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Crise au sein des entreprises : La transition face au défi social

Les effets de l’insurrection populaire se font sentir dans tous les secteurs. Partout, on ressasse les torts, brimades et autres injustices subies sous l’ancien régime. Le secteur des entreprises est touché. Peu ou prou, on réclame le changement. Lorsque ce n’est pas la tête du premier responsable qui est demandée, c’est parmi ses collaborateurs qu’on attend des départs.

Généralement, ces genres de demandes sont la conséquence des problèmes sociaux mal gérés. Une situation doublée du sentiment des travailleurs que les responsables ont été méprisants et sans considération pour eux. Le gouvernement de Zida, qui a déjà accédé à de nombreuses revendications de limogeages de premiers responsables dans des établissements publics, est encore sollicité par les travailleurs sur de nouveaux cas. Il devra surtout trouver des solutions pour calmer le jeu.
A la Société des mines du Bélahouro (Smb), le dialogue entre les travailleurs et la direction a été pratiquement rompu. On est sur le point de rupture de certains contrats. La décision de la fermeture temporaire du site d’exploitation a été prise par la direction pendant le mois de décembre. La semaine dernière, les délégués des travailleurs ont annoncé que des décisions graves telles que des mises à pied provisoires des délégués du personnel et des délégués syndicaux, des notifications de licenciement avec effet immédiat pour plusieurs employés, ont été prises. Un appel clair à suivre la situation a été lancé par les travailleurs au Gouvernement. Il faudra trouver les solutions. La Smb n’est pas la seule entreprise où le front social est agité. A Ouagadougou et dans un registre différent, les travailleurs de la télévision Canal 3, qui se disent excédé par une certaine injustice interne, réclament le départ des premiers responsables du média. C’est une manifestation qui intervient dans l’effervescence de la révolution. Le slogan «Plus rien ne sera comme avant» est repris là aussi. Autre manifestation dans une entreprise, c’est celle des travailleurs de la Filature du Sahel (Filsah). Leur plateforme revendicative, qui date de plusieurs mois, a été remise sur la table après l’insurrection populaire. Depuis le 3 décembre 2014, les travailleurs de cette unité industrielle basée à Bobo-Dioulasso sont en grève. Les revendications sont essentiellement d’ordre salarial et aussi pour de meilleures conditions de travail. Le 22 décembre, ils ont estimé que la reprise du travail était conditionnée par «la réintégration des délégués du personnel licenciés en novembre 2013 et le paiement du salaire du mois de décembre». Profitant de la présence à Bobo-Dioulasso du Premier ministre Zida, les travailleurs ont rencontré le chef du Gouvernement et transmis leurs préoccupations. Des négociations ont pu être engagées dès lors grâce à deux émissaires désignés par le Premier ministre. Toujours à Bobo-Dioulasso et presqu’au même moment, l’Abattoir frigorifique de la ville était paralysé par une manifestation de bouchers. Ces derniers réclament la démission pure et simple du Dg Jules Palm. Là aussi, le Premier ministre Zida a rencontré les bouchers pour entendre leurs revendications. La reprise des abattages été annoncée grâce à une promesse de Zida. Seydou Yoda, président des bouchers de Bobo-Dioulasso, a déclaré que le chef du Gouvernement a promis de faire partir le Dg contesté.
La liste n’est pas exhaustive et rien ne dit que d’autres crises sociales mises pour le moment en veilleuse ne vont pas éclater. Dans le secteur des entreprises, la gestion des dossiers sociaux risque d’être la plus grosse activité du gouvernement de la transition, au grand-dam des questions de performances de la production et des gains financiers. Certes, il y a eu l’officialisation de la création d’une société de production de poussins (la Soprop), et le Conseil des ministres du 23 décembre a également procédé à la nomination d’un nouveau secrétaire permanent du Conseil présidentiel pour l’investissement (Cpi). Le Cpi devrait travailler à mobiliser et à encourager les investisseurs. Somme toute, ces bonnes décisions en faveur des entreprises restent timides. De gros problèmes demeurent. Les questions de fraude qui freinent les performances et menacent la survie des unités industrielles sont un véritable fléau. Des dossiers de privatisation comme Fasotex, la Minoterie du Faso (ex Gmb), la Stfl, Brafaso sont toujours en souffrance.
Karim GADIAGA


 

Des travailleurs mis au chômage attendent

En dehors des «vieux problèmes sociaux» auxquels il faut trouver des solutions, il y a le cas de nombreux travailleurs mis au chômage à la suite des saccages de leurs entreprises. C’est le cas de Azalaï hotel indépendance, Joly hotel, Tan Aliz et autres.
Les travailleurs de ces entreprises attendent de retrouver du boulot. Leur situation ne doit pas être confondue à celle de leurs patrons. Le Premier ministre Zida, l’a compris. Il a estimé que même si certaines entreprises devaient être nationalisées, il est important de les remettre sur pied pour redonner du travail aux employés. o

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