Le mois de mai aura été celui des grandes émotions. Le retour de Mariam Sankara et l’organisation de la journée d’hommage aux martyrs le 30 mai.
Les Burkinabè ont voulu pour Mariam un accueil présidentiel. Femme discrète, elle a su rester à l’ombre de son mari pendant son bref mandat. Depuis 27 ans, elle porte le lourd fardeau de la veuve en quête de justice pour son mari assassiné le 15 octobre 1987. Il faut espérer que l’exhumation de la dépouille de son mari le 25 mai dernier et les expertises demandées rapprochent les juges de la vérité et de la lumière sur ce dossier. C’est le début d’un long processus, qui prendra bien du temps. La direction semble bonne pour la manifestation de la vérité.
Ce héros-là, pour son repos éternel et pour soulager ses proches et une bonne partie des Burkinabè, a soif de vérité et de justice comme de son vivant. Le président Thomas Sankara n’a jamais été aussi omniprésent dans l’actualité et dans la tête de ses compatriotes. Cette insurrection avait quelque chose de Sankara, une sorte de revanche à titre posthume. Une fenêtre historique pour faire avancer le dossier judiciaire.
Il faudra cependant être encore patient. Et Mariam le sait, malgré sa soif de vérité. Le président de la Transition qui l’a reçue en audience a tenu sa promesse de rouvrir le dossier, mais il ne sera probablement pas là à sa clôture, parce que la Transition aura vécu. Tel sera également le cas pour la trentaine de manifestants tombés lors de l’insurrection. Elevés au rang de héros nationaux, leurs noms seront désormais gravés au panthéon de notre histoire. Des martyrs ! Mais pour certains d’entre eux, les circonstances de leur disparition restent encore un mystère.
C’est la fausse note de ce grand rendez-vous. 9 dossiers seulement font l’objet d’instruction auprès du parquet. Il ne faudra surtout pas en faire l’économie afin de ne pas faire le lit à une forme d’impunité.
Les survivants leur doivent bien cela.
Abdoulaye TAO
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