La polémique en cours en France sur le diesel risque fort bien d’intéresser les Burkinabè. Dans ce pays, ceux qui sont contre le diesel pensent à la préservation de la santé et à la protection de l’environnement, et préconisent que l’Etat taxe plus chèrement le gasoil. Il y a quelques mois, un rapport de la Cour des comptes pointait du doigt le régime fiscal dérogatoire à l’endroit du diesel, ce qui fait que le prix à la pompe est plus bas comparé à l’essence.
Selon certains médias français, cette pratique de l’Etat aurait un double effet négatif : celui de retarder la transition énergétique en plus d’entraîner un manque à gagner fiscal pour le trésor public. Récemment, à la faveur de la lutte contre le réchauffement climatique et la pollution, ce sont ceux qui militent pour moins de diesel qui ont retenu plus l’attention des décideurs politiques. Même si le degré de dangerosité du diesel comparé à l’essence est toujours discutable, de plus en plus d’études émanant d’organismes tels que l’Organisation mondiale de la santé, à travers le Centre international de recherche sur le cancer (Circ), indiquent que « les gaz d’échappement des moteurs à diesel provoquent le cancer du poumon chez l’homme », tout en recommandant à ce que l’impact des particules émises par ce mélange de produits chimiques soit réduit à travers le monde. Les anti-diesel ont des arguments solides pour remporter le débat.
La mairie de Paris (qui s’apprête à accueillir la Conférence internationale sur le climat en novembre 2015) prévoit d’ici 2020 interdire les véhicules roulant au diesel dans la capitale. La mesure pourrait se généraliser dans toute la France à partir de 2016, car le Gouvernement envisage des actions pour renchérir le prix du diesel à la pompe, et interdire les centres-villes aux vieilles voitures.
Ces mesures, bien que loin de nos territoires, ne seront pas sans conséquences pour les pays importateurs de véhicules usagés de type « France au revoir », comme le nôtre qui pourrait se voir proposer les véhicules indésirables en Occident, à moindre coût, en bon débarras, car plus de 65% des voitures en France roulent au gasoil. Les champions de l’import des véhicules à énergie diesel se frotteront les mains, les acheteurs de l’occasion aussi, puisque les prix seront revus à la baisse au grand bonheur de l’acquéreur final. On sait de toute évidence que sous nos cieux, en raison du prix plus élevé du super 91 (qui a remplacé l’essence plombée depuis 2006), le diesel est prisé. Il n’y qu’à faire un tour dans les parcs des véhicules seconde-main pour s’en convaincre.
Des chiffres assez récents (2011) sur la consommation de produits pétroliers au Burkina indiquent également qu’elle est « dominée par le gasoil (41%) et le super 91 (34%) », tirée par l’augmentation du parc automobile.
Christian KONE
Importation de véhicules : changement en vue
Selon la Direction générale des transports terrestre et maritime (Dgttm), ses services immatriculent en moyenne 13. 000 véhicules automobiles par an, avec une tendance à la hausse ces dernières années, dont une moyenne de moins de 10% de neuf. L’âge des véhicules usagés vendus au Burkina varie entre 3 à 22 ans d’après la Dgttm. En vue de rajeunir le parc automobile du pays, le ministère du Transport serait en train de réfléchir sur des mesures à prendre afin de limiter l’âge des véhicules à importer, suivant l’exemple de certains Etats ouest-africains comme le Sénégal et le Ghana. « Ces vieux véhicules sont polluants, et compte tenu de leur état technique, ils ne tiennent pas longtemps la route et sont sources d’accidents.
Il faudrait courageusement que l’on regarde les choses et qu’on fasse des propositions à nos hiérarchies respectives afin qu’à l’image d’autres pays, on puisse remettre un peu plus d’ordre à ce niveau », soutenait en septembre 2014 le directeur des transports terrestre et maritime, Issiaka Sigué, dans une interview accordée au portail Lefaso.net. Les internautes réagissant à l’article n’ont pas manqué de recommander au Gouvernement de commencer par encourager les consommateurs en réduisant les taxes relatives à l’importation des véhicules moins âgés pour atténuer la pollution. L’assainissement du parc passe aussi par le choix du carburant moins nocif qui va avec. Sur ce plan, on devrait militer pour moins de diesel en baissant encore plus la taxe sur l’essence. En avril 2013, le tarif de la Taxe sur les produits pétroliers (Tpp) est passé de 125 F CFA à 50 F par litre pour l’essence super sans plomb et de 50 F CFA à 10 F par litre pour le gasoil, soit des baisses respectives de 75 F.CFA et de 40 F.CFA.