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Concours d’innovation technologique: sur le chemin des start-up

L’intérêt des organismes publics et privés pour les jeunes acteurs des Tics se fait de plus en plus sentir ces dernières années. En 2015, deux concours sont organisés pour détecter de jeunes talents en vue de promouvoir les développeurs dans le domaine des technologies de l’information et de la communication.

Il s’agit du concours Airtel Apps Awards mis en route le 20 janvier pour identifier les talents et encourager le développement de contenus locaux, selon les responsables de l’opérateur de téléphonie mobile, qui souhaitent multiplier les occasions de saine émulation des mordus des Tic. Le ministère de l’Economie numérique a aussi lancé début février son Faso innova Tic dédié aux jeunes.
Les deux compétitions partagent des visions similaires. Pour la première, les propositions des candidats doivent fortement être influencées par les réalités locales et être des produits utiles au plus grand nombre d’utilisateurs. Faso innova Tic, tout comme Airtel Apps Awards, concentre son action sur cinq catégories importantes en lien avec les principales activités socio-économiques du Burkina: agriculture, santé, éducation, commerce et élevage.
Pour encourager les participants, des prix et des promesses d’accompagnement sont mis en jeu, soit 7 millions de F CFA à Faso innova Tic et 1 million pour Airtel Apps Awards. La prochaine étape de ces concours est éventuellement le soutien à la mise en place de sociétés informatiques de type start-up, car les deux organisateurs mettent l’auto-emploi au centre de leurs initiatives, convaincus que la valorisation des talents burkinabè peut être source de création d’emplois durables, le secteur des Tic étant très ouvert et en pleine expansion.
En attendant de frotter leurs talents à ceux des autres concurrents (les résultats des concours prévus le 30 avril pour Faso innova Tic et le 19 mai pour Airtel Apps Awards), les jeunes développeurs s’activent à peaufiner leurs applications.
Yasia Bamogo, superviseur de chantiers de construction dans une entreprise de la place, se considère comme un artiste des technologies, un autodidacte en informatique. En plus de son travail quotidien sur les chantiers, il a mis sur pied sa petite boîte dénommée Bnys link qui fera dans l’installation et la programmation.
photo_Faso-PharmacieIl est en lice pour le concours Airtel App Awards avec une application baptisée Bnys Bat qui pourrait intéresser les entrepreneurs en bâtiment, en ce qu’il permettra, selon Bamogo, d’amoindrir les difficultés de planning, de logistique et d’approvisionnement. Pour lui, ils pourront suivre l’état d’avancement de leurs chantiers grâce à Bnys Bat en étant loin des sites de construction, à condition que les personnes chargées d’introduire les données le fassent quotidiennement. Sa proposition sera légère et fonctionnelle sur mobile et ne nécessitera pas du haut débit de connexion à internet.
Drissa Barro, ingénieur informaticien basé à Bobo-Dioulasso, formé à l’Université polytechnique de la même ville, est employé comme développeur dans un centre d’alphabétisation. Il se consacre pendant ses temps libres à des projets personnels. Avec quatre confrères, il a créé et mis en production un logiciel de gestion automatisée de la scolarité dans les établissements.
Les fonctionnalités sont liées à la gestion des inscriptions, au suivi de la scolarité, ainsi que des frais, la saisie des notes de classes et la préparation des bulletins. C’est un logiciel flexible, adaptable aux différents types d’établissements.
Depuis le début de l’année scolaire, cinq établissements ont pris le logiciel et jusqu’à présent il n’y pas eu de problème, affirme-t-il. Son coup de gueule est contre le comportement des entreprises au Burkina qui, selon lui, tendent à aliéner les développeurs. «J’ai l’impression qu’on nous forme, mais on ne nous fait pas confiance. Les gens préfèrent importer les logiciels d’ailleurs et soumettre la configuration aux informaticiens que nous sommes. Un ingénieur, prévient-il, même passionné de développement, qui rentre dans un système où c’est juste de la configuration qu’on lui confie, perdra la main à un moment donné».
Christian KONE


Des exemples de réussite

Parmi les applications développées par des Burkinabè et des plus visibles, on cite Faso pharmacies et dernièrement Fespaco. La première, créée par Samuel Thiombiano, est en fonction depuis avril 2013. Elle permet de «retrouver toutes les pharmacies des principales villes du Burkina à toute heure du jour et de la nuit et ce, à partir d’un smartphone Android». Selon son promoteur, l’intérêt pour l’application ne faiblit pas puisqu’elle a été téléchargée sur Play store plus de 10.000 fois et les demandes de nouvelles fonctionnalités et d’intégration de plusieurs villes formulées par les utilisateurs sont en train d’être prises en charge par le développeur.

Quant à la seconde application expérimentée à l’occasion du Fespaco 2015, elle semble également avoir eu du succès. L’attrait et la popularité de l’événement auquel elle s’adosse y est pour quelque chose. Durant le festival, l’application développée par Youmani Jérôme Lankoandé (installé au Canada) a connu, selon lui, un pic avec environ 1.800 téléchargements.
Elle a permis à de nombreux festivaliers d’avoir toutes les informations utiles sur la biennale du cinéma : programmation des films, localisation des salles de projections, articles de presse, échanges et critiques sur réseaux sociaux. Elle reste active après la manifestation pour permettre à ceux qui sont intéressés de garder une veille sur le cinéma africain. Jérôme Lankoandé travaille à mettre à disposition les informations relatives aux sorties de Dvd, surtout celles des séries télévisées, recherchées aux Etats-Unis et au Canada d’après son constat, afin de donner la possibilité de les commander à travers l’application.
Son équipe négocie en ce moment les accords avec les auteurs des productions ciblées. Ils prévoient également proposer le visionnage gratuit, sur la version mobile de l’application, des films libres de droits et les documentaires gratuits dès leurs sorties. La plus grande ambition nourrie par les géniteurs de Fespaco est, selon Jérôme Lankoandé, d’établir la plus grande base de données numériques des films africains, de type AlloCiné en France, Internet Movie Database (IMDb) aux Etats Unis.

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