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Gaz: l’ouverture de l’emplissage aux privés est un grand pas

Le 5 février dernier, le ministère de l’Industrie, du commerce et de l’artisanat (Mica) a annoncé un certain nombre de mesures dans le secteur du gaz.
Il s’agit notamment de l’ouverture de l’emplissage aux privés qui le souhaitent. Sodigaz, un des principaux distributeurs de gaz, est intéressée par un tel projet. Fabrice Naré, responsable de la communication, nous en explique les raisons.

– L’Economiste du Faso : Le Burkina a été confronté à des difficultés avec le gaz, s’agissait-il d’une pénurie ou tout simplement la situation était due à la spéculation ?
Fabrice Naré, responsable de la communication Sodigaz : Il s’agit bel et bien d’une pénurie dont l’une des principales causes est la spéculation. Vous savez que lorsqu’un produit manque sur le marché, cela donne lieu à de la surenchère. Il y a naturellement, depuis plusieurs années, des périodes de forte demande : mois de froid et d’hivernage, puis le mois de carême. A ces périodes, le rythme d’emplissage n’arrive pas à suivre la demande. C’est ce qui justifie la pénurie.

– Parmi les mesures annoncées par le Gouvernement, il y a l’ouverture de l’emplissage et de l’importation aux privés. C’est une bonne solution ?
Tout d’abord, vous m’informez de l’ouverture de l’importation. A notre connaissance, il est juste question de l’emplissage pour l’heure. Et l’emplissage par les privés devra certainement permettre d’accroître l’offre. Il s’agit d’un pas important dans l’évolution du secteur.

– Sodigaz est intéressée par l’emplissage, apparemment vous êtes avancés sur le dossier. De quoi s’agit –il concrètement ?
Sodigaz, au-delà de l’emplissage, a toujours marqué sa disponibilité pour toutes les initiatives visant à développer le secteur du gaz au Burkina Faso. Il en découle que, depuis plusieurs années, nous étions favorables et volontaires pour la réalisation d’investissements pour l’accroissement de l’offre en gaz butane.
Aussi, nous avons introduit notre demande pour le centre emplisseur et nous attendons l’accord officiel, même si l’accord de principe est acquis. Il s’agira au départ d’un centre d’appoint de 50 tonnes comme capacité journalière en sus de la production de la Sonabhy au prochain pic de juin. Nous pourrons par la suite accroître les installations et les capacités progressivement, si nécessaire. Au départ, on aura plusieurs dizaines d’emplois directs et un investissement de départ de plusieurs centaines de millions. Ces données sont encore provisoires et sont fonction de plusieurs facteurs à venir.

– Pensez-vous pouvoir être dans les délais au mois d’avril ? Les délais ont-ils été négociés ou imposés ?
Une fois de plus, je vous rappelle que nous n’avons que l’accord de principe, mais pas encore l’accord officiel. Le souhait ou l’idéal c’est que ce centre d’appoint soit disponible pour le prochain pic de consommation, juin. Nous anticipons à notre niveau sur de nombreux aspects et nous sommes prêts à relever le défi.

– On ne voit pas clairement ce que votre société gagne dans un tel investissement.
L’emplissage en effet ne présente aucun intérêt immédiat ; il s’agit de lourds investissements qui s’amortissent très lentement et sur une très longue durée. Mais, nous avons fait le choix de cet investissement eu égard à la situation qui impose que l’on trouve des solutions. Notre position nous l’impose aussi, quand on considère toutes les attaques que nous subissons en période de pénurie.

Suite aux concertations, le ministère demande précisément à Sodigaz un traitement équitable des revendeurs, allusion faite au Cac. Quel est le problème exactement ?
Il s’agit d’une stratégie commerciale et d’entreprise face à la concurrence, notamment en période de pénurie, qui est critiquée. Chaque société a sa stratégie pour s’installer sur un marché et développer et/ou préserver ses parts. Notre approche en période de pénurie vise à protéger nos consommateurs de la spéculation et de l’errance pour trouver le gaz ; aussi, nous avons les Cac ou Boutiques témoins qui sont très connues où les consommateurs peuvent trouver le gaz au prix légal. Nous ne jugeons pas utiles d’installer une polémique car le fond du problème demeure la disponibilité du gaz. Lorsque l’offre est suffisante, aucun point de vente ne manque de gaz. Aucune entreprise commerciale ne peut refuser d’avoir des clients ou de vendre plus quand l’opportunité se présente…

– Le ministère du Commerce demande également aux marketeurs de réorganiser leurs réseaux de distribution, y a-t-il des directives précises dans ce sens ?
A notre connaissance, et pour ce qui nous concerne, la réorganisation a trait à l’obligation d’appliquer le système de la livraison directe et le traitement équitable de tous les revendeurs. Nous avons indiqué par courrier les conditions nécessaires à l’application de ces mesures, les délais nécessaires et leurs incidences.
FW

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