• La démocratie à la chinoise, mise en exergue à Ouaga
• Face à la Révolution progressiste populaire au Burkina
• Afin de tirer les enseignements nécessaires

«Les leçons de l›histoire montrent que le succès économique doit puiser sa source dans la situation présente de chaque pays, quel que soit son environnement. Établir une liste de conditions préalables ou chercher des raccourcis est illusoire. Prendre les pays riches pour modèle et en importer les remèdes est une impasse» : l’Ambassadeur de Chine au Burkina Faso, Zhao Deyong, fait sienne cette conviction consignée dans l’ouvrage de deux économistes de renom, à savoir l’ex-vice-président de la Banque africaine de développement, Célestin Monga, et l’ancien économiste en chef de la Banque mondiale, Justin Yifu Lin. Pas mieux qu’une rencontre d’idées pour donner de la force à cette conviction. En effet, le diplomate chinois s’exprimait, lors d’un colloque international tenu le 16 octobre 2025, à Ouagadougou.
Organisée par le Club des jeunes pour la promotion de la coopération sino-burkinabè (CJPC-BF), cette rencontre a réuni différents profils, dont des universitaires, autour de ce thème : « La démocratie à la chinoise et la Révolution progressiste populaire au Burkina Faso : comment préserver un narratif historique indépendant et autonome pendant la Révolution ». Pour décortiquer ce thème, des personnalités au fait du sujet étaient présentes. Il s’agit, notamment, du Chef de service politique de l’Ambassade de Chine au Burkina, Tang Ran, de l’enseignant-chercheur, Dr Hyacinthe Ouédraogo, de l’ancien Député nigérien, Abdourahamane Oumarou, sous une modération de François Coulibaly.
Telle que définie par le Parti communiste chinois, la démocratie à la chinoise repose sur la centralité du peuple, la primauté du développement collectif et la recherche de stabilité et d’harmonie sociale. Ce modèle privilégie « une gouvernance de participation, d’efficacité et de résultats, adaptée aux réalités culturelles et historiques propres à la Chine », note le Coordonnateur général national du CJPC-BF, Abdoul Razahagou Déné. Quant à la Révolution progressiste populaire du Burkina Faso, elle est, sous l’impulsion du Capitaine Ibrahim Traoré, un modèle dont la force tient à « l’affirmation de la souveraineté nationale, la lutte contre le néocolonialisme, et la volonté d’émancipation du peuple burkinabè », toujours selon Abdoul Razahagou Déné.

Pour les panélistes comme pour le CJPC-BF, ces deux trajectoires, bien que distinctes, ont en commun « une même quête d’indépendance, d’identité, de dignité historique et de développement ». Et l’enjeu aujourd’hui est de taille. Il consiste, selon Abdoul Razahagou Déné, à « préserver un narratif autonome ». Autrement, « penser par nous-mêmes, agir selon nos valeurs, et développer nos Nations sans subir les injonctions extérieures ». D’où l’objectif du présent colloque qui est de « tirer les enseignements » du modèle chinois pour « consolider » la Révolution progressiste populaire. Dans la dynamique révolutionnaire progressiste, Abdourahamane Oumarou pense que la jeunesse a un rôle central à jouer dans « ce tournant décisif ». Pour l’ex-Député nigérien qui en a fait le thème d’une communication, ce rôle commence dans le comportement au plan individuel. « Pour mener une révolution, il y a des efforts à faire sur soi-même. Il faut aller vers la loyauté, l’intégrité, l’amour de la patrie. C’est tout cela ensemble qui peut façonner un jeune burkinabè, comme l’avait souhaité le Président Thomas Sankara, afin d’aider le Capitaine Ibrahim Traoré à réussir cette révolution », a-t-il expliqué.
Bien au-delà du modèle de gouvernance politique, les discours et les débats ont largement interrogé la question du développement, les chemins choisis par le pays des Hommes intègres et l’Empire du milieu pour y parvenir. C’est ainsi que le diplomate Zhao Deyong a revendiqué une Chine ouverte aux investissements, « un partenaire entièrement fiable », une puissance économique qui défend la « construction d’une communauté d’avenir partagé », un pays dont la culture est aujourd’hui un pouvoir d’attraction, avec des entrées et sorties des étrangers sur le territoire chinois qui ont atteint 38 millions au premier semestre de 2025. En guise de comparaison, Zhao Deyong a salué les initiatives présidentielles mises en œuvre au Burkina Faso, avec six domaines de développement couverts, à savoir l’agriculture, le sport, l’éducation, la santé, le développement communautaire et les infrastructures.
Béranger KABRE (Collaborateur)
Le CJPC-BF en bref
Le CJPC-BF, créé en août 2019 et reconnu officiellement en février 2020, est une organisation de jeunes burkinabè engagée exclusivement à la promotion de la coopération entre la République populaire de Chine et le Burkina Faso, ainsi qu’au renforcement des liens d’amitié et de solidarité entre nos deux peuples. Depuis sa création, plusieurs activités sont à mettre au compte de cette association. Figurent parmi ces activités, le Festival de la coopération sino-burkinabè (FESCO-SB), dont la 6e édition se tiendra en décembre prochain.




