Au regard des avantages économiques, financiers et politiques qu’offre l’énergie solaire, les autorités en charge du secteur de l’énergie ont fait le choix stratégique d’aller à la réalisation de cinq centrales solaires. Quatre promoteurs retenus pour avoir proposé les meilleurs prix de cession du kilowattheure (KWh) à la Société nationale finaliseront dans les prochaines semaines leurs contrats avec l’Etat burkinabè.
Une soixantaine de milliards sera investie par les entreprises attributaires pour produire et fournir à la Sonabel plus 68, 24 mégawatts crêtes. Une puissance additionnelle qui aidera la société nationale à faire face aux pointes de 2016 et de 2017.
Si l’option solaire poursuit l’objectif de soutenir de façon durable l’offre d’électricité de la Sonabel, elle permettra aussi de réduire l’incidence de la hausse des prix des hydrocarbures sur les coûts de production de la société, qui peine à équilibrer ses comptes malgré la subvention étatique.
S’exprimant lors de la conférence internationale sur l’énergie solaire Africa Solar (Ouagadougou, 25-27 juin 2015), Lassana Zoungrana, chef du département production hydroélectrique (Sonabel) et énergie renouvelable, expliquait que les clients qui peuvent être concernés pour contribuer à la réduction de la facture pétrolière sont essentiellement les abonnés aux compteurs 3 ampères et 5-30 ampères.
Ces personnes représentent les petits ménages et les petites entreprises. Les clients logés dans la catégorie des 3 ampères sont au nombre d’environ 262.000 et consomment annuellement 136 millions de kilowattheures, soit une consommation annuelle pour un abonné de 518 kWh. «Nous pensons que si ces clients de 3 ampères et ceux des 5-30 ampères monophasés bénéficient de l’énergie produite par les centrales solaires à venir, ça contribuera, il ne serait-ce que de 10 à 20%, à la réduction de la facture pétrolière des centrales de la Sonabel», soutient M. Zoungrana. Actuellement, le coût de vente moyen de l’électricité à l’ensemble de la clientèle est d’environ 126 F CFA le kilowattheure ; et selon les calculs, le coût de vente du kilowattheure produit par la technique du solaire serait en dessous de 100 FCFA. Pour le directeur des énergies renouvelables, Jean De Dieu Yaméogo, le coût du kilowattheure est dépendant du financement de la construction des centrales et ce financement est très complexe. La lenteur est due au fait que les contrats sont aussi complexes. Le Burkina étant à ses débuts dans l’expérience solaire, il a fallu avancer avec prudence. C’est ce qui explique que les négociations pour le recrutement de promoteurs de centrales solaires aient pris du temps.
Construire une centrale de 33 mégawatts peut se faire en 6-12 mois, dès lors qu’on a sur place une équipe compétente et expérimentée, confirme Fabrizio Nastri, le patron de Canopy, appelé à réaliser deux centrales à Pâ et à Kodéni. «Ce qui retarde le développement de l’énergie solaire à grande échelle en Afrique, ce n’est pas tant le temps de construction, c’est le temps de développement administratif et financier. Le développement technique est simple, mais il y a des projets qui mettent 5 à 10 ans pour sortir de terre avant que le Gouvernement ne mette en place le cadre réglementaire et un processus de consultations qui vont bien avec». Le Burkina, à son avis, est un modèle de gestion de tels programmes, puisque c’est le Gouvernement qui a lui-même pris l’initiative de faire des études, d’identifier les sites et de faire un appel d’offres en précisant les types de centrales qui allaient être construites et leur localisation. C’est un pas important qui marque la volonté du pays de développer la filière solaire à travers le transfert de connaissances et de technologie dans le domaine de l’énergie solaire photovoltaïque.
