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Transition civile : La coopération fait jouer son poids dans la balance

Pour contraindre les militaires à rendre le pouvoir aux civils, il n’y a pas que les partis d’opposition et les organisations de la société civile qui ont mené le combat. Très vite, l’argument du maintien ou non de la coopération entre le Burkina et ses partenaires extérieurs s’est invité dans le débat.

Afin d’obliger l’armée à remettre le pouvoir aux civils, les amis du Burkina n’ont pas tardé à menacer de suspendre leur appui au pays. Lors d’une conférence de presse à Washington, le 13 novembre dernier, le Fmi a annoncé qu’il gelait son aide au Burkina jusqu’à l’installation d’un gouvernement de transition. «Nous entendons reprendre les discussions avec les autorités dès qu’un gouvernement de transition reconnu internationalement sera en place», a déclaré un porte-parole du Fmi, William Murray. L’institution internationale n’est pas la seule dans cette posture. Dès les premiers jours qui ont suivi la prise du pouvoir par les militaires, après la démission du président Compaoré, l’Union européenne, l’un des partenaires stratégiques du Burkina, a marqué sa désapprobation. Ainsi a-t-elle brandi sa menace de sanctions économiques contre le Burkina si le pouvoir n’était pas transféré aux civils. De son côté, l’Union africaine s’est également opposée au maintien des militaires au pouvoir, allant jusqu’à fixer un ultimatum de 15 jours pour leur départ.
L’organisation panafricaine a exigé le retour à l’ordre constitutionnel sous peine de mettre le Burkina au ban des autres Etats du continent. Au regard de l’évolution de la situation et de la déclaration de principe du président Zida de ne pas s’éterniser au pouvoir, l’Ua a mis de l’eau dans son vin en espérant un retour rapide à la normale.
Pour sa part, le Canada n’a pas transigé. Sa décision a été radicale après l’annonce de la prise du pouvoir par l’armée. Dès le 4 novembre 2014, Christian Paradis, le ministre du Développement international et de la Francophonie du Canada, a annoncé que son pays suspendait immédiatement le financement de l’aide directe au Burkina Faso. Cette coopération avec Burkina valait 28,4 millions d’euros entre 2012 et 2013. C’est l’équivalent de 18,8 milliards de F CFA. Elle se décline en financements de projets par dons, appuis budgétaires, prêts, annulations de dettes, etc.
C’est ce soutien qui est enlevé au Burkina en attendant peut-être des conditions favorables pour son rétablissement. Les partenaires historiques comme la France et les Etats-Unis ne sont pas reste. Les ambassadeurs français et américain suivent minutieusement le déroulement des négociations en cours. Les deux pays souhaitent tous la mise en place rapide d’une transition civile. Au moindre faux pas, ils n’hésiteront pas à brandir des sanctions. «Pour nous, les Etats-Unis, l’objectif reste le même et les trois points sont très clairs. Comme je l’ai dit, et je le répète encore, un gouvernement civil, une transition régie par l’ordre constitutionnel et que le but principal de cette transition soit de préparer les élections», a affirmé l’ambassadeur américain, Tulinabo Mushingi, à l’issue d’une audience avec le Lieutenant-Colonel Zida, le mercredi 12 novembre dernier. Au cours de la nuit du jeudi 13 novembre, les discussions en plénière ont permis d’adopter à l’unanimité l’architecture de la transition. La Charte définit l’ensemble des organes de la transition. Il reste maintenant à accélérer leur mise en œuvre pour renouer avec la confiance des partenaires.


 

 

Le ballet diplomatique se poursuit

D’autres chancelleries sont également actives sur le terrain. Elles souhaitent avoir des gages sur le retour à l’ordre constitutionnel. Une mission conjointe Onu-Ua-Cedeao, Oif a rendu visite le mercredi 12 novembre au chef de l’Etat actuel à cet effet. L’ambassadeur de Chine Taiwan est allé renouveler, devant le Lieutenant-Colonel Zida, les engagements de son pays et sa volonté de poursuivre les chantiers prévus. Nul doute qu’en retour, ce pays souhaite également avoir des assurances.

 

Karim GADIAGA

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