La campagne sucrière 2014-2015 de la Nouvelle Société sucrière de la Comoé (Sn Sosuco) a pris son envol le 1er novembre 2014, avec le broyage de la canne à sucre dont la coupe a commencé le 29 octobre 2014. Cette année, la nationale du sucre affiche comme objectif de récolter 270. 000 tonnes de canne pour la fabrication de 30. 000 tonnes de sucre. Pour ce faire, elle a mis les chances de son côté. Dans un premier temps, un projet d’inter-campagne a été monté afin de résorber toutes les difficultés qui ont été détectées au niveau de l’usine, vers la fin de la campagne écoulée, et qui pourraient entraver la bonne marche de la présente. Ce projet, de l’avis du Dg Mouctar Koné, a été conduit avec brio et depuis le lancement de la campagne, aucun couac n’a été encore signalé. Dans un second temps, la Sn Sosuco, sachant que sans coupeurs il n’y aura pas de canne et que sans canne il n’y a point de sucre, a une fois de plus décidé cette année de prendre le taureau par les cornes. Elle a investi la Directrice des ressources humaines (Drh), Saly Gnanou, de la mission de mobilisation des coupeurs dans les régions de la Boucle du Mouhoun, des Hauts-Bassins, du Sud-Ouest et bien sûr des Cascades. Dans un contexte marqué par la concurrence en matière de recrutement de coupeurs, puisqu’au même moment, a confié la Drh, une sucrerie ivoirienne était également sur le terrain pour la même cause, elle a pu mobiliser environ 1.500 coupeurs. Pour réaliser un tel exploit, la Sn Sosuco a dû faire la promesse de loger les coupeurs venant des autres régions, d’assurer leur restauration dès les premiers jours et de reconduire les taux appliqués l’année passée à la tonne de canne coupée: ce taux étant de 575 F/ tonne.
Toutefois, il convient de signaler que cette campagne démarre au moment où la Sn Sosuco dispose toujours de 8.000 tonnes de sucre dans son magasin. Ce sucre a été acheté, mais il attend toujours d’être enlevé par le ou les éventuels grossistes. Comment comprendre une telle situation quand on sait que la Sosuco ne produit que le tiers de la consommation nationale? A cette question, le Dg Mouctar Koné est on ne peut plus clair. En substance, il fait savoir que le marché burkinabè est présentement inondé de sucre étranger que des importateurs font rentrer frauduleusement, c’est-à-dire sans respecter les normes en la matière. Selon lui, si ceux-ci s’acquittaient de toutes les taxes inhérentes à l’exportation, le sucre importé ne pouvait pas concurrencer celui de la Sosuco du point de vue du prix de vente. Du coup, ce sucre est vendu moins cher qu’il ne devrait l’être et procure plus de bénéfice aux importateurs qui, quand bien même ils achètent le produit de la Sosuco, ne se pressent pas de l’enlever.
Selon Mouctar Koné, la solution à un tel problème est toute connue. «Nous avons déjà expérimenté la Sodisucre qui est en fait un groupement de nos plus gros clients. Aujourd’hui, on peut refaire la même chose, et d’ailleurs on n’est pas tenu de créer une seule Sodisucre. On peut en faire trois comme l’avaient suggéré certains membres du Gouvernement». Il pense que l’Etat lui-même rentrera dans ses fonds à travers la réduction considérable de la fraude et la structure nationale qui est un gros pourvoyeur d’emplois pourra se pérenniser.
A entendre monsieur Koné, la Sosuco risque de fermer si le sucre continue de rentrer dans les conditions actuelles: «On ne peut pas empêcher que le sucre rentre, puisque la production de la Sosuco ne couvre pas le besoin national, mais il faut que cela respecte des règles précises », a-t-il conclu.
Sy Amir Lookman
Quelques chiffres des récentes importations de sucre
Selon des sources bien introduites, à la date du 30 octobre 2014, le Burkina enregistrait une entrée de près de 20. 000 tonnes de sucre importé et des demandes pour environ 16.000 tonnes étaient en cours. On comprend aisément donc pourquoi à la Sosuco, une campagne se lance alors que la production de la campagne écoulée n’est toujours pas finie.
En 2007, la Sn Sosuco a vécu une des plus graves méventes de son histoire. Cette situation avait conduit la direction générale et l’ensemble des travailleurs à organiser une marche de protestation. En réaction à cette interpellation, le Gouvernement avait mis en place la Société de distribution de sucre (Sodisucre) qui faisait une sorte de péréquation sur l’importation du sucre. Elle consistait pour le commerçant qui voulait importer par exemple 3 tonnes de sucre d’en acheter au préalable 1 tonne à la Sosuco. Cette mesure, on se rappelle, avait été saluée par la nationale burkinabè du sucre.o