Une seconde fois, dans la courte vie du programme de la Transition, le Régiment de sécurité présidentielle (Rsp) fait parler de lui. Le Conseil des ministres du 4 février n’a pas eu lieu. Les commandos en voulaient encore au Premier ministre. Il n’aurait pas tenu des promesses faites sous la pression le 30 décembre 2014, notamment l’annulation des affectations de certains chefs militaires de ce corps. Au forceps, ils ont obtenu gain de cause.
Notre Premier ministre doit donc son maintien à son poste à ce rétropédalage digne d’une république bananière. Ce second incident n’honore ni le Premier ministre, ni le Rsp et ses mains invisibles qui tirent les ficelles dans l’ombre de leur caserne.
Le Rsp vient de mettre à mort l’autorité du colonel Zida. Si tel était l’objectif : montrer qu’il ne pèse pas lourd sans le régiment, la mission a été donc proprement accomplie. Il ne reste plus qu’à attendre sa démission et le tour est joué. Il faudra beaucoup de cran au colonel Zida, un sens élevé de ses responsabilités dans la conduite de la transition et du don de soi pour tenir encore.
L’homme a trouvé un compromis. Il gagne du temps, le Rsp aussi.
Zida, selon toute vraisemblance, devait protéger ses frères d’armes d’une dissolution qui menace leur corps depuis les conclusions du dernier rapport du Collège des sages.
Ce qu’ils refusent, c’est que le coup fatal vienne d’un des leurs. Mais plus que jamais, le Rsp n’est-il pas en train de montrer qu’il a du mal à intégrer la république ? Le Rsp a beau être une force spéciale, est-il au-dessus de l’autorité du ministre de la Défense, du Premier ministre ou du président du Faso ?
Le voilà aujourd’hui voué aux gémonies parce que trop sûr de sa force de frappe, il refuse de faire profil bas. Ce n’est pas du tout rassurant, ni pour la transition, ni pour ceux qui prendront le relais après la transition. Trop de gens avancent masqués dans cette transition. Le peuple, lui, compte pour du beurre dans cette confrontation.
Au demeurant, Zida, malgré ses erreurs et l’humiliation subie, gagne paradoxalement la sympathie du public. Ce qui n’est plus le cas pour le Rsp. Ses revendications ont beau être fondées, il s’est tiré définitivement une balle dans le pied en se mettant l’opinion à dos pour avoir malmené ainsi une autorité de la république. o
Abdoulaye TAO