Le futur du Burkina, selon les premiers responsables de l’exécutif, est envisagé à travers le processus d’élaboration du deuxième cycle de la Stratégie de croissance accélérée et de développement durable (Scadd). Les services techniques travaillent depuis quelques mois à l’élaboration d’un cadre d’orientation de développement économique et social sur la période 2016-2020.
L’existence d’un tel cadre sur le moyen terme favorise l’alignement des partenaires techniques et financiers sur nos priorités nationales en matière de développement, d’après le président du Comité national de pilotage de la Scadd, le chef du gouvernement de transition, Isaac Zida.
La session extraordinaire de cette cellule tenue le 3 février 2015 à Ouagadougou a été l’occasion de rappeler la nécessité d’accélérer les démarches qui permettront d’éviter une rupture qui pourrait être préjudiciable aux effets et impacts attendus en termes de développement économique et social.
Surtout dans un contexte de résultats mitigés du premier cycle de la Scadd. Sur les premières années de mise en œuvre, entre 2011-2013, six mesures de performance sur dix consignées dans la matrice de performance sont atteintes. 58, 7% des indicateurs ont été atteints en moyenne, un niveau bas, d’après les évaluateurs.
En termes d’efficience, l’évaluation précise que le financement de la stratégie est essentiellement assuré par le budget national (45, 54%), ainsi que la prise en charge de la hausse des dépenses sur les ressources propres de l’Etat.
Il faut souligner que le niveau de mobilisation des ressources financières est relativement bas (29,06%). Moins du tiers du montant annoncé à la Conférence de Paris a pu être mobilisé en 2013. Les rapporteurs précisent que les partenaires techniques et financiers n’ont pas pu concrétiser leurs annonces en la matière pour des raisons multiples, mais marquent toujours leur adhésion au référentiel de développement conçu de manière participative par les acteurs burkinabè.
Selon le regroupement des bureaux d’études (Essor, Sud Conseil et Ecorys) qui a réalisé l’évaluation d’impact de la Scadd, le taux de mise en œuvre des mesures de l’axe 1, relatif au développement des piliers de la croissance accélérée, a baissé sur toute la période, en passant de 64,3% en 2011 à 35,7% en 2013.
Aussi ont-ils fait la recommandation pour une plus grande implication du secteur privé dans ce modèle de croissance qui va avec la promotion des niches et des grappes d’entreprises et le développement des filières de production. Franck Tapsoba, directeur de la Chambre de commerce et d’industrie, confirme que le pôle pilote lancé Bagré en 2012 connaît un véritable engouement du privé national et international qui a sollicité des parcelles et a commencé à les mettre valeur, de sorte à pouvoir accroître la production agricole.
Le secteur privé, semble-t-il, attend avec impatience l’opérationnalisation des autres sites, à savoir l’agropole de Samendeni dont le barrage est presque prêt et le pôle du Sahel, pour investir davantage afin de contribuer à la mise en œuvre objectifs de la Scadd.
Une meilleure implication des acteurs des collectivités territoriales, parties prenantes au dialogue sur la Scadd, dans la mise en œuvre de la stratégie est souhaitée. «Cela peut passer par la prise en compte des plans locaux de développement, parce que nous pensons que le niveau local est certainement le lieu où l’on traduit de manière concrète les préoccupations des populations. Lorsque les problèmes sont résolus à ce niveau, cela permet de passer à d’autres échelons et d’aboutir à des résultats plus conséquents. Cela passe aussi par le transfert effectif des compétences. Mais les ressources financières et humaines qui accompagnent ce transfert ne sont pas encore acquises», affirme Augustin Sinaré, l’un des représentants des collectivités territoriales. L’autre aspect de la réussite des objectifs de la Scadd réside dans la durabilité des résultats au cours des prochaines années. Elle nécessite un bon niveau d’appropriation, notamment du deuxième cycle qui s’annonce, de sorte à donner une bonne compréhension aux populations sur ce qu’est la stratégie. La mise en œuvre étant participative, elle ne saurait se limiter aux élites.
Dans cette démarche, la société civile est sollicitée dans la mobilisation des populations autour des documents pour que les objectifs à réaliser soient préalablement bien compris par les bénéficiaires et que ceux-ci adhèrent fortement à ce document de référence pour la mise en œuvre des politiques publiques de développement, assure Jonas Hien, représentant la société civile.
Aujourd’hui, le ministère de l’Economie et des finances travaille à trouver des solutions à la dépendance financière pour mettre en route des projets et programmes. Pour Jean Gustave Sanon, «il y a un certain nombre de contraintes qui font que nos ambitions sont à la baisse. Dans un tel contexte de transition, il est de notre devoir d’élaborer une deuxième phase qui pourrait amener à réaliser des performances meilleures et pourquoi pas, renouer dès 2016 avec des taux de croissance forts, comme ce fut le cas par le passé, pour progresser vers un taux à deux chiffres, de manière à ce que l’on puisse combattre efficacement la pauvreté».
Les indicateurs de logement et de l’accès aux services sociaux de base
Le deuxième cycle de la Scadd s’enrichira de données statistiques sur les conditions de vie des ménages, indispensables à une bonne évaluation et une projection de ses actions. L’enquête multisectorielle continue présentée comme dispositif de collecte et de traitement de données statistiques est mise en place en vue d’alimenter les indicateurs pour le suivi et l’évaluation de la Scadd et des objectifs du millénaire pour le développement. Les résultats provisoires concernant l’année 2014 donnent les informations suivantes :
– le taux d’accès des ménages à l’électricité au niveau national est estimé en 2014 à 24,4%, avec au niveau urbain et rural respectivement de 62,6% et 9,3%,
– la proportion de ménages utilisant des matériaux définitifs pour la construction au niveau national en 2014 est estimée à 23%, avec au niveau urbain et rural respectivement de 60,5% et 8,1%,
– le pourcentage de ménages n’ayant pas accès à l’eau potable au niveau national en 2009 était de 34,8% contre 23,7% en 2014, soit une amélioration de 11,1%,
– le taux d’accès des ménages à l’assainissement amélioré au niveau national est estimé en 2014 à 11,5% avec au niveau urbain et rural respectivement de 26% et 5,7%,
– la proportion de citadins vivant dans les taudis au niveau national en 2014 est estimée à 79,4% dont 79,9 hommes contre 76,5% de femmes.
Source : Institut national de la statistique et de démographie (Insd).Joël BOUDA