Economie

Importation de sucre : Quiproquo sur l’autorisation de Kanis

Dans notre édition du 23 mars dernier, nous rendions compte d’un convoi de sucre composé d’une quarantaine de camions, bloqué par la gendarmerie. L’importateur est désormais connu, il s’agit de Kanis International. Un opérateur qui exerce dans plusieurs secteurs dont le riz et le ciment.

Si au départ, on évoquait une suspicion de fraude ou de doute sur la qualité, il semble qu’il n’en est rien. Le compte rendu du Conseil des ministres du 25 mars dernier a abordé la question, mais en des termes souples. Il a instruit le ministère du Commerce de «prendre des mesures conservatoires pour un assainissement du marché du sucre et pour une meilleure visibilité dans le suivi des autorisations spéciales d’importer».
Pour importer du sucre afin de combler le gap de la production nationale de la Sn-Sosuco qui est de 30.000 tonnes, les opérateurs ont besoin d’une autorisation spéciale du ministre, «appuyée par un avis de l’observatoire de lutte contre la fraude du sucre», pour couvrir la demande qui est de 120.000 tonnes.
Kanis détiendrait donc cette autorisation délivrée par le ministre du Commerce d’avant le gouvernement de la transition. D’après nos informations, il manquerait l’avis de l’observatoire, mais cela ne saurait être un véritable obstacle à l’importation, à moins que la décision du ministre ne soit fortement liée à l’avis de l’observatoire. La question, au moment nous bouclions cette édition, le 26 mars, devait être tranchée sous 48h.
Du côté de Kanis International, joint au téléphone, l’on regrette cet incident amplifié par la manifestation des travailleurs de la Sosuco. Ces derniers ont organisé une marche de protestation le 20 mars dernier contre l’importation du sucre parce que les magasins de la sucrière du Faso croulent sous des milliers de tonnes de sucre invendus. Le responsable de Kanis International estime que son entreprise respecte l’accord tripartite (ndlr : Sosuco, ministère du Commerce et les 10 importateurs).
Selon ses explications, de 2012 à 2014, il n’y a pas eu de problème car chacun des 10 importateurs, conformément à l’accord, enlevait sa quote-part, soit environ 3.000 tonnes chacun de la production nationale avant d’en importer. Le mécanisme se serait bloqué en 2015 où seul Kanis International, selon son premier responsabe, Inoussa kanazoé, a enlevé sa dotation auprès de la Sn-Sosuso. Les 9 autres n’ont pas respecté leur part du contrat.
La question est de savoir qui est chargé de la mise en œuvre de l’accord tripartite et surtout quelles sont les sanctions en cas de manquement. L’accord tripartite, s’il est respecté sur le papier, permet de régler entièrement la question de l’écoulement de la production locale, même si les importateurs estiment que le sucre de la Sn-Sosuco leur revient plus cher. En attendant de nouvelles dispositions, c’est ce système qui permetra de sauver l’Unité de Banfora, encore faut-il qu’il fonctionne bien.o
FW


L’administration remise en cause

Ce n’est pas la première fois que des travailleurs d’une entreprise battent le macadam afin d’attirer l’attention des autorités sur la menace que fait peser l’importation massive à des prix défiant toute concurrence sur la survie de leur outil de travail.
Dans un marché libéralisé, il s’agit de trouver la meilleure formule pour préserver le fragile tissu industriel. En obligeant les importateurs à enlever d’abord toute la production locale et à le commercialiser avant d’en importer, le problème semblait en partie résolu.
Mais si la Sn-Sosuco et ses travailleurs sont obligés de faire la police pour faire respecter un accord, on peut douter du sérieux de l’administration dans la mise en œuvre de mesures dont elle-même se porte garante.

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