La résidence de l’ambassadeur de France était pleine d’invités le 14 juillet dernier à l’occasion de la célébration du 226e anniversaire de la fête nationale de la France. Il y avait, outre les anonymes, des autorités de tous les bords, des coutumiers et religieux. Et, entre autres, la première dame, Mme Kafando, le président du Cnt, Shériff Sy, le président de la Ceni, Barthélémy Kéré, le ministre délégué à la Coopération régionale, le ministre de l’Administration territoriale, Auguste Denise Barry, le cardinal Philippe Ouédraogo, le président et candidat du Cdp, Eddie Komboïgo, l’ancien maire et vice-président du Mpp, Simon Compaoré, le Larlé Naba, etc .
C’est devant ce parterre de personnalités que l’ambassadeur Gilles Thibault a choisi de tenir un discours direct et clair en rapport avec la situation politique nationale.
Dès l’entame de son discours, il lance: «Nous étions là, il y a un an, mais depuis, des événements considérables se sont produits et le Burkina Faso prépare maintenant les échéances électorales de l’automne où il a, à nouveau, rendez-vous avec l’histoire». Et à cet effet, la mise en garde est claire : «Les luttes d’influence et les querelles intestines doivent cesser pour que se tiennent dans la sérénité des élections loyales, transparentes et inclusives, aux résultats incontestables».
Si l’ambassadeur Thibault a emprunté un proverbe dioula pour dire que «la pluie du matin n’épargne personne», il est convaincu que tous doivent travailler à la paix. A l’endroit de ceux qui travailleraient à ce que la Transition ne connaisse pas tout son succès, il a prévenu: «En cas de catastrophe, aussi habiles qu’ils soient, les masques de ceux qui brouillent, chevauchent et ignorent les lignes rouges, tomberont et ils devront répondre de leurs actes». Ainsi, pour Gilles Thibault, «les règlements de comptes et les manipulations doivent cesser». Et «le peuple n’a pas à en être l’otage».
Comme s’il n’avait pas été plus clair, Gilles Thibault ajoute: «Nul ne doit servir des ambitions cachées. Chacun ne doit avoir en tête que le bien supérieur du pays et ne s’en tenir qu’à cela. Il est urgent que le mélange des genres et les pratiques d’un autre temps cessent».
En s’inclinant devant la mémoire des martyrs de l’insurrection, le premier des Français au pays des Hommes intègres note que les prochaines élections et la consolidation de la démocratie burkinabè seront la juste récompense de leur sacrifice.
Face aux supputations sur un éventuel report des élections, Gilles Thibault affirme que «si les élections sont repoussées, tous les Burkinabè en souffriraient, surtout les plus pauvres».
Tout en reconnaissant qu’une Transition n’est jamais simple, l’ambassadeur de France au Burkina rappelle que chacun doit s’en tenir à son rôle: «Les organes de la Transition, au respect des engagements pris devant le peuple et la communauté internationale; les militaires à la défense des institutions et du territoire et à leur mission de paix; les organisations de la société civile à des causes citoyennes non partisanes; et enfin il ne revient qu’aux politiques de faire de la politique et de prendre leurs responsabilités. Aux électeurs, en toute liberté, de les sanctionner s’ils l’estiment nécessaire».
Il a clamé haut que la France souhaite que les échéances électorales se préparent dans le calme, dans le respect des personnes et des institutions; et que le bien commun l’emporte sur les intérêts privés, parce que, dit-il, «le Burkina est un exemple pour le continent et il doit le rester».
Pour Gilles Thibault, le peuple burkinabè possède, au plus haut point, le sens des responsabilités et l’amour du bien commun. Et «il ira, avec notre soutien, au bout de sa quête de plus de liberté, d’égalité, de justice et de démocratie».
Alexandre Le Grand ROUAMBA
Les actions de la France au Burkina
Gilles Thibault n’a pas fait un bilan détaillé et chiffré des actions de la France en faveur du Burkina comme l’an dernier, mais il a tenu à préciser que la Transition n’a rien changé dans les engagements de la France. «Nous les avons même accrues», a-t-il ajouté. On retiendra des propos de l’ambassadeur que la France consacre en moyenne chaque année plus de 100 millions d’euros, soit 70 milliards de FCFA, au Burkina, sans compter les coopérations décentralisées, les aides directes de structures diverses.
La France a aussi engagé plus de 2 milliards de FCFA pour les élections au profit des ministères en charge de l’Administration territoriale et de la Justice, du Médiateur du Faso, du Conseil constitutionnel, de l’Asce et de la Ceni.
Gilles Thibault a rappelé que beaucoup d’expériences se menaient avec succès au Burkina. De la mise en place des foyers améliorés à la construction de la plus grande centrale photovoltaïque d’Afrique de l’Ouest (à Zagtouli) avec des financements français et européen, on retiendra l’engagement de la France aux côtés du Burkina. Le volet sécurité alimentaire n’a pas été omis. Ainsi, le programme d’appui à la sécurité alimentaire d’un montant de 26 milliards de FCFA est financé à 90% par la France. Il vise à développer la résilience de la population face aux aléas climatiques et économiques.
L’ambassadeur de la République de France au Burkina a également abordé d’autres sujets comme la conférence de Paris sur les changements climatiques (qui se tiendra du 29 novembre au 11 décembre 2015), la situation au Mali, le crash du vol Ah 5.017 de la compagnie Air Algérie dont il a rendu hommage aux 116 victimes et les 6 soldats burkinabè tués au Mali.