Tribune

L’égalité des sexes et l’avenir de la Terre

Amina J. Mohammed est Conseillère spéciale du Secrétaire général des Nations Unies et a été Sous-Secrétaire générale à la planification du développement post-2015 depuis 2012.
Amina J. Mohammed est Conseillère spéciale du Secrétaire général des Nations Unies et a été Sous-Secrétaire générale à la planification du développement post-2015 depuis 2012.
Christiana Figueres est Secrétaire générale de la Convention cadre des Nations Unies sur le changement climatique.
Christiana Figueres est Secrétaire générale de la Convention cadre des Nations Unies sur le changement climatique.
Mary Robinson, ancienne présidente de l’Irlande et Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, est présidente de la Fondation Mary Robinson et envoyée spéciale du Secrétaire général des Nations Unies sur le changement climatique.
Mary Robinson, ancienne présidente de l’Irlande et Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, est présidente de la Fondation Mary Robinson et envoyée spéciale du Secrétaire général des Nations Unies sur le changement climatique.

NEW YORK – Il y a vingt ans, l’adoption par 189 Gouvernements de la déclaration et du programme d’action de Pékin a marqué un tournant dans l’histoire des droits des femmes. Ce plan progressiste reste une puissante source d’inspiration dans l’effort pour réaliser l’égalité des chances pour les femmes et les filles.
Mais alors que de nombreux progrès ont été réalisés au cours des décennies suivantes, il reste encore beaucoup à faire pour garantir aux femmes et aux enfants une vie saine, une éducation et leur pleine intégration sociale. Dans seulement 42 pays les femmes détiennent plus de 30% des sièges au sein du corps législatif et les filles n’ont pas toujours les mêmes possibilités d’éducation que les garçons en Afrique sub-saharienne, en Océanie et en Asie occidentale.
L’égalité des sexes ne concerne pas seulement la préoccupation de la moitié de la population mondiale : il s’agit d’un des droits de l’homme, elle est un sujet de préoccupation pour nous tous, car aucune société ne peut se développer sur le plan économique, politique ou social, quand la moitié de sa population est marginalisée. Nul ne doit être laissé pour compte.
Cette année est une année d’action mondiale. Les Gouvernements vont adopter une nouvelle série d’Objectifs de développement durable, collaborer pour trouver un accord climatique significatif et élaborer un cadre en vue de fournir les ressources financières nécessaires pour offrir un programme de développement mondial durable. Les participants auront la prudence de se rappeler qu’un développement durable et inclusif ne peut se réaliser à moins que tous les droits humains, y compris l’égalité des sexes, soient protégés, respectés et exercés.
Toutes les trois, chacune venant d’un continent différent, nous sommes favorables à ces processus internationaux. Nous partageons une motivation commune pour notre travail : protéger notre planète pour nos enfants et nos petits-enfants et assurer le développement d’un monde où toutes les personnes (indépendamment de leur sexe, race, religion, âge, handicap ou orientation sexuelle) ont une chance égale de réaliser leurs aspirations.
Il est essentiel que nous continuions à impliquer activement les hommes et les garçons dans la lutte contre la discrimination et la violence sexuelles. Nous avons l’occasion d’assurer un meilleur avenir et d’élever une nouvelle génération de jeunes filles et de jeunes garçons qui se respectent les uns les autres et collaborent à la protection des droits de toutes les personnes.
Les conséquences de ne pas fournir aux jeunes filles des voix, des capacités de choix et des possibilités égales affectent non seulement leur vie, mais l’avenir de la planète. Les efforts visant à promouvoir le développement durable inclusif et à lutter contre le changement climatique sont inextricablement liés. Si nous nous sentons concernés par le développement, nous devons nous préoccuper des conséquences de nos émissions de nos gaz à effet de serre dans le monde entier. Et si nous ne prenons pas des mesures urgentes, nous allons endommager irrémédiablement les systèmes naturels dont la vie dépend.
Ce n’est pas une menace que nous pouvons mettre de côté avant d’avoir éradiqué la pauvreté dans le monde entier. Ce n’est pas non plus un problème que nous pouvons léguer aux générations futures. Sans intervention, le changement climatique (ainsi que d’autres modes non durables de développement) risque d’anéantir les avancées de ces dernières décennies. Tous les pays, développés et en développement, ont un rôle à jouer pour assurer un monde stable à nos enfants. Les femmes font partie des individus les plus vulnérables aux impacts des pratiques non durables et aux changements climatiques, souvent en raison de l’absence de revenus ou de droits fonciers indépendants. Dans de nombreux pays, les femmes sont responsables de l’approvisionnement en eau et en nourriture pour la famille. Et quand les sources habituelles de ces ressources sont perturbées, les femmes sont obligées de voyager plus loin et de passer plus de temps à travailler pour un rendement moindre. La pénurie les oblige à faire des choix difficiles, comme retirer les enfants de l’école ou décider de quel membre de la famille peut se permettre de sauter un repas.
Dans de nombreux foyers à travers le monde, les femmes sont au cœur du flux d’eau, de nourriture et d’énergie du ménage et à ce titre sont souvent exposées de première main aux défis et aux solutions possibles dans ces domaines. Dans nos conversations avec des femmes à travers le monde, nous entendons parler de leurs luttes, mais aussi de leurs idées, dont beaucoup, si elles étaient appliquées, pourraient faciliter le changement. Les femmes sont les porte-parole les plus convaincants pour les solutions dont elles ont besoin. Pour cette raison, elles doivent être à l’avant-garde de la prise de décisions sur le développement durable et sur l’atténuation du changement climatique. o

Copyright: Project Syndicate, 2015.
www.project-syndicate.org


Une année cruciale

Au cours des prochaines semaines, durant la 59e session de la Commission de la condition de la femme à New York, la communauté internationale fera le point sur les progrès accomplis dans la réalisation des engagements formulés il y a 20 ans à Pékin et évaluera dans quels domaines davantage d’efforts sont nécessaires.
Cette année sera cruciale. Avec la Conférence sur le financement de l’aide au développement en juillet, le Sommet extraordinaire sur les Objectifs du millénaire pour le développement en septembre et la Conférence des Nations-unies sur le changement climatique en décembre, nous avons la possibilité d’intégrer pleinement l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes dans l’effort pour promouvoir le développement durable et pour lutter contre le changement climatique.
Nous nous réveillons chaque matin toutes les trois en pensant à la façon de rendre cela possible. Tout le monde devrait en faire autant. Nous appelons toutes les femmes et tous les hommes à nous rejoindre pour se faire entendre haut et fort et pour saisir cette occasion pour un avenir juste et équitable pour tous. o

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