A la veille de la 30e Coupe d’Afrique des Nations (Can) 2015, Kassoum Ouédraogo dit Zico, ancien international de son état, confiait à L’Economiste du Faso : «Les Etalons savent qu’ils sont plus attendus qu’en 2013. Nous en voulons plus. Nous sommes vice-champions et il faut honorer ce rang. Nous sommes à notre 3e Can d’affilée avec ce même groupe, avec ces mêmes joueurs. S’ils reviennent avant le second tour, ce sera une grande déception pour la nation». Au moment où on nourrissait ces espoirs au Faso, l’entraîneur Paul Put déclarait avant l’entrée en scène de son équipe à cette Can que la finale jouée par ses poulains en 2013 relevait d’un miracle.
Le message était clair : si cette année le même miracle ne se produisait pas, il n’y aura pas de finale. Il y a eu pire : élimination au premier tour avec 2 défaites et un match nul, avec en prime la place de dernier sur les 16 équipes. La déception est grande. Mais que pouvaient les Etalons à cette Can ?
Devant les exigences aux allures de revendications des Etalons auxquelles les autorités ont accédé pour espérer un meilleur résultat, Paul Put et les siens n’avaient d’autre devoir que de mieux défendre les couleurs nationales.
Mais hélas ! Deux fois hélas ! Déjà face au Gabon que le Burkina rencontrait pour la 3e fois (2 fois lors des éliminatoires), le onze national subit le diktat des «Panthères» (0-2). La désillusion était grande. Lors de leur deuxième sortie contre la Guinée Equatoriale, la démission semblait de mise. Des joueurs esseulés, une équipe sans âme et sans ressources. Face à cela, le coaching ahurissant d’un entraîneur incapable de redresser la situation en utilisant son banc de touche sauf quand Jonathan Pitroipa, de son propre gré, a demandé à sortir parce que touché à l’épaule depuis le premier match. Les remplacements, Put ne sait pas les faire. Même quand son capitaine Charles Kaboré passait à côté de son match! Même quand Alain Traoré et Mohamed Koffi étaient transparents. Même quand Moussa Yédan, Adama Guira et autre Issaka Ouédraogo piaffaient d’impatience de prouver leur capacité ! Même quand….la Guinée Equatoriale faisait le travail pour le Burkina en battant le Gabon au 3e match pour n’espérer qu’une courte victoire pour les Etalons. Pour l’une des rares fois, Paul Put a épuisé ses trois remplacements : Bertrand Traoré, Issaka Ouédraogo et Aristide Bancé. Et le résultat est là : Issaka, pour son premier match, centre le ballon de but pour Bancé avant que le portier burkinabè, Germain Sanou, ne sacrifie son équipe par cette sortie digne d’un gardien amateur qui donnait la balle de victoire au Congo. La Côte d’Ivoire, pour se qualifier, a donné l’exemple que «même quand un capitaine comme le ballon d’or, Yaya Touré, ne donne pas, on peut le remplacer pour obtenir la victoire !» Avec les Etalons, cela semble être un crime, surtout quand un entraîneur craint certains de ses joueurs !
Si l’entraineur avoue ne pas «savoir ce qui ne va pa », la Caf a semblé jouer à la provocatrice en alignant l’arbitre ghanéen Lamptey sur le dernier match qualificatif des Etalons. Ce même arbitre qui avait sifflé le match aller des éliminatoires Gabon-Burkina et avait complètement montré son parti pris, qui avait amené la fédération burkinabè de football à protester auprès de la Caf par écrit.
L’instance du football africain n’en a cure : elle reconduit ce même arbitre qui ne pouvait que donner un but hors-jeu au Congo (le 1er). Que pouvaient les Etalons ? Que pouvaient-ils si eux-mêmes n’affichent pas la forme ?
Quels résultats le Burkina devrait-il attendre si les 265 Burkinabè qui étaient Bata n’avaient pas tous l’objectif de la victoire ?
Une situation qui rappelle la triste ambiance de la Can 2002 au Mali. Pendant que les uns luttaient pour assurer le succès, d’autres ne dormaient pas pour assurer la défaite.
Rebâtir un onze national
Cette Can est à oublier. Il faut préparer l’avenir. Pour cela, la fédération de football se doit de prendre certaines décisions fortes. Rebâtir une nouvelle équipe. Des joueurs ont montré leurs limites objectives sur le terrain et dans les vestiaires.
L’entourage du onze nationale doit être assaini également.
Les Burkinabè doivent se ressouder à reconstruire une équipe compétitive. Malgré cela, il serait ingrat de vite oublier le bonheur que cette génération a procuré au peuple burkinabè en 2013, même si cela «relevait d’un miracle» !.Alexandre Le Grand ROUAMBA