Pour le grand public, c’est l’insurrection au régime de Blaise Compaoré qui l’a révélée. Safiatou Lopez Zongo est considérée comme l’une des personnes qui ont mobilisé, puis organisé les jeunes pour prendre d’assaut l’Assemblée nationale. On la retrouvera plus tard dans le comité restreint chargé de la rédaction de la Charte de la transition comme porte-parole adjointe des Osc, avec le Professeur Luc Marius Ibriga dans le rôle de porte-parole. Mais Safiatou Lopez, c’est d’abord et avant tout une jeune femme d’affaires au dynamisme avéré. Elle est aujourd’hui la Pdg de Afrique construction, une entreprise établie au Burkina et en Côte d’Ivoire, spécialisée dans les travaux publics et les bâtiments depuis 12 ans. Son parcours est calqué sur son tempérament, celui d’une battante qui ne renonce pas facilement face à l’adversité. C’est auprès de son père qu’elle évolue dans l’entrepreneuriat. C’est en s’exerçant, entre autres, dans la société Sepsi au Bureau d’ingénieur-conseil Idossou (Bici), en passant par l’entreprise Tout azimut, la Société centrale des travaux publics au Burkina (Sctp/B) où elle travaille comme responsable administratif, et par l’entreprise Colas qu’elle a fait ses armes. Aujourd’hui, elle est citée parmi les prétendants à la présidence de la Chambre de commerce et d’industrie du Burkina, une maison qu’elle connaît plutôt bien. Membre de la Chambre de commerce, de la Maison de l’entreprise, du Patronat, Juge assesseur au Tribunal de travail du ressort du Tribunal de grande instance de Ouagadougou, elle était très proche de El hadj Oumarou Kanazoé, que certains prenaient pour son papa. Cependant, elle a eu maille à partir avec l’ancienne présidente, Alizèta Ouédraogo, dont elle dénonçait la mauvaise gestion. Son ambition à présent est de donner un nouveau souffle à la Chambre pour, dit-elle, «qu’elle cesse d’être un instrument au service d’une mafia». Selon le Cefor, 98% des entreprises qui naissent au Burkina font faillite avant leur 4e anniversaire. «Cela n’est pas une fierté pour notre pays», estime-t-elle. Pour stopper ces faillites, elle propose, entre autres mesures, la mise en place d’un fonds de garantie bancaire pour les nouvelles entreprises. Elle réclame également la fin des monopoles, le plus souvent de fait, qui contribuent à fausser le libre jeu de la concurrence. Safiatou Lopez veut assainir le milieu des affaires et dit ne pas craindre de s’attirer des inimitiés. «Le Gouvernement doit annuler les agréments de tous ceux qui importaient les matériaux comme le ciment hors taxe et hors douane, et qui les revendaient».
Bien au-delà des mots, Mme Lopez reste convaincue que l’économie burkinabè peut être plus compétitive, plus offensive, si davantage de place est faite à ses diplômés qui se lancent dans la création d’entreprises. Ses proches le disent, les intérêts de la Cci-BF seront bien défendus si elle est présidée par Mme Lopez. Pour preuve, l’énergie qu’elle met dans le cadre du Syndicat national des entreprises des bâtiments et des travaux publics (Snebtp). Lors de la dernière rencontre Gouvernement -Secteur privé à Bobo, c’est elle qui s’est adressée à l’assemblée au nom des «constructeurs». Safiatou Lopez a réclamé qu’enfin une lutte réelle soit menée contre la corruption, la concurrence déloyale. C’est cela qui résume aussi Mme Lopez, la femme qui s’indigne face à l’injustice.
FW et Y.O