Editorial

Transition

Les Burkinabè sont géniaux. Ils ont collé à la période que nous vivons deux expressions correspondant chacune à une étape de la révolution que vit le pays : «Plus rien ne sera comme avant» et «C’est la faute à la Transition». La première marque l’étape de l’euphorie, pavée de bonnes intentions, où les dirigeants et le peuple croyaient fermement aux promesses de l’insurrection.
Si depuis lors quelques sillons prometteurs ont été tracés, l’heure de la Realpolitik a peut-être sonné. C’est l’heure du désenchantement.Tout ne pourra pas changer comme par un coup de baguette magique. Car les vieilles habitudes ont la peau dure, notamment au niveau des marchés publics où les méthodes s’affinent pour éliminer certains postulants au profit d’autres. Pour ces personnes-là, le «Plus rien ne sera comme avant» sonne comme un discours creux, surtout que certains dirigeants de cette même Transition se montrent très gourmands dans la gestion des fonds de souveraineté, comme le rapporte notre confrère du Jeudi. En haut, certaines habitudes ont la peau dure.
Pendant ce temps, pour les Burkinabè d’en bas, c’est la soupe à la grimace. L’argent ne circule pas, donc les affaires tournent au ralenti dans les commerces. Et pour expliquer tout ce qui ne va pas actuellement, le motif est tout trouvé : «C’est la faute à la Transition». Transition est en train de rimer avec galère.
L’austérité budgétaire, conjuguée au ralentissement économique, est en train de plomber le moral des Burkinabè, alors que c’est le seul moteur qui devrait les tenir en éveil pour passer ce cap difficile afin de rentrer de plain-pied dans une nouvelle ère démocratique et pleine d’espérance.
Plus que 5 mois à tenir pour tourner cette page. Et ils sont nombreux les désillusionnés de la Transition qui veulent la tourner, et vite. Dans ce contexte-là, ceux qui, dans leurs chambres noires, mijotent une éventuelle prolongation de la Transition n’ont qu’à bien se tenir. Le 11 octobre 2015 est une date butoir consensuelle. Alors, ne nous cherchons pas noise.

Abdoulaye TAO

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