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Piscines publiques – Fermer la porte aux virus

La survenue de l’épidémie d’Ebola en Afrique de l’Ouest a amené les autorités sanitaires du Burkina à prendre des mesures de prévention. Les grands rassemblements publics avaient été interdits pour éviter les contacts physiques et certains conseillaient de ne pas se serrer les mains afin de ne pas se passer les germes.

La menace est prise au sérieux au point qu’à l’église, les poignées de main sont déconseillées lors des célébrations. Dans cette démarche de prévention et de promotion des mesures d’hygiène, la sensibilisation à l’observance des précautions dans les piscines publiques semble avoir été oubliée, malgré la forte affluence aux lieux de baignades aménagés, par ces temps de chaleur.
Même si les spécialistes s’accordent à dire que le virus tant redouté ne se transmet pas par l’eau de la piscine, le risque zéro n’existe pas, surtout dans les conditions actuelles de gestion de ces espaces collectifs. Les spécialistes conseillent la vigilance quant à certaines maladies sexuellement transmissibles pour lesquelles les précautions à prendre à titre individuel sont indiquées comme moyens pour ne pas contaminer les eaux de piscine et ainsi se protéger des infections. Il s’agit de la bonne hygiène corporelle des baigneurs, mais aussi des traitements adéquats des eaux de piscine.
Selon le Dr Rakissida Alfred Ouédraogo, médecin-juriste publiciste de profession, les risques de contamination par l’eau de piscine au Burkina Faso sont d’autant plus importants et posent des problèmes de santé publique ayant obligé le législateur burkinabè à légiférer sur la question. En effet, la loi N° 022-2005/An portant Code de l’hygiène publique au Burkina Faso dispose, par exemple à son article 22, que : «Toute piscine publique doit faire l’objet d’un double contrôle portant sur le fonctionnement des installations et sur la qualité des eaux. Les exploitants doivent prendre toutes les mesures utiles pour éviter les dangers d’ordre sanitaire et s’assurer que la qualité de l’eau de baignades est conforme à la règlementation en vigueur». L’article 26 de cette Loi renchérit en disposant que : «Les contrôles des piscines et des baignades sont effectués par les services compétents du ministère chargé de la santé. Au cas où ces contrôles révèlent qu’une piscine ou une baignade est contaminée, les bains y sont interdits et les mesures nécessaires sont prises pour éliminer la contamination. Les conditions et la périodicité des contrôles sont fixées par voie règlementaire».
Pour le Dr Ouédraogo, plus la fréquentation en nombre de personnes est importante- chaque personne apportant son lot de bactéries et de virus- plus le risque sanitaire augmentera. Cela de façon inquiétante, si les exploitants, face à la recherche effrénée de gains, foulent aux pieds les règles basiques en matière d’hygiène.
Aussi, il faut se poser la question de l’efficacité, voire l’existence, d’un contrôle périodique des services compétents comme la Loi l’exige. Ce contrôle nécessaire obligera une mise aux normes de l’eau en fonction du nombre de baigneurs. Pour les cas de piscines à ciel ouvert du reste les plus fréquents dans notre contexte, les produits visant à stabiliser l’eau devront être à une concentration suffisante.
Selon Saydou Cissé, technicien d’Etat en génie sanitaire et agent au Service de l’hygiène publique logé à la direction de la promotion de la santé, sa structure n’est pas en mesure de garantir le respect des normes physiques, chimiques et microbiologiques strictes auxquelles doit répondre l’eau des bassins de piscines. Les occasions sont souvent saisies quand le ministère du Tourisme associe leurs compétences à ses missions d’inspection pour s’enquérir des normes de qualité, de sécurité, d’hygiène et de salubrité dans les établissements hôteliers.
D’après le directeur général du tourisme, Samuel Garané, pour ce qui est de l’entretien, beaucoup d’exploitants de piscines auront de la peine à indiquer les cabines dans lesquelles les usagers devraient prendre une douche avant d’entrer dans le bassin. Souvent, on se retrouve dans des toilettes publiques de l’établissement. L’absence de ces équipements n’est pas normale.
De plus, il n’y pas un suivi au niveau du personnel, notamment le maître-nageur dont le rôle premier est de s’assurer que tous les individus qui ont accès à la piscine ont pris la douche préalable qui éviterait d’ouvrir la porte du bassin d’eau aux germes.
Christian KONE


Avoir une vigilance extrême

Au-delà de l’eau elle-même, explique le Dr Rakissida Alfred Ouédraogo, spécialiste en biologie médicale, ce sont probablement les sols du voisinage des piscines qui représentent le principal danger. Il ne faut cependant pas, selon lui, jeter l’eau du bain avec le bébé, devant cette litanie de risques égrenés plus haut.
Des piscines sérieuses existent. C’est aux populations d’avoir une vigilance extrême pour débusquer les marchands d’infections. La prévention est à la fois individuelle et collective. Il est conseillé de faire régulièrement un frottis cervico vaginal (Fcv) pour dépister précocement les effets précurseurs du cancer du col de l’utérus dont les Hpv 16 et 18 demeurent fortement cancérigènes.
Il est aussi recommandé de toujours se sécher parfaitement à la sortie de l’eau, d’utiliser son propre maillot et sa serviette personnelle, de disposer d’un linge propre et correctement nettoyé, d’éviter d’uriner où de se livrer à des actes sexuels dans les piscines pendant les «shows piscine» ou «les piscines mousse».

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