En attendant les résultats définitifs de la campagne agricole, l’on retient du rapport prévisionnel communiqué récemment par le Gouvernement que la production céréalière totale tournera autour de 4.636.070 tonnes, soit une baisse de 4,8% par rapport à la campagne 2013-2014. Celle-ci est liée aux performances des principales zones de production céréalière que sont la Boucle du Mouhoun, les Hauts-Bassins et le Centre-Ouest. Selon les estimations du ministère de l’Agriculture, ces 3 régions enregistrent des baisses respectives de 10%, 13% et 4%, tirant vers le bas la production céréalière nationale. En comparaison avec la précédente campagne, le département indique que la production prévisionnelle du mil est de 1,03 million de tonnes, en baisse de 3,75%, celle du maïs en baisse de 10,42% est de 1,42 million de tonnes.
Quant au sorgho blanc et au fonio, les productions prévisionnelles sont respectivement de 1,38 million de tonnes, avec une baisse de 2,75% et 14.647 tonnes en baisse de 26,35, par rapport aux chiffres de l’an dernier.
Par contre, la production du riz connaît une hausse de l’ordre de 7,15%, avec une prévision de 327.211 tonnes. Si les résultats prévisionnels de la présente campagne font état d’un bilan céréalier à solde excédentaire net de 905. 413 tonnes en raison de l’important stock paysan de la campagne précédente, ils sont en deçà des résultats escomptés en lien avec la programmation de début de campagne fixée à 5,7 millions de tonnes par le ministère de l’Agriculture. L’espoir était d’avoir une hausse de 17,9% par rapport à 2013. Le Burkina entendait réussir sa campagne en mobilisant environ 25 milliards de FCFA.
Un investissement qui aurait servi à soutenir les producteurs avec environ 180.000 tonnes de semences de base, 12.000 tonnes de semences de variétés améliorées, 27.900 tonnes d’engrais minéraux, sans oublier les quelques 24.700 équipements et les 11.700 animaux de trait donnés au monde paysan. On note cependant que, contrairement à l’an dernier où 4,2 millions d’hectares avaient été emblavés pour les céréales (plaines et bas-fonds y compris), cette année, 3,6 millions d’hectares l’ont été, soit une variation de moins de 13,5%, selon la direction des statistiques sectorielles.
On signale aussi que la campagne agricole a été affectée par l’invasion des oiseaux granivores qui a occasionné fin octobre «des pertes de rendement de 80 à 100% sur près de 20.000 hectares dans toutes les communes rurales de la province du Soum et des pertes comprises entre 25 et 60% sur plus de 1.000 hectares dans la Vallée du Sourou», selon le ministère de l’Agriculture.
En termes de couverture des besoins céréaliers qui est déterminée à partir de la comparaison entre la production disponible d’une part, et les besoins de consommation des populations d’autre part, le rapport des services de la Coordination des politiques sectorielles agricoles indique que 4 régions, ayant un taux de couverture inférieur à 90%, sont déficitaires : Centre, Centre-Sud, Centre-Nord et le Nord.
Une situation d’équilibre est observée dans 2 autres, à savoir le Sahel et l’Est, où le taux de couverture est compris entre 90% et 120%. L’excédent est à retrouver dans 7 autres terroirs que sont les régions des Cascades, du Plateau central, du Centre-Ouest, du Sud-Ouest, du Centre-Est, des Hauts-Bassins et la Boucle du Mouhoun.
Christian KONE
Plus d’un demi-million de personnes sous pression
La campagne peut être jugée de moyenne ou de passable sur l’ensemble du pays. Les importants stocks commerçants et l’abondance des stocks paysans devraient garantir une bonne disponibilité de céréales dans tout le pays, rassure le ministère de l’Agriculture. Cependant, relève-t-il, dans certaines localités du pays, la situation alimentaire pourrait rester difficile pour une partie de la population en raison de l’impact du déficit de production consécutif à des poches de sécheresse, des attaques aviaires et des déficits pluviométriques. Les efforts du Gouvernement en soutien aux populations vulnérables vont se concentrer sur les 3 provinces sous pression (insécurité alimentaire modérée) que sont le Sanmatenga, le Soum et le Seno, où plus de 863.000 personnes pourraient être confrontées à un déficit de consommation alimentaire. Pour l’heure, rassure les spécialistes de la sécurité alimentaire, aucune province du Burkina n’est en insécurité alimentaire critique.