La Banque mondiale a procédé à la revue du portefeuille de ses opérations au Burkina Faso le 12 mai dernier, à Ouagadougou. Les résultats ne sont pas très satisfaisants. Ils sont même «préoccupants» selon Ousmane Diagana, directeur des opérations de la Banque mondiale pour le Burkina Faso: «Si dans l’ensemble, il y a des résultats qui sont obtenus, nous constatons que malheureusement il y a des projets particuliers qui ne s’exécutent pas au rythme souhaité.
Et par conséquent, ils ne produisent pas les bénéfices que nous attendions. L’objectif de cette revue est donc une manière de mettre le doigt où ça fait mal afin de trouver des solutions durables, pour que tous les projets puissent contribuer efficacement à l’atteinte des objectifs de développement du Burkina Faso. Un faible taux d’exécution entraîne plusieurs conséquences dommageables. Il peut en résulter une baisse de ressources consommables de la Banque allouées au pays».
Le niveau des réalisations et des décaissements est en deçà des espérances et des attentes selon la Banque mondiale: «Le taux de décaissement global est estimé à 30,7% à la date du 30 avril 2015, alors que le ratio de décaissement est estimé à 14,2%. Un ratio largement en deçà de la cible de 22% fixée par la région Afrique de la Banque mondiale pour chaque pays». Paradoxalement, le Burkina Faso est l’un des pays qui a reçu des subventions et des aides significatives au titre de l’Association internationale de développement (Ida). Son allocation croît au cours ces deux derniers cycles, avec respectivement 400 milliards et 450 milliards. Le portefeuille actuel en termes d’engagement est de 657 milliards de FCFA, dont un appui budgétaire de 61 milliards. Il représente 39% du volume total du portefeuille régional, soit le premier pays en termes de volume devant la Côte d’Ivoire, le Bénin, la Guinée et le Togo. Il compte au total 22 projets et programmes dont 16 nationaux et 6 régionaux. Cependant, certains projets ont eu du mal à démarrer leurs activités sur le terrain. Ce sont les projets relatifs aux filets sociaux: l’emploi des jeunes et le développement des compétences ; le projet d’appui au développement du secteur minier, qui tirent les autres performances vers le bas.
A travers cette revue du portefeuille, le ministre Gustave Sanon espère tirer des solutions rapides pour un meilleur rendement: «Un pays confronté à tout point de vue à des défis de développement économique et social qui tient à l’accompagnement des partenaires techniques et financiers ne peut pas se payer le luxe de ne pas utiliser au mieux ces ressources pour atteindre les objectifs pour lesquels ces appuis ont été apportés. Il n’est pas normal que nous ne fassions pas des efforts pour décaisser les ressources afin de construire les infrastructures nécessaires en vue d’accroître le taux de scolarisation ou d’améliorer les conditions de vie des Burkinabè. S’il y a des montants disponibles, dont la mobilisation dépend des diligences internes, il faut qu’on puisse le faire.
Je souhaite qu’ensemble nous convenions des problèmes et que nous formulions des recommandations pour y remédier le plus rapidement possible. Cette réunion doit déboucher sur des recommandations opérationnelles et nous allons commencer son application rapidement, de manière à ce que d’ici la fin juin, les performances constatées, à défaut d’être doublées, soient beaucoup plus accrues».o
Germaine BIRBA
La Banque mondiale aux côtés du gouvernement de transition
La revue du portefeuille des opérations de la Banque mondiale est un exercice périodique dont le but est d’examiner, avec l’ensemble des parties prenantes, les progrès mais aussi les contraintes qui freinent les performances dont l’indicateur synthétique est le taux de décaissement. Elle permet de faire le bilan de l’état de mise en œuvre des projets et programmes de développement et de trouver des pistes de solutions pour une meilleure exécution des programmes et projets. La revue de cette année intervient dans un contexte sociopolitique délicat avec un gouvernement de transition qui a été soutenu par la Banque mondiale afin de poursuivre la mise en oeuvre des projets. Un accord de financement sous forme d’appui budgétaire général d’un montant de 61 milliards de FCFA a été signé le 15 avril dernier, ainsi que l’approbation de deux aides-projets que sont, «le projet sectoriel eau en milieu urbain» financé à 85 millions de dollars et le «projet accès et qualité de l’éducation» pour un montant total de 50 millions de dollars.
Chapelet de dysfonctionnements
Selon le rapport de la revue du portefeuille, les contraintes observées sont entre autres les retards dans l’entrée en vigueur des projets, les retards dans le déblocage de la contrepartie nationale, la non prise en compte de la contrepartie nationale lors des négociations, la non implication des personnes ayant participé aux négociations dans le démarrage des projets.
Le manque d’anticipation dans les processus de passation des marchés, la lenteur dans le travail des commissions d’attribution des marchés et la signature des marchés. Les défaillances techniques de certains prestataires et fournisseurs, l’insuffisance du suivi des chantiers exécutés par les entreprises, l’instabilité des personnels des projets.