A «Bang-Pooré», quartier non-loti de Ouagadougou, les habitants bénéficient du courant produit par la Sonabel grâce au soutien d’un des leurs, propriétaire d’une entreprise de production d’eau. A l’aide de quelques mètres de fils, d’un interrupteur et d’une somme forfaitaire prépayée de 8.000 FCFA, on a l’électricité chez soi à usage réglementé.
Dans ce quartier non-loti de la périphérie de la ville de Ouagadougou, les habitants disposent d’électricité en continu.
La ligne 3 de la Sonabel (ndlr : ligne haute tension qui alimente Ouaga 2000) traverse ce quartier. M. Ilboudo, fondateur d’école, y a installé son entreprise de production d’eau. Pour ses «besoins personnels», il a demandé un compteur de 50 kW à la Sonabel. Quelque temps après, «le pasteur de l’église du quartier s’est associé à un fondateur d’école pour venir me demander l’électricité pour leurs besoins à caractère social», indique-t-il. Dans la même zone, il n’existe pas d’école ou de lycée public. Par contre, on y compte au moins 5 complexes scolaires. Après qu’il a donné l’électricité aux deux premiers demandeurs, les choses s’accélèrent : «Les autres fondateurs, des imams et des particuliers se sont coalisés pour venir me demander de les aider afin que les fidèles soient bien servis et que leurs enfants puissent étudier», ajoute M. Ilboudo. Il a fait appel alors à un électricien pour l’aider. Les bois, rebaptisés «poteaux électriques», et les câbles ont même été fournis par les demandeurs, affirme l’homme. Aujourd’hui, le nombre de clients «varie entre 70 et 80» en un an de fonctionnement.
L’utilisation des réfrigérateurs interdite
Techniquement, chaque demandeur doit être équipé de son câble, d’un interrupteur de 3 ampères, avant que le technicien ne passe pour faire le branchement. «A partir de 3 ampoules, deux prises, une télévision et un ventilateur, le client paie 8.000 FCFA par mois. Si le client ne dispose pas de tels appareils, il paie 6.000 FCFA», explique-t-il. Pour éviter les impayés, « les clients paient avant consommation. Après le 10 du mois en cours, les clients qui ne sont pas en règle sont suspendus», précise M. Ilboudo.
Par ailleurs, l’utilisation des réfrigérateurs est interdite. Selon lui, il existe moins de délestage dans la zone et même s’il arrive qu’il y ait délestage, «j’ai installé un groupe électrogène de 50 KVA qui assure le relais automatique». Selon le pasteur, Françis Sia, «c’est une initiative louable. Nos fidèles, les élèves, les habitants se sentent tous à l’aise depuis qu’ils ont eu l’électricité». Pour lui, «les autorités auraient dû faire ce qu’il (ndrl : M. Ilboudo) a fait, parce il y a beaucoup de monde dans ce quartier avec des milliers d’élèves qui ont besoin de l’électricité pour bosser».
OS
Etre rétabli dans la légalité ou rester en l’état
Le fondateur du complexe «Bass-Yiiré», Joseph Compaoré, tout comme le pasteur, souligne son soulagement depuis qu’il a eu l’électricité. «Avant, pour faire de simples photocopies, nous étions obligés d’aller en ville. Aujourd’hui, nous les faisons sur place, les enfants aussi en profitent pour réviser leurs leçons», se satisfait-il. Même si L.O, un usager, reconnaît que les tarifs sont «sans base objective» et un «peu chers», il assure qu’il «ne se sent pas dans un non-loti». Bien que tous reconnaissent le caractère illégal de cette opération, ils espèrent «être rétablis dans la légalité sans interruption ou rester en l’état». Selon eux, ils n’ont jamais eu d’incident avec le propriétaire. De son côté, M. Ilboudo dit avoir ajouté de fortes sommes quelquefois pour régler les factures de la Sonabel du fait des retards de paiement de certains clients. Néanmoins, il dit être en règle vis-à-vis de la nationale d’électricité jusqu’à ce jour.
En somme, c’est une activité illégale, mais dont le caractère social est indéniable au regard de la qualité et du nombre élevé des utilisateurs.o