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Autorité des marchés financiers de l’UEMOA: en attendant les nominations

• Vacance de postes importants

•  La continuité de la régulation en question

• Premier gros dossier du Conseil des ministres

La vacance à la tête de l’Autorité des marchés financiers de l’UEMOA (AMF-UMOA), consécutive à la nomination, en octobre 2025, de son président, Badanam Patoki, au gouvernement togolais, risque de plonger le régulateur régional dans une forme de paralysie inédite. Entre mandats expirés, réformes suspendues et perte de visibilité, les milieux financiers craignent que la continuité de la régulation soit mise à rude épreuve. L’Union est désormais appelée à restaurer la stabilité et la confiance autour de son régulateur.

Le ministre de l’Economie et des Finances du Burkina Faso, Dr Aboubakar Nacanabo, nouveau président du Conseil des ministres statutaire de l’UEMOA, est face à son premier dossier brûlant.(DR)

Le départ de Badanam Patoki, nommé, le 08 octobre 2025, ministre de l’Economie et de la Veille stratégique du Togo, laisse l’Autorité des marchés financiers de l’UEMOA (AMF-UMOA) sans direction. En effet, depuis le départ de ce haut fonctionnaire et économiste togolais, l’organe de régulation se retrouve sans véritable patron laissant craindre une paralysie administrative et décisionnelle, avec des mandats expirés et des postes clés vacants (celui du Secrétaire général). Un vide qui inquiète les acteurs du marché et pose la question de la continuité de la régulation du marché financier. Si cette situation perdure la confiance des acteurs pourrait s’effriter. Alors que toute ces années , elle avait gagné en visibilité et en crédibilité auprès des partenaires internationaux. Or, l’AMF-UMOA a un rôle central dans l’écosystème du marché régional, à travers ses missions (agréments, surveillance, sanctions, innovations règlementaires).
Les mandats de l’ensemble des membres du Collège, à l’exception de celui du Mali, ont expiré depuis le 31 juillet 2025. Le poste de Secrétaire général est également vacant depuis plusieurs mois, sans reconduction ni nomination d’un successeur. Or, les textes de l’AMF ne prévoient aucune délégation de pouvoirs institutionnels à des cadres opérationnels. Ce qui empêche toute signature d’actes engageant l’institution. Résultat : les activités de supervision, de contrôle et d’agrément sont suspendues. Les chantiers règlementaires tels que la communication financière des émetteurs ; l’application des normes IFRS ; la réforme du capital-investissement et de la titrisation ; la révision du cadre comptable des intervenants agréés du marché ; la création d’un Fonds de protection des épargnants, etc., sont en attente. Autant de dossiers importants pour la compétitivité et la transparence du marché régional, aujourd’hui gelés.
Cette vacance préoccupe les Sociétés de gestion, intermédiaires agréés, investisseurs institutionnels et émetteurs publics. Sans régulateur pleinement opérationnel, la confiance, pilier fondamental de tout marché financier, risque de s’effriter. Comme le rappelait Peter Drucker, « le plus grand danger en période de turbulence, ce n’est pas la turbulence elle-même, c’est d’agir avec la logique d’hier».
Maintenir la confiance du marché
“Le marché financier de l’UEMOA pèse aujourd’hui plus de 24 000 milliards FCFA de capitalisation, mobilise près de 200 acteurs agréés et constitue l’un des piliers de l’intégration économique régionale. Préserver sa stabilité, c’est garantir la pérennité des investissements, la fluidité du financement public et privé, et la crédibilité du modèle régional d’intégration financière. L’urgence est désormais de restaurer la gouvernance de l’AMF-UMOA pour préserver la crédibilité de l’ensemble du système financier intégré de l’Union”.
Il faut espèrer qu’en décembre, lors de la prochaine réunion du Conseil des ministres statutaire, la question soit évacuée Le président du Conseil des ministres de l’UEMOA, Dr Aboubakar Nacanabo, fera donc face à un premier test d’envergure : rétablir au plutôt la chaîne décisionnelle du régulateur, nommer une équipe dirigeante fonctionnelle et adopter un plan pour la reprise des activités.
L’UEMOA doit donc agir vite pour éviter que le silence institutionnel se transforme en vulnérabilité structurelle.
Les marchés financiers reposent sur un équilibre délicat entre stabilité et confiance. Laisser durer le vide actuel reviendrait à fragiliser l’un des piliers les plus solides de l’intégration économique ouest-africaine. Agir vite, c’est préserver la crédibilité du régulateur et, avec elle, la confiance d’un marché régional qui a longtemps été cité en exemple.
JB

L’AMF-UMOA en bref

L’Autorité des marchés financiers de l’Union monétaire ouest-africaine (AMF-UMOA) est un organe de l’UMOA. Il a été créé le 3 juillet 1996 par décision du Conseil des ministres de l’UMOA, dans le cadre de la mise en place du Marché financier régional dont il assure la tutelle. Il est chargé d’une mission générale de protection de l’épargne investie en valeurs mobilières et en tout autre placement donnant lieu à une procédure d’appel public à l’épargne dans l’ensemble des Etats membres de l’Union.
L’AMF-UMOA est dirigée par un Collège de douze (12) membres et un Comité exécutif de quatre (04) membres.
 
Le Collège des douze membres comprend les personnalités suivantes :
 – un représentant de chaque Etat membre, nommé par le Conseil des ministres de l›Union monétaire ouest-africaine (UMOA), sur proposition de l›Etat concerné, en raison de sa compétence et de son expérience en matière financière, comptable ou juridique, pour un mandat de trois ans, renouvelable une fois ;
–  le Gouverneur de la Banque centrale des Etats de l›Afrique de l›Ouest (BCEAO) ou son représentant ;
– le Président de la Commission de l›Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) ou son représentant ;
– un Magistrat spécialisé en matière financière, nommé par le Conseil des ministres de l’UMOA pour un mandat de trois ans, renouvelable une fois, sur la base d’une liste proposée par le Président de la Cour de justice de l’UEMOA ;
–   un Expert-Comptable réputé, nommé par le Conseil des ministres de l’UMOA pour un mandat de trois ans, renouvelable une fois, sur la base d’une liste proposée par le Président de la Cour des comptes de l’UEMOA.
 
Le Collège des membres de l’AMF-UMOA se réunit en session ordinaire.
 Le Comité exécutif est composé du Président du l’AMF-UMOA et du Gouverneur de la BCEAO ou son représentant en qualité de membres permanents, ainsi que de deux autres membres désignés parmi le Collège des membres nommés par le Conseil des ministres de l’UMOA pour une durée d’un an.
Le Comité exécutif agit dans les limites de la délégation de pouvoirs conférée par l’AMF-UMOA. Il lui rend compte de ses décisions. (Source : www.amf-umoa.org).

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