Le solaire, d’après le technicien français, présente énormément d’avantages par rapport aux technologies traditionnelles en termes de coût de production, mais aussi par le fait que c’est une énergie propre, fiable, avec peu de pannes ; sans oublier qu’il élimine la dépendance énergétique d’un pays par rapport aux ressources en hydrocarbures. La capacité à installer rapidement des centrales solaires de n’importe quelle puissance, n’importe où, se trouve être un autre avantage important du solaire.o
Christian KONE
Les contrats en Ppp et Ppa
Les producteurs indépendants d’électricité recrutés pour la construction des 5 centrales solaires sont norvégien (Scatec Solar), belge (Soltech) et français (Compagnie financière, Naange et Canopy). Les réalisations se feront sous contrats Ppp (Partenariat public-privé) entre l’Etat burkinabè et chaque promoteur, ainsi que sous des contrats Ppa (Power purschasing agreement ou contrat d’achat d’électricité) entre chaque promoteur et la Sonabel qui est l’acheteur unique. Le prix de cession du kWh restera fixe sur la durée du contrat qui est de 25 ans. L’Etat, en retour, attribuera des facilités fiscales pendant la phase de construction et d’exploitation. La finalisation des contrats est prévue d’ici à fin octobre 2015; suivront le bouclage du financement et le démarrage des travaux pour une mise en service des centrales vers la mi-2016. L’avènement des 4 centrales, avec une puissance cumulée de 68,24 MW, s’ajoutera à celle de 20 MW confiée à la société minière Semafo Burkina Sa.
A celles-ci, on additionne les 33 autres mégawatts que devrait fournir la centrale de Zagtouli gérée par la Sonabel pour laquelle l’analyse des appels d’offres est prévue courant août. La signature du marché devant intervenir courant décembre-janvier 2016, et l’attributaire aura 18 mois pour réaliser la centrale. Le pays comptera dans 2 à 3 ans, plus de 100 mégawatts de puissance solaire.
Brèves
• Crise au sommet: Kafando à la manœuvre
On attendait une déclaration du chef de l’Etat. On attendait une décision sur l’issue du bras de fer entre Zida et le Rsp. A l’arrivée, c’est un communiqué du cabinet de la présidence sur les travaux d’un cadre de concertation de sages créé par le président Kafando pour la circonstance. Y ont été conviés les protagonistes de la crise : Yacouba Isaac Zida, le Général Pingrenoma Zagré, chef d’état-major général des armées, le Général de Brigade Gilbert Dienderé, le Lieutenant-Colonel Céleste Coulibaly, chef de Corps du Régiment de sécurité présidentielle (Rsp). Une confirmation à l’issue des travaux, le sort du Rsp est remis entre les mains du prochain Gouvernement qui sera issu des élections. Pour le reste, notamment la démission éventuelle de Zida, elle n’est pas abordée explicitement dans le communiqué. Le cadre de concertation de sages poursuivait vendredi ses entretiens. Osc, partis politiques et les différents corps d’armée devaient être reçus sur la question.
• Hommages aux militaires tués au Mali
C’est le 10 juillet dernier que les dépouilles des 6 soldats burkinabè ont été portées en terre au cimetière militaire de Gounghin. Recouverts du drapeau bleu des Nations unies et de celui du Burkina Faso, les six cercueils sont arrivés la veille, à l’aéroport international de Ouagadougou à bord d’un avion onusien.
Les défunts ont été décorés à titre posthume de la Croix de la valeur militaire, «la plus haute distinction militaire» malienne, pour «leur contribution à la stabilisation» du pays.
Il s’agissait de l’Adjudant Diendéré Sylvestre du Rcas/Gcas ( Sergent-chef) ; du Caporal Compaoré Ousmane du 34 Ria/3Rm ; du Caporal Saidou Ilboudo du 34 Ria/3Rm (nouvelle position Ra/Gcas) ; du Caporal 1re classe Napon Abdou Racide du 24 Ria/2Rm ; du soldat de 1re classe Apollinaire Sawadogo du 34Ria/3Rm et du soldat de 1re classe Dieudonné Ouédraogo 34/3Rm.
La Mission de l’Onu au Mali (Minusma), à laquelle les six Casques bleus appartenaient, «se prépare à faire face à d’autres attaques» après celle qui leur a coûté la vie, a observé son commandant, le Général Michael Anker Lollesgaard. La Minusma a perdu 35 militaires dans des attaques (attentats-suicides, mines, embuscades, tirs de mortier et roquettes) depuis son déploiement en juillet 2013.