Fews Net, le Réseau des systèmes d’alerte précoce contre la famine, a fourni courant octobre des analyses relatives aux perspectives sur la sécurité alimentaire au Burkina Faso. Selon cette structure, les récoltes moyennes attendues conduiront à une normalisation de la situation alimentaire.
Le scénario le plus probable de la sécurité alimentaire allant d’octobre 2014 à mars 2015 décrit par son rapport se fonde sur des hypothèses générales.
La première concerne les récoltes moyennes consécutives à des cumuls pluviométriques excédentaires à la normale et la fin tardive des pluies. Selon les explications fournies, les effets néfastes liés au retard accusé dans la mise en place des cultures et aux épisodes de sécheresses enregistrées au cours des mois de juillet et août ne permettront pas d’avoir des rendements agricoles au-delà de la moyenne pour toutes les spéculations.
Ainsi, dans l’ensemble, les productions agricoles seront moyennes, mais pour les zones ayant souffert de l’irrégularité des pluies et des attaques d’oiseaux granivores, dans la région du Sahel et environnants, les productions seront en dessous de la moyenne. Elles seront aussi inférieures à la moyenne dans les provinces de la Tapoa et du Noumbiel qui ont connu un retard très prononcé dans le démarrage des opérations culturales du fait de l’irrégularité et de la mauvaise répartition des pluies.
S’agissant de la production fourragère, elle serait inférieure à la moyenne dans la zone agropastorale (région du Sahel et environnants), en raison de l’irrégularité et de la mauvaise répartition des pluies qui n’ont pas permis un développement des pâturages naturels comme en année normale. «Ainsi, à l’image de l’année précédente, les transhumances seront précoces dès le mois de décembre, contre février habituellement.
L’épuisement des réserves fourragères à partir du mois de février va entraîner une soudure précoce pour les animaux et amener les éleveurs à recourir davantage aux marchés pour disposer d’aliments de complément pour le bétail, notamment les sous-produits agro-industriels», peut-on lire dans les analyses du réseau.
Quant aux prix moyens pour les céréales, le Réseau de systèmes d’alerte précoce contre la famine estime qu’au regard du bon niveau actuel des stocks commerçants au-dessus de la moyenne et des perspectives de productions moyennes dans les pays voisins, les marchés devraient fonctionner normalement pendant la période de reconstitution des stocks. Par conséquent, les niveaux de prix des céréales resteront moyens, avec une tendance saisonnière similaire à la moyenne quinquennale.
Pour le maïs en particulier, du fait des achats institutionnels en cours, le prix pourrait remonter aussi autour de la moyenne.
Les analystes de Few net projettent que les prix du bétail seront inférieurs à la moyenne. Selon leurs suppositions, jusqu’au mois de janvier, l’état d’embonpoint des animaux restera encore satisfaisant.
Mais pendant toute la période du scénario, ajoutent-ils, la demande pourrait demeurer en dessous de la moyenne du fait du ralentissement des exportations vers les pays côtiers. Quant à l’offre, elle sera plus importante entre février et mars dans la zone agropastorale, car les éleveurs seront amenés à décapitaliser les animaux pour constituer des stocks de réserves de céréales et d’aliments pour bétail. Ainsi, les prix des animaux, notamment des petits ruminants, resteront similaires à la moyenne jusqu’en janvier, avant de décliner en dessous de la moyenne à partir de février. Globalement, les prix seront inférieurs à la moyenne quinquennale, concluent les auteurs du rapport.
Le bilan chiffré de la campagne bientôt
L’an dernier, en fin octobre, le ministère de l’Agriculture et de la sécurité alimentaire (Masa) avait déjà établi le premier rapport relatif aux résultats prévisionnels de la campagne agro-pastorale.
Il se préparait également à le faire à la même période cette année, mais suite aux événements sociopolitiques qui ont conduit à la dissolution du Gouvernement, la publication des chiffres de la campagne en cours subit un retard.
Les services chargés de la statistique dudit ministère promettent de communiquer, très prochainement, les chiffres prévisionnels de la production céréalière et le bilan céréalier prévisionnel.
La programmation de 5,7 millions de tonnes pour la campagne 2014-2015 risque d’être affectée par les effets de l’invasion des oiseaux granivores qui a occasionné fin octobre «des pertes de rendement de 80 à 100% sur près de 20.000 hectares, dans toutes les communes rurales de la province du Soum, et des pertes comprises entre 25 et 60% sur plus de 1.000 hectares, dans la Vallée du Sourou», selon le Masa.
Christian KONE