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Après la déclaration des biens «Le délit d’apparence peut apparaître»

Au lendemain de la déclaration des biens des membres du Gouvernement, les commentaires vont bon train. Qu’en pense-t-on du côté du Réseau national de lutte anti-corruption (Ren-Lac) ? Son premier responsable que nous avons interrogé, Claude Wetta, a son avis là-dessus: «C’est déjà une bonne chose que cette première déclaration ait été faite. Non seulement elle a été faite, mais elle a également été publiée dans le journal officiel.

C’est déjà un acquis», a affirmé M. Wetta. Et d’ajouter: «Ce qui nous préoccupe dans ce genre de démarches, c’est de savoir ce qui a été déclaré. Lorsque l’on regarde de près les déclarations, ce n’est pas toujours évident. Par exemple, tout le monde n’a pas déclaré ce qu’il a sur son compte bancaire.
Il doit y avoir d’autres omissions. Mais, on ne peut pas tellement insister sur ces questions parce que ce n’est pas sûr que les membres du Gouvernement l’aient fait de mauvaise foi. Ce qui est important dans la déclaration des biens, ce n’est ni la déclaration au début ni celle à la fin d’exercice, mais l’écart qu’il y aura entre ces deux déclarations. Le Conseil constitutionnel est là pour vérifier les biens déclarés au départ et à l’arrivée».
Au niveau du Ren-Lac, on pense que ceux qui n’ont pas été sincères dans leurs déclarations se font du tort. Claude Wetta explique: «Ceux qui ne déclarent pas tous leurs biens se pénalisent eux-mêmes. Si, par exemple, vous ne déclarez pas que vous avez un véhicule et on se rend compte que vous avez deux véhicules à l’arrivée, vous allez devoir justifier». Malheureusement, regrette-t-il, «les délais sont tellement courts qu’on risque de ne pas détecter grand-chose. A la fin, on risque de ne rien découvrir». Sur les résultats engrangés depuis l’adoption de la loi anti-corruption, Claude Wetta estime que la déclaration des biens est déjà un acquis.
Et le secrétaire exécutif du Ren-Lac est on ne peut plus clair «Avec cette loi, on peut aller chercher des choses. Lorsque vous déclarez que vous avez eu tant de biens, on verra par exemple si vos 5 ou 10 ans de service vous permettent d’acquérir ces biens. Avec cette déclaration des biens, le délit d’apparence peut très bien apparaître».
Le retard dans la publication des biens des membres du Gouvernement est un bon signe selon Claude Wetta: «La loi anti-corruption a fait que les gens ont été prudents dans la déclaration de leurs biens. C’est déjà bon si les responsables ont un peu peur. Cet état de fait nous donne confiance pour l’avenir».
Alexandre Le Grand ROUAMBA


 

Appel à la dénonciation

Malgré cet espoir, le Ren-Lac s’est fendu d’un communiqué rendu public le 28 avril dernier, dans lequel les interrogations sont nombreuses: « Comment croire à leur sincérité, lorsque des déclarations sont simplement non datées? Ou alors, sommes-nous en train de vouloir ruser avec les lois de la République? A cette allure, le Gouvernement pourra-t-il réussir à restaurer l’autorité de l’Etat, quand il est donné au «citoyen lambda» de constater que certains de ses membres veulent s’adonner à ce jeu de ruse avec les lois de la République?». Le Ren-Lac prévient: «En tout état de cause, les esprits malins qui auraient fait de fausses déclarations devront répondre un jour devant le peuple. Il appartient aux citoyens d’exercer une veille et un contrôle citoyens afin que l’exigence de la transparence dans la vie publique et de la reddition de compte fortement exprimée par notre peuple prenne corps dans le quotidien des Burkinabè ». L’appel du secrétariat exécutif du Ren-Lac est explicite: « La loi anticorruption du 3 mars 2015 donne des opportunités pour combattre l’enrichissement illicite dans notre pays. En conséquence, tous ceux qui ont connaissance de biens de personnalités assujetties à l’obligation de déclaration, qui ne figureraient pas sur les listes publiées, ont le droit, si non le devoir, de les dénoncer.» Et il communique le contact du numéro vert du Ren-Lac, à savoir le 80 00 11 22.


 

Rapport d’activités 2014
Satisfecit au Ren-Lac

Le Ren-Lac a tenu une assemblée générale ordinaire le 30 avril dernier. A cette occasion, le rapport d’activités 2014 a été présenté. Aussi le budget 2016 a-t-il été projeté. L’assemblée générale a noté un fort taux de réalisation des activités (80%), de même que le taux d’absorption qui est aussi de 80%. Le Ren-Lac s’est honoré de ces résultats encourageants. Entre autres activités réalisées, il y a la question liée à l’impunité.
Le Ren-Lac a tenu des journées dites «Journées de refus de la corruption» au cours desquelles un accent a été mis sur le gel des avoirs de l’ancien régime. Cette activité, commencée en 2014, devra se poursuivre, selon le secrétaire exécutif du Ren-Lac, Claude Wetta. Avec le Gouvernement et l’Autorité supérieure de contrôle d’Etat (Asce), le Ren-Lac est en train de voir comment poursuivre cette activité liée au gel des avoirs des anciens dignitaires. Quels avoirs y a-t-il encore à geler, pourraient se demander certains.
Mais du côté de Ren-Lac, la démarche est porteuse : «A l’époque, lorsque nous publiions nos rapports sur les cas de corruption avérés non élucidés, on nous reprochait de publier chaque année le même rapport. Aujourd’hui, tout le monde court derrière ces rapports. C’est pour dire que lorsqu’on aborde des questions, c’est quelquefois pour prendre date. Cela permet parfois de faire un certain nombre de choses. Si les banquiers et un certain nombre de personnes collaborent, on peut engranger des choses, surtout qu’aux Nations unies, les gens sont prêts à aider les Etats à aller chercher ces avoirs. On ne désespère pas de pouvoir dénicher des choses».
A.L.G.


Les projets

Si le taux de réalisation des activités du Ren-Lac est satisfaisant, il n’en demeure pas moins que d’autres priorités sont à vider. Il y a, entre autres, la formation dans le domaine d’investigation. Le Ren-Lac y attache du prix, surtout que cette formation permettra de bien exécuter la loi anti-corruption. Les bailleurs de fonds sont preneurs de cette formation qui verra le jour. Le Ren-Lac voudrait également qu’à l’image du «syndicat des chefs d’Etat», il y ait la création d’un « syndicat régional de lutte anti-corruption». Une sorte de coalition pour barrer la route à la corruption. A ce sujet, les structures anti-corruption des différents pays se retrouveront en juin prochain pour formaliser cette coalition.o

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