Les travaux du barrage de Wobzougou, dans la commune rurale de Komki-Ipala, avancent difficilement. Les travaux de l’infrastructure ont démarré le 6 décembre 2013 avec un délai contractuel de 6 mois. Sa réception était donc prévue pour juin 2014. Mais 14 mois après, précisément à la date du 17 février 2015, le taux d’exécution était de 75%.
Mais qu’est-ce qui se passe sur ce chantier ? Pour mieux comprendre cette situation qui inquiète plus d’un, une délégation du Conseil régional du Centre (Crc), avec à sa tête Joachim Somda, président dudit Conseil et par ailleurs gouverneur du Centre, s’est rendue sur le chantier le 18 février dernier.
Un tour des lieux permet de s’imprégner de l’état d’avancement de l’ouvrage : pour un barrage d’une capacité de retenue d’eau de 600.000 m³, c’est la léthargie au niveau des travaux. Environ 1% d’avancement par mois selon le bureau de contrôle Emergence ingénierie. Au nombre des réalisations en attente figurent le traitement du marigot; la brèche en rive droite et limnométrique; les digues de protection; la piste et le radier en aval du réservoir.
Interrogé sur les raisons de ce retard, le contrôleur Komlan Hoffer, ingénieur en génie rural, pointe du doigt le laxisme de l’entreprise exécutante. Visiblement, le contrôle et l’exécution sont en désaccord sur la question. «Nous avons constaté qu’il y a un manque de moyens humains et matériels sur le chantier. Ce que l’entreprise avait proposé dans son offre n’est pas ce qui est fait sur le terrain. Actuellement, le taux d’avancement est de 1% par mois et si l’entreprise continue dans ce sens, elle a 25 mois pour livrer le barrage», signifie l’ingénieur. A cela, il faut ajouter les pannes fréquentes des engins dont certains étaient immobilisés lors du passage de la délégation.
Mais pour le directeur du groupement d’entreprises Gtb/Etps, Charles Belemviré, plusieurs raisons justifient ce retard. Selon ce dernier, les réalités du terrain ont été un facteur déterminant dans le retard accusé par son entreprise. L’entrepreneur estime avoir effectué une charge importante de travail qui n’était pas prévue dans le contrat, «et comme cela n’est pas comptabilisé dans les délais et dans l’enveloppe, donc cela nous a pénalisés», justifie le directeur qui se défend que «le chantier était à un rythme normal ; mais avant les évènements (des 30 et 31 octobre derniers), nous avons demandé un règlement qui a traîné pour des raisons que j’ignore. Et lorsque les évènements sont survenus, le délai s’est accentué».
Mais l’entrepreneur sera vite rappelé sur les faits par le président du Conseil. «Le Conseil ne vous doit rien», réplique Joachim Somda.
A la suite du gouverneur, c’est au Conseil villageois de développement (Cvd) de s’indigner au retard des travaux à l’approche de la saison pluvieuse. En effet, pour ce marché de 401.162.028 FCFA Ttc, l’entrepreneur est rentré dans l’entièreté de ses fonds pour l’exécution du chantier. Le bureau de contrôle Emergence ingénierie a, quant à lui, reçu la somme de 28.851.000 FCFA.
Suite à cette interpellation, Charles Belemviré se résigne à négocier une faveur pour la fin des travaux. Après une rencontre entre les différentes parties, un délai de 2 mois est accordé à l’entreprise qui devra livrer l’infrastructure le 17 avril 2015. Qu’à cela ne tienne, Joachim Somda a pris l’engagement d’effectuer une autre visite sur le chantier le 18 mars pour s’assurer de l’évolution des travaux. En cas de non-respect des engagements, l’entreprise devra faire face à la procédure judiciaire en la matière.
CD
Un barrage pour le développement de la région
C’est le Conseil régional du Centre qui a en charge la surveillance des travaux du barrage de Wobzougou. Dans l’axe 3 de la Stratégie de développement rural (Sdr) qui relève du rapport de performance 2013 de la Scaad, publié en 2014, il ressort que ce barrage entre dans le cadre du développement des infrastructures de soutien de la région du Centre. Son objectif, favoriser une croissance soutenue de l’économie régionale et la porter à un haut niveau de compétitivité et de croissance. Dans le rapport, le coût prévisionnel des travaux s’élevait à 430.013.028 F CFA avec un montant engagé visé de 126.118.808 FCFA. Le taux d’exécution financière était quant à lui de 29,32%. o