Après la promulgation du budget de l’Etat, gestion 2015, par le chef de l’Etat le 12 janvier dernier, le ministère de l’Economie et des finances a entamé une campagne de communication sur la loi de finances pour son exécution. Les rencontres initiées ont concerné au premier chef les secrétaires généraux, les directeurs des affaires financières, les directeurs des marchés publics et les directeurs des ressources humaines des ministères et institutions étatiques, puis les Partenaires techniques et financiers (Ptf) et les Organisations de la société civile (Osc).Il a été question, dans le premier cas, d’immerger ces acteurs de la chaîne de la dépense dans l’esprit de ladite loi afin d’assurer une gestion saine et optimale des ressources de l’Etat. La loi de finances gestion 2015 fait la part belle à quatre secteurs que le ministre Jean Gustave Sanon qualifie de prioritaires. Ce sont : le secteur de la Justice, de la sécurité intérieure et de la défense du territoire national, de la bonne gouvernance et le renforcement des acquis sociaux.
Le contexte de la transition est marqué par une réduction des recettes totales, en baisse de 8,91% par rapport aux prévisions initiales de 2014.Selon les techniciens, cette baisse est consécutive à celle du cours de l’or et du coton. Mais, elle l’est également du fait d’une prudence observée par les investisseurs au regard du risque d’instabilité qui prévalait au Burkina.
Pour la mise en œuvre des priorités déclinées, il est important d’opérer des choix stratégiques budgétaires en vue d’une mobilisation et d’une allocation optimale des ressources. Le ministère de l’Economie et des finances a donc prévu la poursuite du recours au marché financier régional pour le financement des investissements. Bien entendu, le Gouvernement veut développer le partenariat public-privé et la mise en place d’un système de veille approprié qui permettra de suivre l’évolution des financements extérieurs, de repérer les opportunités et de classifier les outils financiers en fonction des segments de l’économie.
A l’interne, la mesure vise la mise en place d’un dispositif performant de gestion et de suivi rigoureux des exonérations pour l’amélioration du recouvrement des recettes fiscales, la modernisation et la simplification des procédures douanières et l’informatisation du transit international. Elle consiste, par ailleurs, au renforcement du dispositif de contrôle des opérations dans le secteur minier et l’amélioration de la fiscalité de certains secteurs et activités tels que le foncier et la téléphonie mobile. Mais dans la logique du mal dont souffre l’économie burkinabè, «l’Etat a tout intérêt à vivre à la hauteur de ses moyens», indique le docteur Sanon qui préconise la rationalisation des dépenses dont le total est revu en baisse de 1,6% par rapport aux prévisions de 2014. En clair, il s’agit de réduire le train de vie de l’Etat, conformément aux contraintes budgétaires. Et cela passe par une maîtrise de la masse salariale et la prescription des dépenses extraordinaires.
Il ne s’agit pas de réduire les salaires ou les indemnités, rassure le ministre, «c’est de faire en sorte que la masse salariale n’absorbe pas la plus grande proportion des ressources de l’Etat».En effet, au titre du budget 2015, les dépenses de personnel sont de l’ordre de 469.214.720.000 F CFA, soit une hausse de 17% par rapport à 2014 et de 40,88 % des ressources propres de l’Etat. Pour ce faire, l’équipe du Dr Sanon veut mettre de l’ordre dans les rangs. Un contrôle biométrique et une opération de billetage courant 2015, avec pour objectif de s’assurer du nombre réel des travailleurs émargeant au budget de l’Etat.
Le directeur général du budget, Amadou Sangaré, a rassuré l’ensemble des partenaires du respect des engagements pris par l’Etat en 2014.Pour répondre à l’une des préoccupations des acteurs de la société civile sur la perte des emplois suite aux évènements des 30 et 31 octobre 2014, une ligne budgétaire de 20 milliards a été inscrite pour l’indemnisation des entreprises saccagées au cours de l’insurrection. Toutefois, a précisé le Dgb, en l’état actuel des choses, il est difficile de satisfaire à toutes les préoccupations en référence à l’augmentation des salaires tant revendiquée par les centrales syndicales.o
Les interrogations de la société civile
La question de la dette intérieure a été évoquée par les membres de la société civile, conviés à cette rencontre. Pour Isaac Barré Zongo, directeur exécutif du Centre d’informations, de formation et d’études sur le budget (Cifoeb), «le budget est réaliste et réalisable». Mais le ministère de l’Economie et des finances devrait jouer son rôle de régulateur et veiller ainsi au respect des prévisions budgétaires, ce qui éviterait de gonfler la dette intérieure.
Les Osc ont aussi abordé la question des entreprises qui ont été fortement touchées lors de l’insurrection populaire. Il leur a été confié que le budget 2015 ne peut pas supporter l’incidence financière. Mais pour les Osc, des efforts pourraient être consentis au niveau du Gouvernement pour accompagner ces entreprises, car près de 7.000 personnes ont perdu leurs emplois. Rappelons que la somme de 20 milliards a été prévue pour l’indemnisation des victimes de cet événement majeur dans l’histoire du Burkina Faso.
Quant à l’ensemble des préoccupations soulevées par les Osc, le directeur général du budget, Amadou Sangaré, a affirmé que «le Gouvernement va travailler certainement à dégager les signaux pour que celles-ci puissent être prises en charge à moyen et long terme».CD