Le 30 octobre, alors que l’Assemblée nationale du Burkina devait voter le projet de révision constitutionnelle, un soulèvement populaire a eu lieu et Blaise Compaoré a dû démissionner devant la démonstration de force de la foule qui était contre la révision de la Constitution.
M. Compaoré était, cependant, loin d’être le premier dirigeant africain à vouloir à tout prix s’accrocher à son poste. Avant lui, plusieurs chefs d’Etat du continent, à l’instar de Gnassingbé Eyadema au Togo ou Lasana Conté en Guinée (tous deux décédés aujourd’hui ndlr), ont fait modifier la Constitution de leur pays pour garder le pouvoir.
Comme eux, d’autres dirigeants actuellement en exercice cherchent à poursuivre dans cette voie. Les événements au Burkina Faso sonneront-ils pour eux comme un avertissement ? Cela reste encore à voir.
Voici un aperçu de certaines révisions constitutionnelles passées ou en cours sur le continent africain.
Thomas Boni Yayi – Bénin
En fonction au poste de président depuis 2006, Thomas Boni Yayi s’est fait réélire en 2011. Alors que la prochaine élection a lieu en 2016, le projet d’une réforme de la Constitution, qui pourrait permettre un troisième mandat à Boni Yayi, agite la société civile.
«Le président Yayi Boni s’était pourtant prononcé pour un départ au terme de son second mandat. Une décision qui aurait dû satisfaire son peuple», rappelle El Watan. «Seulement, les élections locales ne s’étant pas déroulées à la date prévue, la classe politique béninoise a commencé à s’interroger légitimement sur les vraies intentions de Yayi Boni», ajoute le journal algérien.
Faure Gnassingbé – Togo
A l’approche de la présidentielle de 2015, le président Gnassingbé n’a toujours pas déclaré qu’il est candidat à sa propre succession. L’opposition veut à tout prix l’empêcher de briguer un troisième mandat, mais dispose de peu de moyens pour le faire plier.
Pour le moment, la Constitution n’empêche pas le président Gnassingbé, dont la famille est au pouvoir depuis près de 50 ans, d’être candidat à sa propre succession lors de l’élection de 2015, dont la date n’a pas encore été fixée. Pas plus tard que le 30 juin, un projet de loi prévoyant des réformes constitutionnelles réclamées de longue date par l’opposition, dont l’élection du président au suffrage universel à deux tours (contre un tour actuellement), pour deux mandats de 5 ans au maximum, a été rejeté par les députés de l’Union pour la République (Unir, au pouvoir), majoritaires à l’Assemblée nationale avec 62 sièges sur 91.
Porté au pouvoir par l’armée à la mort de son père, le général Gnassingbé Eyadéma, qui a gouverné le pays d’une main de fer pendant 38 ans, Faure Gnassingbé a remporté en 2005 et 2010 des scrutins présidentiels dont les résultats ont été contestés par l’opposition.
Paul Biya – Cameroun
Paul Biya arrive au pouvoir en 1982 après la démission de son prédécesseur, mais il faut attendre 1992 pour qu’il soit élu président. Il remporte ensuite les scrutins de 1997, de 2004 et de 2011. Pour la dernière élection, il fait modifier la Constitution trois ans avant l’échéance pour supprimer la limitation du nombre de mandats.
Yoweri Museveni – Ouganda
Arrivé à la tête de l’Ouganda en 1986 par les armes, Yoweri Museveni n’est élu président du pays qu’en 1996.
Réélu en 2001, il fait adopter en 2005 une modification de la Constitution lui permettant de se présenter à nouveau en 2006. Il sera réélu tout comme en 2011.
Joseph Kabila – République démocratique du Congo
Le Gouvernement de la République démocratique du Congo dirigé par Jospeh Kabila depuis 2001 a annoncé en juin 2014 avoir déposé un projet de loi afin de pouvoir modifier la Constitution. Le but étant d’organiser les prochaines élections présidentielles.
Si pour le moment la nature des changements apportés n’est pas connue, l’opposition craint que le régime ne cherche à modifier la loi fondamentale pour permettre à Joseph Kabila de se représenter en 2016. En l’état actuel des textes, ayant déjà effectué deux mandats, il ne peut pas se représenter.
Le Gouvernement a dénoncé de son côté un procès d’intention.
Denis Sassous Nguesso – Congo-Brazzaville
Comme la RDC, la réforme de la Constitution est un sujet très sensible au Congo-Brazzaville où les prochaines élections présidentielles auront lieu en 2016.
Or, Denis Sassous Nguesso, actuel chef de l’Etat, ne peut se représenter puisqu’il a déjà effectué deux mandats. A moins que d’ici 2016 la loi fondamentale soit amendée. Alors que le débat entre partisans et opposants de cette révision est houleux, Denis Sassous Nguesso ne s’est pas encore clairement prononcé sur la question.
Pierre Nkurunziza- Burundi
Pierre Nkurunziza, président du Burundi, en est à son deuxième mandat. Elu en 2005 puis en 2010, Pierre Nkurunziza aimerait rester au pouvoir et se présenter en 2015.
Alors, il décide de faire modifier le texte fondamental pour rester président quelques années de plus. Mais c’était sans compter avec un revers inattendu. La réforme constitutionnelle soumise au Parlement en mars 2014 a été rejetée, à une voix près.
Idriss Deby Itno-Tchad
Arrivé au pouvoir à la suite d’un coup d’Etat en 1990, Idriss Deby est élu président en 1996, puis en 2001.
En 2004, la Constitution -qui limite les mandats présidentiels à deux- est modifiée et la limite du nombre de mandats présidentiels est levée.