
• Coris Holding, CBI, Ecobank, BOA et UBA
• Assure une stabilité économique au pays…
• Selon le classement de la Commission bancaire
La Commission bancaire de l’UMOA publie, chaque année, la liste des Établissements bancaires d’importance systémique (EBIS), un classement stratégique qui identifie les banques dont la défaillance potentielle poserait un risque majeur pour la stabilité financière nationale ou régionale. Il s’agit en gros des banques qui portent l’économie nationale et régionale de la zone UEMOA.
La liste est revue chaque année et diffusée par la Commission bancaire. Ainsi, pour cette année, selon la liste publiée le 31 octobre, on constate des banques qui sont sorties de la liste de EBIS et de nouvelles banques entrantes dans le classement.
L’Economiste du Faso s’est penché sur les banques du Burkina Faso, présentes sur la liste de la Commission bancaire. Leurs évolutions au cours des dernières années reflètent les transformations du secteur bancaire, marquées par des consolidations, des rachats et une réorganisation progressive des groupes financiers présents dans l’Union.
Une stabilité relative, un paysage en mutation
Chaque année, la Commission bancaire évalue les établissements sur la base d’indicateurs précis : taille du bilan, part de marché dans les dépôts et crédits, interconnexions avec les autres acteurs financiers, substituabilité en cas de défaillance et complexité opérationnelle. Ces critères permettent de classer les banques selon leur importance systémique et d’imposer, le cas échéant, des exigences supplémentaires en matière de fonds propres ou de gouvernance.
Entre 2021 et 2024, la structure des EBIS au Burkina Faso est demeurée relativement stable, portée par les banques traditionnelles de premier plan. Les établissements les plus capitalisés, dotés d’un large réseau d’agences et concentrant une part importante des dépôts et crédits, sont restés au cœur du classement. En 2021, le pays comptait 4 banques d’importance systémique (CBI, Ecobank, BOA et BICIA-B), et aucune EBIS au niveau régional. C’est à partir de 2023 que le Burkina a compté un EBIS régional, en l’occurrence, Coris Holding. Et dans ce classement de 2023, BICIA-B a laissé la place à UBA Burkina. En 2024, les EBIS nationaux sont passés de 4 à 5. Ainsi, on note CBI, UBA, Ecobank, SGBF et BOA. Coris Holding demeure le seul EBIS à envergure régionale.
A partir de 2025, des signaux de recomposition apparaissent, notamment en lien avec des opérations de rachat, dont celle concernant la Société Générale Burkina Faso, reprise par Vista Bank. Ainsi, pour cette année, le pays compte 5 Établissements bancaires d’importance systémique (EBIS), à savoir : Coris Holding, Coris Bank International, BOA Burkina, Ecobank Burkina et UBA. Ces banques portent l’économie nationale et régionale de la zone UEMOA.
Dans ce classement, il faut noter la sortie de SGBF. Cela peut s’expliquer par le rachat de cette filiale par la banque de Tiemtoré, CEO de Vista Bank. Actuellement en pleine réorganisation, Simon Tiemtoré peut bouleverser le classement systémique dans les années à venir. L’entrée de ces deux banques dans le classement des banques à importance systémique nationale propulserait le Burkina Faso en tête de liste des pays à compter le plus de banques nationales « solides ».
A noter que le suivi des EBIS demeure essentiel non seulement pour les régulateurs, mais aussi pour les investisseurs, les analystes et les consommateurs. Au Burkina Faso, les prochaines années pourraient confirmer soit la consolidation du modèle actuel, soit une recomposition progressive du paysage financier, sous l’effet des investissements, innovations et restructurations en cours. Une question s’impose, cependant. Ces établissements ont un rôle systémique. Est-ce un risque ou une opportunité pour la stabilité financière des pays qui en comptent beaucoup ?
ESS
Les obligations particulières qui incombent aux EBIS
Pour rappel, les EBIS, notamment ceux nationaux, sont soumis aux prescriptions communes à tous les établissements bancaires, mais également à des obligations particulières et renforcées, liées à leur caractère systémique.
En vertu du principe de proportionnalité, l’article 4 de la Circulaire n° 01-2017/CB/C relative à la gouvernance des établissements de crédit et des compagnies financières de l’UMOA énonce ainsi que les EBIS régionaux et nationaux doivent disposer d’un cadre de gouvernance adapté à leur poids et aux conséquences que leur défaillance éventuelle pourrait entraîner sur la stabilité du système financier de l’UMOA ou dans leur Etat d’implantation.
A cet égard, il pèse sur les EBIS des obligations plus renforcées en matière d’organes ou de fonctions de gouvernance.
En ce qui concerne les organes, en particulier les comités spécialisés, il ressort de l’article 18 de la Circulaire susvisée que « l’organe délibérant doit disposer au moins :
d’un comité d’audit, d’un comité des risques, d’un comité de rémunération et d’un comité de nomination, en ce qui concerne les établissements bancaires d’importance systémique régionale ;
d’un comité d’audit, d’un comité des risques et d’un comité de rémunération, en ce qui concerne les établissements bancaires d’importance systémique nationale.
S’agissant des fonctions, l’article 28 du texte précité dispose que « les établissements bancaires d’importance systémique régionale et nationale doivent disposer au moins des fonctions d’audit interne, de gestion des risques et de conformité ».
Ces exigences spécifiques concernent également le respect des normes prudentielles. En effet, il ressort du paragraphe 101 du Dispositif prudentiel que les EBIS régionaux doivent constituer une surcharge de fonds propres. Ce coussin systémique vise à renforcer leur solidité, eu égard aux chocs que pourraient provoquer leur défaillance ou leurs difficultés financières sur le système financier de l’UMOA.
Les établissements concernés constituent un coussin systémique composé essentiellement d’éléments des fonds propres sous forme d’actions ordinaires ou assimilées.
Ce coussin a été fixé à 0,40% en 2021, à 0,70% en 2022 et à 1% à partir de 2023.
Il convient également de relever que, conformément au paragraphe 469 du Dispositif prudentiel, les EBIS peuvent être soumis, par décision de la Commission bancaire de l’UMOA, à l’obligation de respecter un ratio de levier plus élevé que la norme minimale de 3%. En d’autres termes, l’Autorité de contrôle peut exiger davantage de fonds propres de base pour couvrir l’exposition totale au bilan et à l’hors-bilan d’un EBIS régional.



