Les représentants de l’ex-majorité ont mis en exécution leurs menaces de boycott des institutions de la Transition. Leur porte-parole, Juliette Bonkoungou, s’est expliqué à la sortie de la rencontre avec la Commission pour la réconciliation nationale et les réformes (Crnr), subordonnant ainsi toute participation à la relecture du Code électoral, qui exclurait certains de leurs leaders. C’est une arme de négociation, un moyen de pression, certes, qui, dans d’autres circonstances, aurait eu tout son poids. Le Cdp s’exclut de cette instance dont on sait pertinemment que l’essentiel de ses recommandations sera reversé au pouvoir issu des élections d’octobre prochain. C’est pour cela que son attitude paraît surprenante. Elle a décidé de lier le sort de certains de ces caciques à celui même du parti. Les militants apprécieront. Exercice délicat donc pour la Crnr, présidée par Mg Paul, qui se retrouve sans un des interlocuteurs importants. La fracture est plus politique qu’autre chose. Faut-il oui ou non relire la loi pour sauver la paix et la réconciliation et ramener l’ancienne majorité à la table ? C’est un cadeau que beaucoup ne sont pas prêts à leur faire. Le pays va droit dans un cul-de-sac, parce qu’on voit mal les députés de la Transition se dédire, même sous la pression, tant ils se voient investis d’un pouvoir populaire. Pour sûr, l’heure de la vraie réconciliation n’a pas encore sonné. D’un côté, les insurgés n’ont pas encore totalement matérialisé leur essai et de l’autre, l’ex-majorité, encore groggy, a du mal à admettre qu’après 27 ans de monopole et une telle sanction populaire, le purgatoire soit un passage obligé. La fracture est à ce niveau, et il appartient à la Crnr de trouver la parade. Seulement le temps presse .
Abdoulaye TAO
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