Le divorce est en passe d’être consommé entre les travailleurs de la Société des mines du Bélahouro (Smb) et leur direction. Les tentatives de dialogue initiées depuis le début de la manifestation le 4 décembre 2014 se sont révélées infructueuses. Cette situation a conduit à la suspension des activités de la mine pour deux semaines.
Mais avant la reprise des activités, [prévue pour le 26 décembre 2014 ndlr], la direction de la mine a procédé au licenciement des travailleurs grévistes. Environ 300 personnes seraient concernées par la mesure qui a pris effet à partir du 12 décembre 2014, soit 48 heures après la décision interministérielle faisant état de la suspension des activités de la société. En plus, 15 des 18 délégués syndicaux se sont vu notifier une mise à pied provisoire pour fait de grève illégale.
C’est cette procédure de notification qui est mise en cause par les travailleurs. Les responsables de la mine ont choisi d’informer les employés concernés par le biais un cabinet d’huissier de justice, en occurrence celui de Maître Oumarou Sawadogo. Le choix de cette voie semble indiquer la rupture définitive entre la direction et les grévistes. En battant le pavé le 23 décembre dernier devant le siège de l’entreprise à Ouagadougou, les responsables de la manifestation exprimaient leur désarroi vis-à-vis des responsables de la mine pour fuite de responsabilité.
Pour le délégué des travailleurs, Saidou Sinaré, il est inconcevable que les agents reçoivent notification de leur licenciement par un huissier en lieu et place de l’administration.
Décision a donc été prise par les manifestants de refuser toute notification de licenciement provenant d’une structure autre que la direction de la mine. Mais à l’étape actuelle, l’on se demande s’ils peuvent encore avoir comme gain de cause. La société aurait bien décidé d’en finir avec ce bras de fer qui dure bientôt près d’un mois. Les travailleurs ont été mis devant le fait accompli. Certains d’entre eux ont, contre toute attente, constaté le paiement de leurs droits de licenciement par leur banque. Cette résolution jugée arbitraire a été prise de façon unilatérale par la structure.
Dans une lettre adressée au ministre de tutelle le 22 décembre 2014, le délégué du personnel et le comité de crise dénonçaient la notification de mise à pied des délégués des travailleurs en violation des principes du procès-verbal du 10 décembre dernier. La trêve des activités se voulait une voie de sortie de crise. Les mesures de licenciement changent cependant la donne. Dos au mur, il est désormais question pour les travailleurs de rentrer en contact avec le ministre des Mines et de l’énergie pour une solution à cette crise.
CD
Une situation qui aurait pu être évitée
Les travailleurs de la mine d’Inata, divisés en trois catégories (Senior, junior et ouvriers), ne vivent pas les mêmes réalités et ne sont pas au même niveau d’informations. Seuls les responsables sont tenus informés des dures réalités de la mine.
En première ligne des questions relatives à la mine, le faible taux de récupération de l’or à partir du minerai, malgré l’introduction de nouvelles méthodes de traitement (les méthodes de traitement conventionnelles étant inefficaces). Cela a créé un manque à gagner (par rapport aux plans de la mine) qui, combiné à la baisse du prix de l’or, est une véritable menace pour la survie de la mine.
Si des mesures avaient été prises pour sensibiliser les travailleurs aux difficultés que rencontre la mine, ces derniers n’auraient pas réclamé une augmentation financière pour le moment. Les négociations auraient tourné autrement sans interrompre les opérations.
Selon les travailleurs de la mine, l’option actuelle de la gestion prévoit la suppression d’au moins 200 emplois, sur un total de 767. Une décision difficile à admettre, mais dont la mise en oeuvre aurait été facile dans un cadre de dialogue entre les représentants des travailleurs et la direction de la mine.
Augmentation de capital
Le dernier recours ?
Des responsables de la Smb auraient fait passer son capital de 10 milliards de F CFA à 34 milliards de F CFA. Cette augmentation est rendue possible par la création et l’émission de 3.399.000 nouvelles actions de 10.000 FCFA chacune.
Cette action, si elle est vérifiée, prouve deux choses. D’abord que la mine est à la recherche de fonds urgemment pour se remettre à flot et aussi que des investisseurs lui font toujours confiance, vu qu’en une opération elle a presque quadruplé son capital. Et ce malgré le potentiel de la mine d’Inata qui a été réévalué à 920.000 onces, en deçà donc des 1,85 million d’onces comme précédemment estimées. La question qui brûle toutes les lèvres est de savoir si cette opération permettra de sauver les travailleurs sous la menace du licenciement.o