un gros pavé dans la mare de la réconciliation nationale. Un des illustres membres de cette commission, à peine installée, a rendu le tablier et de quelle manière. Une lettre motivée adressée au président de la Commission pour la Réconciliation nationale et des Réformes. Son argumentaire est sans appel. La Crnr est un mort-né parce que le Conseil constitutionnel l’aurait vidée de sa substance.
La plus haute juridiction du pays a fait retirer un alinéa lourd de conséquence aujourd’hui. La Crnr ne peut plus «se saisir et documenter toute affaire de crime de sang et de crime économique et auditionner toute personne à cet effet». Pour l’analyste politique, cette incapacité de la Commission ne permettra pas de faire éclater la vérité sur certains dossiers et sans vérité, point de justice. Si l’on suit le développement de l’ex-membre de la Crnr, il faudra supprimer cette Commission parce qu’elle ne répond plus ni à son objet ni à ses objectifs. Les regards sont tournés vers les membres de la Commission et vers le Gouvernement. De quelle vérité, justice ou réconciliation nationale veut-on ? Les objections soulevées ici sont assez importantes pour qu’elles ne fassent pas rapidement l’objet d’un éclairage de la part des autorités de la Transition. Quelle a été la motivation du Conseil constitutionnel dont le président vient d’ailleurs d’être remplacé pour biffer ce bout de phrase qui donnait tout son sens à l’exercice de catharsis tant attendu par le pays? Les grands juges ne voulaient probablement pas d’un tel «tribunal» qui concurrencerait les juridictions déjà établies et qui malheureusement, pendant 27 ans, n’ont pas pu s’émanciper d’un pouvoir exécutif repu de l’impunité des crimes économiques et de sang. Le peuple n’aura donc pas droit au grand déballage si l’on s’en tient au décret N°2015-175/Pres-Trans promulgant la loi organique N°003-2015/Cnt du 23 janvier 2015. Cela dit, on attend de voir cette Commission à l’œuvre pour la juger sur pièce. Comment va-t-elle organiser la reddition des comptes pour espérer une vraie réconciliation nationale. Le mauvais film de la Journée nationale du pardon est encore dans toutes les mémoires. L’on n’a plus droit à l’erreur.
Abdoulaye TAO
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