Pour la première fois, le groupe terroriste Boko Haram a visé le Niger. L’attaque a ciblé deux villes à la frontière avec le Nigeria. Selon le bilan officiel communiqué par le ministre nigérien de la Défense, 109 islamistes, quatre militaires et un civil ont été tués. Deux personnes sont également portées disparues, et dix-sept autres ont été blessées.
«En ce moment, le calme est revenu dans les deux localités. La situation est sous contrôle», a précisé le ministre nigérien, le 7 février dernier, ajoutant que des «opérations de ratissage» étaient «en cours».
Cette offensive intervient alors que le Parlement du Niger devrait approuver, le 9 février, un engagement de ses troupes au Nigeria pour combattre Boko Haram, aux côtés du Cameroun, engagé depuis plusieurs mois dans sa région de l’Extrême-nord infiltrée par les insurgés, et du Tchad, mobilisé depuis deux semaines. En décembre, le gouvernement nigérien avait annoncé «la plus grande opération militaire jamais montée au Niger» dans la zone de Diffa. D’après le gouverneur de Diffa, «près de 3.000» soldats nigériens sont positionnés dans le cadre de cette opération. Les forces sont présentes «tous les 10 ou 15 km le long de la frontière avec le Nigeria».
Voilà six ans que l’organisation terroriste, dirigée par Abubakar Shakau, a lancé son djihad en plein cœur de l’Afrique. Six ans que Boko Haram profite de sa position géographique (le «califat» proclamé par ses dirigeants s’étend de la partie nord-est du Nigeria à la frontière avec le Tchad et le Cameroun). Après chaque opération au Nigeria ou au Cameroun, il suffit donc aux djihadistes de passer d’un pays à l’autre pour échapper aux représailles. De quoi nuire à la stabilité politique de la région. Le Tchad a par exemple besoin des débouchés maritimes du Cameroun pour faire du commerce, et les exemples d’interdépendance sont nombreux. Eliminer Boko Haram est donc une condition sine qua non du développement du pays. C’est la raison pour laquelle les armées des Etats frontaliers se sont mobilisées pour lutter contre cette menace régionale. L’armée tchadienne, la plus puissante de la région, a été la première à lancer le mouvement en janvier dernier. Aujourd’hui, les armées de cinq pays sont unies pour lutter contre un ennemi commun, et 8.700 soldats, soit 1.200 de plus que le contingent initialement prévu, vont combattre Boko Haram. Le signe d’une volonté ferme de ces pays voisins de se débarrasser d’une menace sans cesse grandissante.
NK
Vaincre Boko Haram, le défi de la présidentielle au Nigeria
L’élection présidentielle nigériane a été repoussée au 28 mars. Le chef de l’Etat, Goodluck Jonathan, espère profiter de ce report pour redorer son blason en écrasant Boko Haram. Et remporter le scrutin. La popularité du président Goodluck Jonathan a été mise à mal par les exactions commises par ce groupe terroriste. Les populations du Nord-Est du Nigeria, majoritairement musulmanes, se sentent délaissées par le chef de l’Etat, chrétien. A tel point qu’il aborde l’élection présidentielle, initialement prévue le 14 février prochain, en position défavorable face à son principal rival, le musulman Muhhamadu Buhari. C’est pourquoi le report du scrutin au 28 mars prochain décidé par la commission électorale arrive à point nommé pour Goodluck Jonathan. Si d’ici là, il arrive à vaincre Boko Haram, cela pourrait changer les choses.o