Le pays est entré dans une nouvelle phase de ce dialogue de sourds entre opposition et majorité à propos de la révision de l’article 37. Au lendemain de la transmission du projet de loi portant modification de l’article 37 à l’Assemblée nationale, les réactions ne se sont pas fait attendre. D’abord les partis d’opposition, individuellement, puis le Chef de file de l’opposition (Cfop), et à sa suite la rue. Les prochains jours s’annoncent pleins d’incertitudes, avec l’appel à la désobéissance civile lancé par le Chef de file de l’opposition, Zéphirin Diabré. Le 28 octobre, ce sera une journée test de mobilisation des anti révisionnistes de l’article 37 qui entendent ainsi dénoncer ce qu’ils appellent «un putsch constitutionnel».
Cette manifestation se tient à deux jours de l’examen du projet de loi portant modification de la Constitution. Simple hasard du calendrier ou pression populaire sur des parlementaires dont le vote n’a jamais eu autant de valeur ? En effet, ils ont la lourde responsabilité devant l’histoire de décider de ce que sera le visage du Burkina Faso de demain. En la matière, ils ne sont pas tous logés à la même enseigne.
La pression est plus forte sur les épaules de ceux de la majorité qui devront entériner le choix du président du Faso de changer l’article 37. Le président ne sera plus élu pour un mandat de 5 ans renouvelable une fois, mais deux fois. Et comme pour dire que c’est la dernière fois, l’initiateur du projet de loi a décidé de sacraliser l’article 37 nouveau qu’il propose, en le classant au titre des articles intouchables désormais. Une façon de couper la poire en deux. L’opposition politique ne le mentionne pas dans ses réactions pour l’instant, arc-boutée qu’elle est sur son refus catégorique de voir modifier cet article. L’adoption de l’ordre du jour remanié du Parlement en dit long sur la suite des événements.
Par 99 voix contre 28, la majorité s’est imposée. Les deux groupes parlementaires Adf/Rda 18 députes et Cfr (10 députés) ont donc soutenu le parti majoritaire Cdp (70 députés). A moins d’un revirement extraordinaire, ce devrait être le score du vote du projet de loi portant modification de l’article 37 le 30 octobre prochain.
La rue elle n’a pas attendu le 28 octobre, date de déclenchement du mot d’ordre de désobéissance civile par l’opposition, pour dire sa colère. Dans ce contexte, on se demande que sera l’après-28 octobre. Des groupuscules de manifestants protestent et bloquent les voies dans certains quartiers.
Parties de Ouagadougou, les manifestations commencent à toucher l’intérieur du pays. On assiste à une sorte de jeu de cache-cache entre ces jeune anti référendum et la police. Il faut cependant craindre que ce ne soit là le début d’une confrontation violente. L’opposition républicaine en appelant à la désobéissance civile saura-t-elle faire dans la pédagogie afin d’éviter les démons de la violence?
Le Balai citoyen, mouvement de la société civile, se démarque clairement de la protestation violente. Mais tous les opposants à cette révision auront –ils les moyens de ne pas se laisser déborder par certains extrémistes aux desseins obscurs? Le pouvoir aura alors bon dos de réprimer à tout va et surtout de lui en faire porter le chapeau. Car tout porte à croire que des gens sont prêts à en découdre pour empêcher la modification de l’article 37 de la Constitution. La paix civile en est dangereusement menacée tout comme la République dans ses assises. Et dans ce tohu-bohu où s’entrechoquent les intérêts, qui sont encore les vrais gardiens de cette République? Il ne suffira pas de faire modifier l’article 37, le pouvoir devrait faire avaler cette pilule à tout le pays. Ce ne sera pas chose aisée. Car le pays risque d’entrer dans une campagne permanente jusqu’en novembre 2015. Comme ce fut au Sénégal, en 2012, sous la houlette du mouvement populaire «Y’en a marre».
De la désobéissance civile
La désobéissance civile est le refus assumé et public de se soumettre à une loi, un règlement, une organisation ou un pouvoir jugé inique par ceux qui le contestent, tout en faisant de ce refus une arme de combat pacifique. Le terme fut créé par l’Américain Henry David Thoreau dans son essai « La Désobéissance civile », publié en 1849, à la suite de son refus de payer une taxe destinée à financer la guerre contre le Mexique. Il convient de souligner que, si la désobéissance civile est une forme de révolte ou de résistance, elle se distingue pourtant de la révolte au sens classique qui oppose la violence à la violence (source : wikipédia).
Dans ses consignes, le Balai citoyen a appelé à la «désobéissance pacifique par des actions communes en évitant la production de toute forme de violence, nuisible à nos nobles idéaux».
FW