
• Redonner un rôle plus fort à l’Etat dans les secteurs stratégiques
• Maîtriser les secteurs stratégiques
Le 20 novembre 2025, le Conseil des ministres a pris une décision marquante. Celle de nationaliser la Société Nouvelle huilerie et savonnerie CITEC (SN CITEC), jusque-là contrôlée majoritairement par le groupe GeoCoton / Advens. Derrière cette décision, plusieurs logiques s’entrelacent : stratégique, économique et sociale…
La logique d’un repositionnement de l’État
Le compte rendu du gouvernement indique que cette décision s’inscrit dans le cadre de la « Refondation », visant à redonner un rôle plus fort à l’État dans les secteurs stratégiques de l’économie. Le coton, et plus précisément la transformation des graines en huile ou tourteaux, est au cœur de cette stratégie : la SN CITEC n’est pas juste une huilerie, c’est un maillon industriel clé de la filière cotonnière.
Le document évoque aussi « de graves dysfonctionnements dans la gestion » de la SN CITEC, qui auraient fragilisé ses capacités de production. Selon le gouvernement, la situation justifie une prise de contrôle totale et une nationalisation « pour cause d’utilité publique ». L’argument : préserver l’outil industriel, garantir l’emploi et maintenir la capacité nationale de transformation des graines de coton.
Au-delà de l’adoption de ce rapport qui consacre la nationalisation de la SN CITEC, le Conseil des ministres a aussi adopté un rapport relatif à un projet de décret portant approbation des statuts particuliers de la SN CITEC. « L’adoption de ce décret permet à la SN CITEC de disposer de nouveaux statuts pour accomplir efficacement ses missions en tant que Société d’Etat ».
Ce que la nationalisation peut apporter
Renforcement des chaînes de valeurs de la filière coton. L’État peut désormais piloter la SN CITEC selon une vision nationale, éventuellement, prioriser les paysans, réinvestir dans des capacités de production ou de modernisation. En termes d’impact social, l’on peut s’attendre au maintien des emplois liés à l’usine, et potentiellement une meilleure protection sociale pour les employés, en devenant des agents publics.
Quid des recettes publiques ? Les profits générés par l’entreprise d’État peuvent être redirigés plus directement dans les caisses de l’Etat et vers des programmes de développement. Un autre bon point à prendre en compte, la souveraineté industrielle. Avoir une huilerie nationalisée limite la dépendance aux importations d’huile ou à des fournisseurs étrangers pour des produits stratégiques. Et pour une unité qui souffrait de la disponibilité de la graine de coton, elle devrait désormais être prioritaire dans les arbitrages sur les quotas. Le rapport du gouvernement mentionne justement l’adoption d’un décret pour « compléter les statuts particuliers » de SN CITEC dans sa nouvelle forme publique, de nouvelles missions et un nouveau Conseil d’administration.
Ce modèle pourrait servir de précédent pour d’autres entreprises stratégiques, mais son succès dépendra de la capacité de l’État à gérer non seulement l’outil industriel, mais aussi les défis sociaux, financiers et juridiques. La reprise et la relance de BRAFASO ont ouvert un nouveau cycle pour l’industrialisation du pays.
JB
Dédommagement des anciens actionnaires
Sur ce point, le ministre du Commerce n’a pas été exhaustif, lors du point de presse, à l’issue du Conseil des ministres. Rappelons que la SN CITEC était tenue jusque-là majoritairement par GeoCoton/Advens, avec plus de 53% des actions. Dans la pratique, la compensation pourrait dépendre d’un accord négocié entre l’État et les actionnaires. Les traités d’investissement (ou conventions bilatérales) peuvent imposer que toute nationalisation donne droit à une « juste compensation ». A noter aussi que l’actionnaire majoritaire pourrait contester le montant de la compensation, ou mener des recours selon des traités d’investissement. Le gouvernement a déjà une expérience en la matière avec la SN Sosuco
Le Groupe Advens, via sa filiale GeoCoton, est un acteur de l’agro-industrie en Afrique. Il est présent dans 15 pays africains et est présent de la production de coton à la transformation, la logistique, le trading, l’ingénierie et même l’énergie.
Le Groupe détenait 75 % du capital de la SOCOMA, Société cotonnière du Gourma au Burkina, qui a définitivement fermé ses portes en 2025.

