
Du fait que ce sont des prix sociaux qui sont pratiqués, l’activité de transport en commun n’est généralement pas rentable. C’est seulement l’équilibre des comptes qui est recherché. A titre illustratif, le prix de la course est de 150 F CFA, alors que le montant réel devrait être de 450 F CFA. Pour les cartes d’abonnement, les coupons mensuels sont à 5.000 F CFA au lieu de 18.000 F CFA. Par ailleurs, deux ou trois villes du monde sont citées où le transport est rentable. Mais là, ce ne sont pas des prix sociaux qui sont pratiqués, mais c’est la vérité des prix. Chose que nos populations ne peuvent pas supporter du fait du niveau des revenus déjà faibles.

– Il avait été entre-temps question d’une augmentation du capital. Cela est-il effectif?
L’opération est effectivement envisagée mais jusqu’à présent, le processus n’a pas encore été lancé. Il le sera au moment opportun dans le cadre de la mise en œuvre des conclusions du Plan stratégique 2016-2020 de la Sotraco -Sa.

– Vous recevez une subvention publique, le montant est-il conséquent pour combler le manque à gagner tarifaire lié à la mission de service public de transport que vous assurez?
Il convient de saluer l’effort de l’Etat du Burkina à accompagner et à soutenir le développement du transport en commun, à l’instar des pays du monde où ce mode est pratiqué. En effet, la Sotraco- Sa bénéficie du soutien de l’Etat à travers une subvention forfaitaire, des exonérations partielles ou totales de certaines taxes fiscales et douanières. Ce qui permet à la société de souffler. Cependant, il convient de relever que ce soutien reste tout de même en deçà des attentes.
Le montant de la subvention reçue annuellement couvre environ 30% du déficit après la prise en compte de l’impact des exonérations. En termes clairs, sur chaque passager transporté, la Sotraco- Sa perd au moins 300 F CFA qui sont couverts au 1/3 par l’Etat.
Sur cette base, l’équilibre des comptes n’est pas du tout envisageable. Dès lors, il est difficile de dégager des ressources propres pour réaliser des investissements. Ce qui justifie l’apport de l’Etat qui est indispensable, car c’est un secteur très capitalistique. Il faut acheter des bus de qualité, construire et équiper un service de maintenance, recruter un personnel de qualité, etc.
Nos structures sœurs de la Côte d’Ivoire et du Sénégal ont enregistré des engagements de l’Etat au cours de 2015 de renforcer la flotte d’autobus respectivement de 1.000 et 500 unités. Pour finir sur ce point, nous souhaitons que l’Etat adopte la formule de compensation tarifaire plutôt que celle de subvention forfaitaire actuellement pratiquée.

– Pouvez- vous nous faire le point du parc de l’entreprise?
La Sotraco- Sa a un parc disponible de trente autobus et un parc fonctionnel de 25 autobus sur le réseau. Il faut dire que ce parc est insuffisant pour une ville comme Ouagadougou. Il est attendu dans les jours à venir une importante commande de pièces de rechange qui permettra de réparer près d’une dizaine d’autobus de 50 places. De même, 14 nouveaux autobus sont embarqués pour le Burkina Faso depuis plus de 4 semaines. Pour tout dire, d’ici la rentrée scolaire et universitaire, c’est-à-dire dès septembre 2015, le parc va compter près d’une cinquantaine d’autobus fonctionnels pour le grand bonheur de la population, notamment des usagers de l’autobus.
C’est déjà l’occasion d’interpeller les parents d’élèves sur la nécessité d’abonner les enfants à l’autobus pour assurer leur sécurité et gérer au mieux le budget de transport. La Sotraco-Sa est à une phase de relance où beaucoup de choses sont en train d’être faites.

– Les nouvelles acquisitions sont- elles suffisantes pour remplir vos missions?
Non, la quinzaine d’autobus acquise n’est pas du tout suffisante. Ces nouvelles acquisitions vont juste permettre de renforcer les lignes pour assurer un service de qualité sur les lignes existantes en termes de fréquence et de régularité.
Il convient de relever que la quasi-totalité des banques n’est pas disposée à financer la Sotraco -Sa. Les quelques-unes qui acceptent le faire déterminent le montant du financement en tenant compte de la structure financière. Par conséquent, les montants de crédits obtenus ne permettent d’acquérir que de petites quantités d’autobus en attendant la réalisation de la promesse de l’Etat d’accompagner la Sotraco -Sa dans le renforcement de son parc.

– Il en faudrait combien pour avoir une bonne desserte de la ville avec des fréquences acceptables?
Le Plan stratégique de développement (Psd) de la Sotraco- Sa prévoit à l’horizon 2020 un parc de 300 à 350 autobus pour couvrir le grand Ouaga, c’est-à-dire Ouagadougou et les communes environnantes. Les besoins immédiats sont évalués à 200 autobus. Ce nombre permettra d’offrir un service de qualité en termes de fréquence (15 minutes à condition que la voirie soit améliorée, avec des couloirs dédiés au bus), de régularité, de proximité avec les usagers, etc.

– Parlez- nous du taux de fréquentation des bus, vous satisfait- il?
La fréquentation des autobus est différente selon que l’on est en heure de pointe ou en heure creuse. Les heures de pointe enregistrent des pics au point que certains usagers s’accrochent aux portières en violation des consignes d’exploitation.
De nos jours, le taux de fréquentation moyen appelé «taux de remplissage» est de 35%. Cela n’est pas satisfaisant, car le minimum de 75% est recherché. Le manque d’autobus justifie la dégradation de la qualité de service et par conséquent impacte le taux de remplissage.
Lorsque le parc de bus est élevé, la qualité du service est meilleure; par conséquent, les gens empruntent plus l’autobus.
AT


Les perspectives de la Sotraco

Le Plan stratégique 2015-2020 de la Sotraco- Sa projette ce qui suit :
Renforcement du parc à 350 autobus à l’horizon 2020 ;
Etendre le réseau et couvrir le grand Ouaga ;
Aménager les centres d’échange pour faciliter le transfert multimodal ;
Moderniser les outils de gestion et les activités par l’utilisation active des Tic (billettique, géo-localisation, etc.) ;
Les activités citées ci-dessus ne peuvent se réaliser sans le soutien de l’Etat; et des actes forts sont attendus. Si l’Etat veut que Ouagadougou soit citée comme une ville moins polluée, il devra soutenir davantage le secteur avec des actions plus concrètes en prenant l’engagement de soutenir la Sotraco- Sa pour accroître de manière substantielle le nombre de bus.
Il est aussi nécessaire d’évoquer le problème de voierie d’autobus qui se pose avec acuité. Dans toute ville moderne, surtout une capitale comme Ouagadougou, il faudra songer à intégrer systématiquement l’autobus dans l’urbanisation en prévoyant des sites propres d’autobus, des couloirs de bus, des sites pour les terminus et les dépôts, les arrêts, les abribus et les encoches. D’où le cri du cœur de la Sotraco- Sa pour une synergie d’actions entre les différents ministères et services. Cela permettra d’améliorer la vitesse commerciale et d’éviter que les autobus soient bloqués dans des embouteillages.

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