George McIsaac est un ingénieur et économiste minier à l’Université Queens de Toronto. Il est un consultant international et a longtemps travaillé en Chili. Il était à Ouagadougou dans le cadre d’une formation de journalistes sur le module «Mining 101» ou «Notions de base en exploitation minière», initiée par l’Institut canadien des mines, la mine Essakane et la Chambre des mines du Burkina le 2 avril 2015. L’Economiste du Faso lui a tendu son micro pour avoir plus d’informations sur le concept «Mining 101» et recueillir son avis sur les avantages et les inconvénients de l’exploitation minière au Burkina Faso.
– L’Economiste du Faso : Quels sont les avantages et les inconvénients de l’exploitation minière au Burkina Faso ?
George McIsaac, ingénieur et économiste minier : Le plus grand avantage du Burkina Faso est que l’exploration minière est assez nouvelle, donc les gisements que l’on peut découvrir vont être proches de la surface de la terre. Les roches sont aussi propices avec beaucoup de potentiels miniers. Ce qui signifie que dans les 10 ou 15 prochaines années, la probabilité de trouver plusieurs gisements et les mettre en production sera grande. Le désavantage cependant, c’est que le Burkina Faso n’ayant pas d’accès à la mer, le coût d’importation de tous les matériaux est aussi élevé.
En plus, le Burkina Faso ne génère pas assez d’électricité pour les mines. Donc celles-ci sont obligées de produire leur propre électricité, ce qui engendre plusieurs frais.
Le coût de la main d’œuvre est aussi élevé. L’activité minière est récente au Burkina Faso et en matière de main d’œuvre, le coup de la formation des jeunes est élevé. Si l’on compare le Burkina Faso avec un pays comme le Canada, on se rend compte que pour produire un tonne de minerai, on emploie 3 fois plus de personnel au Burkina Faso.
Je n’ai pas une idée de la politique minière du Burkina Faso, mais d’une manière générale la politique externe sert à attirer les investissements. Pour ce faire, le Gouvernement propose des conditions favorables aux sociétés minières sur le plan fiscal.
– Les compagnies minières sont confrontées actuellement à la baisse du cours de l’or. Selon vous, lorsque le prix de l’or baisse, quelle devrait être la réaction des sociétés minières?
Face à la baisse du prix de l’or ces dernières années, les compagnies minières doivent réagir en procédant à une baisse de leurs coûts de production pour garder leur marge productive. Cette marge se dégage lorsqu’on fait la différence entre les coûts de production et le prix d’or.
– Qu’est-ce que vous entendez par coûts de production ?
Les coûts de production comportent non seulement les coûts associés à la production pour l’année en cours, c’est-à-dire l’argent décaissé, mais aussi les coûts associés à la préparation de la production des prochaines années.
Au fur et à mesure que les prix de l’or baissent, les sociétés vont faire des coupes sur les coûts de production, justement pour garder la marge de profit.
Les coûts de production incluent le minage, l’usinage, les coûts administratifs, les coûts de maintien de l’année en cours et les coûts de la préparation de la production des prochaines années.
La production des prochaines années inclut l’exploration, la définition des nouveaux secteurs, l’obtention des permis, le développement de ces nouvelles zones. L’objectif est d’entamer la prochaine phase de l’exploitation lorsque la production actuelle sera terminée.
– Au cours de votre séjour, vous avez formé des journalistes au concept « Mine 101 ». Quel est le contenu de ce concept ?
Mine 101 est une base technique qui permet d’avoir une idée générale des techniques utilisées par une compagnie minière dans le but de faire de l’exploration, de mettre la mine en production, de faire l’usinage pour aller récupérer le minerai et extraire l’or de la roche.
Concrètement, Mine 101 décrit le schéma suivant:
Une fois que la société minière a établi ses lignes directrices en déterminant ce qu’elle veut exploiter exactement, combien d’argent elle compte dépenser, commence l’étape d’exploration où elle va rechercher les minerais dans les roches les plus propices. Si éventuellement elle réussit à trouver des minéraux, elle approfondit les études pour connaître la rentabilité économique des minéraux.
Le coût qui sera déterminé est le potentiel économique du gite. En ce moment, la société commence à construire le site minier, c’est-à-dire construire toute l’usine. Lorsque la mine sera prête, la société travaillera sur plusieurs années avec la quantité de minerais dont elle dispose.
Une exploitation minière peut durer 10, 20, voire 30 ans, selon le site. Si la ressource est épuisée et que l’exploration ne permet plus d’avoir de nouvelles ressources, alors la compagnie minière passe à l’étape de fermeture de la mine. A cette étape, elle remet tout le site minier dans un état le plus naturel possible.
– Au cours de votre présentation, vous avez relevé que les sociétés ont une chance sur 1.000 de trouver un gisement économiquement rentable. Qu’est-ce que cela veut dire ?
C’est une probabilité basée sur des statistiques générales et sur des observations sur plusieurs années. Les probabilités de trouver un gisement économiquement rentable sont de 1 sur 1.000. Une société minière peut développer plusieurs projets de recherches, mais 1 seul sur les 1.000 est économique rentable. Aussi, il y a environ une chance sur 10.000 pour une mine d’avoir 4 millions d’onces de ressources, environ 124 tonnes d’or ou plus.
Entretien réalisé par Joël BOUDA