La Société nationale des hydrocarbures (Sonabhy) souhaite le maintien des prix des hydrocarbures à la pompe, soit 732 FCFA pour le carburant super et 656 FCFA pour le gasoil, malgré une baisse constatée du prix du baril qui tourne autour de 50 dollars américains sur le marché international. Pour Aboubacar Nacro, il importe que les prix soient encore maintenus intacts à la pompe en vue d’assurer à la société une santé financière. Après des années de subvention consentie par l’Etat, c’est aux consommateurs de serrer la ceinture pour permettre à la Sonabhy d’avoir une bouffée d’oxygène. Le maintien de ces tarifications serait dû à plusieurs facteurs, notamment le circuit d’approvisionnement. Sur le marché international, le Burkina s’approvisionne en produits raffinés avec le dollar comme monnaie d’échange. Ces différents paramètres influeraient sur le coût du carburant au plan national. Et tout changement de prix devra tenir compte de ces aspects, indique le Dg, car pendant que le prix du baril baissait, le cours du dollar était en hausse.
Au premier semestre de l’année 2014, le baril a connu une croissance soutenue jusqu’en juin, après une hausse en février, et une baisse en mars contre une baisse du dollar, explique le Dg. À ce niveau, le prix réel était de 704,28 FCFA à Ouagadougou contre 732 FCFA à la pompe pour le carburant super, soit un écart de 27,72 FCFA. A la même date, le prix du gasoil était de 684,91 FCFA pour un prix réel appliqué de 656 FCFA, a indiqué le Dg.
Le prix était donc dans la logique d’une subvention du litre d’essence à la pompe. À partir du mois de juin, le cours du brent a dégringolé progressivement jusqu’à 62,53 dollars en fin décembre. La moyenne annuelle du baril est chiffrée à 98,99 dollars. A la même période, le cours du dollar est remonté pour atteindre 531,95 FCFA, avec une moyenne annuelle de 494,40 FCFA. En fin décembre, le prix réel du litre était de 717 FCFA, soit 14,56 FCFA de moins que le prix appliqué à la pompe pour ce qui est du super et 657, 56 FCFA pour le gasoil à Ouagadougou, affirment les techniciens de la société.Au regard de ces proportions, le prix à la pompe devrait logiquement être revu à la baisse d’au moins 15 FCFA, sans subvention.
Cependant, la baisse tant souhaitée par les consommateurs aura du mal à être appliquée. Selon le Dg, la subvention longtemps soutenue du prix du carburant a créé un état fragile à la trésorerie de la société.
A la date du 31 décembre dernier, la perte était de 18 milliards auxquels il faut ajouter un reliquat non remboursé par l’Etat de 28 milliards, 46 milliards non payés au titre des subventions et un crédit de 40 milliards de la Sonabel. «Faire baisser les prix à la pompe d’environ 15 FCFA et vivre dans le souci constant d’être en rupture ou garder intact le niveau de prix pour permettre à la Sonabhy d’améliorer un tant soit peu sa trésorerie et continuer d’assurer sa mission?» c’est le dilemme de l’équipe de Aboubacar Nacro.
CD
Une situation financière délicate
Les finances de la Sonabhy se présentent comme suit :
– une trésorerie négative de plus de 100 milliards de FCFA,
– des dettes fournisseurs de plusieurs dizaines de milliards de FCFA,
– des livraisons parfois bloquées pour cause de factures non réglées,
– des frais bancaires de plus de 5 milliards de FCFA.
Selon le directeur général de la Sonabhy, Aboubacar Nacro, la capacité de la société d’approvisionner le pays avec régularité est fortement mise en difficulté. Elle repose en ce moment sur les banques, avec un niveau de frais bancaires énorme quand les lignes de crédit ne sont pas au plafond.o
(Source Sonabhy)