Le riz occupe une place importante dans l’économie agricole et alimentaire du Burkina.Les impératifs de sécurité alimentaire exigent que sa disponibilité soit permanente. C’est fort de ce constat établi par le Comité interprofessionnel du riz du Burkina (Cir-B) qu’une campagne de communication multimédia grand-public est lancée sur la promotion du riz produit au Burkina.
Sur un mois, soit du 2 juin au 2 juillet 2015, sur tout le territoire, les acteurs des maillons production, transformation, commercialisation et transport se donnent la main pour cette opération en vue de convaincre les consommateurs à diriger leur choix vers les riz produits dans les bas-fonds du Faso.
«Nous sommes conscients que c’est le déficit d’information qui constitue le véritable handicap», confie le président du Cir-B, Lancina Berthé. Amener le consommateur à privilégier le riz du pays à celui importé n’est pas seulement basé sur une préférence nationale. Les militants de la campagne misent plutôt sur la qualité. Le discours se concentre sur les principales caractéristiques du riz national dans toutes ses variétés propres et goûteuses.
Du bon riz à un bon prix, selon le slogan de la campagne. Les prix proposés vont de 200 à 400 FCFA le kg, selon les qualités. D’après les initiateurs de la campagne, le riz national est relativement neuf, plus nutritif que le riz importé qui serait relativement vieux et souvent traité avec des produits chimiques pour le conserver et lui donner plus d’attrait. Même s’ils ne sont pas en mesure de brandir les preuves scientifiques de la supériorité de qualité du riz du Burkina aux nombreuses variétés de riz importé, les professionnels de la filière tiennent à le soutenir et ne se résignent pas à faire face à la concurrence.
Cependant, ils ne peuvent pour le moment pas satisfaire la demande nationale en croissance. Selon le directeur général de l’économie rurale, Denis Ouédraogo, la production nationale ne couvre les besoins qu’à 42% (300.000 à 350.000 tonnes), d’où l’importation de riz à la qualité souvent douteuse.
Des propositions sont faites par l’interprofession allant dans le sens de réguler les importations, de telle sorte qu’elles n’impactent pas l’essor du riz national. Est-il possible d’aller vers une suspension des autorisations d’importation du riz pour donner plus de marge de progression au produit national? Le Cir-B pencherait pour l’affirmative. Son mandat veut qu’il soit une structure capable de participer aux côtés du Gouvernement, à travers les plaidoyers, à résoudre les problèmes auxquels les acteurs de la filière font face.
En attendant, il interpelle l’autorité politique à aider l’interprofession à trouver des voies de sortie au problème d’écoulement que rencontrent les producteurs de riz.
La décision prise par le Gouvernement de cibler le riz national dans les appels d’offres pour approvisionner les casernes, les cantines et les prisons est une mesure saluée par le Cir-B. La Société nationale de gestion du stock de sécurité alimentaire (Sonagess) et le Conseil national de secours d’urgence et de réhabilitation (Conasur), ainsi que les autres départements de la République, qui doivent acheter des céréales et notamment du riz sont encouragés à accorder la priorité à la production nationale. Et pour que tout le monde parle le même langage, le secrétaire exécutif du Cir-B souhaite que l’on ne fasse plus usage des noms «Riz local» et «Riz national» pour désigner la céréale produite au Faso. Le nom à retenir est «Riz du Burkina». «Nous avons l’intention non seulement de conquérir le marché national, mais également celui de la sous-région», explique Boukary Bikienga. L’appellation «Riz du Burkina» permettra de servir de label et de donner de la visibilité à la spéculation.
Christian KONE
Tendance encourageante
Selon l’interprofession, la production du riz paddy est passée de 195.102 tonnes en 2008 à 305.382 tonnes en 2014. Des rizeries professionnelles produisant du riz blanc et des centres d’étuvage s’installent à travers le pays.
Il en est de même pour les points de vente qui ont vu leur nombre presque doubler en moins de deux ans, passant de 60 en 2013 à 114 aujourd’hui. Tout cela est dû à la consommation de plus en plus grande du riz de l’ordre de 5% d’accroissement moyen.
Selon les données de la Direction générale de l’économie rurale, plus de 600.000 tonnes sont écoulées au niveau national. La consommation annuelle par tête est passée de 18 kg en 1999 à 21 kg en 2011, atteignant les 50 kg par personne dans les centres urbains et donnant au riz la première place des céréales les plus consommées en milieu urbain.
Une tendance dont se réjouissent les acteurs de la filière qui y voient des marges de progrès réels pour le riz du Burkina. Ils se préparent à accentuer les efforts en vue d’une meilleure mise en marché. Ce maillon fait face à des difficultés dues en partie au fait que les consommateurs semblent méconnaitre la qualité nutritionnelle à cause de la faiblesse des activités de promotion et de marketing.