Lutte contre la sécheresse: la Banque mondiale et les Etats du Sahel pour des approches plus efficientes

• A travers un forum de haut niveau à Ouaga
• La création d’un Centre régional de l’eau au sein de 2iE actée
• Un portefeuille de 2,4 milliards de dollars dédié à l’eau en Afrique de l’Ouest
L’avis des experts sur la situation hydraulique du Sahel est alarmant : la sous-région se trouve dans une « urgence réelle ». En cause, le changement climatique et la croissance démographique amplifient la rareté de l’eau, les pertes agricoles sont considérables, avec un risque de réduction de la croissance économique de jusqu’à 6% par an. « Il est impératif d’agir sans délai pour préserver les vies et les moyens de subsistance de millions de personnes », alerte le vice-président régional Afrique de l’Ouest et du Centre de la Banque mondiale, Ousmane Diagana
En réponse à cette urgence, Ouagadougou a abrité les 29 et 30 septembre 2025, une rencontre de haut niveau : le Forum de lutte contre la sécheresse en Afrique de l’Ouest.Cette rencontre de Ouagadougou a été organisée par le Groupe de la Banque mondiale, en partenariat avec le gouvernement burkinabè et l’Institut international d’ingénierie de l’eau et de l’environnement (2iE). Elle a réuni des représentants des gouvernements de pays ouest-africains, des cadres de la Banque mondiale, ainsi que des experts venus de divers autres horizons.

L’initiative du Forum s’inscrit dans le cadre du programme Defying drought (défier la sécheresse) de l’Académie du Groupe de la Banque mondiale. Il s’agit d’un programme qui, dans un premier temps, cible six pays ouest-africains : le Burkina Faso, le Mali, le Niger, le Tchad, la Mauritanie et le Sénégal. Pour la Banque mondiale, défier la sécheresse signifie renforcer les actions autour de quatre axes principaux : « le suivi et la prévision des sécheresses pour une réponse coordonnée et anticipée ; la gestion proactive de l’eau ; la conservation de l’eau et la protection des ressources naturelles ; le financement de la mitigation et de la reprise pour répondre rapidement aux crises ».
Les travaux de réflexions ont d’ailleurs gravité autour de ces axes stratégiques, et ont permis de dresser un aperçu des stratégies pour une gestion plus efficace de la sécheresse, y compris les bonnes pratiques en matière de surveillance et de systèmes d’alerte précoce. En termes de surveillance et de prévision, par exemple, le Forum a souligné la nécessité d’un système intégré de lutte. Cela, dans un contexte où le phénomène a désormais plusieurs facettes, avec des impacts dans divers domaines, dont celui de l’agriculture. De ce fait, « il faut évoluer vers une approche multi-indicateurs », a suggéré le Pr Harouna Karambiri, Directeur de la Coopération, de l’entrepreneuriat et du renforcement des capacités de 2iE. Pour Ousmane Diagana, la lutte anti-sécheresse peut se résumer à l’action sur trois fronts : « la connaissance, pour une meilleure anticipation, grâce à des données fiables et des systèmes d’alerte performants ; la coopération régionale, car aucun pays ne peut y faire face seul ; l’action, avec détermination, pour mettre en œuvre des solutions concrètes », a-t-il énuméré. Dans une région sahélienne qui subit la rigueur de la sécheresse depuis plusieurs décennies, la question de la sécurité de l’eau est prise à bras-le-corps par le Burkina Faso. « Notre pays a fait le choix de la résilience et de l’action », a déclaré le ministre de l’Economie, Aboubakar Nacanabo, lors de l’ouverture du Forum qu’il a d’ailleurs présidé. Et cela, à travers des « initiatives intégrées et endogènes », dont la Bataille pour le renforcement de la couverture végétale et la Gestion intégrée des ressources en eau. Tout de même, Aboubakar Nacanabo a considéré le présent Forum comme un cadre pour « mobiliser une coalition régionale solide ». Car, une fois de plus, « personne ne peut y faire face seul ».
B K
Un portefeuille de 2,4 milliards de dollars de la Banque mondiale pour l’Afrique de l’Ouest
A travers différents projets, la Banque mondiale accompagne les pays du Sahel dans leurs efforts de lutte contre la sécheresse. « Ces projets illustrent notre engagement, mais ils ne suffisent pas. Lorsque plus de 80 % des ressources sont transfrontalières, il est essentiel de penser à l’échelle régionale », a indiqué Ousmane Diagana. Selon lui, le portefeuille actuel de la Banque en Afrique de l’Ouest s’élève à 2,4 milliards de dollars US.
2iE pour abriter le Centre régional africain de l’eau
L’une des actions phares du Forum contre la sécheresse a été la signature d’un protocole d’accord entre le gouvernement burkinabè et la Banque mondiale pour la création d’un Centre régional africain de l’eau (CREA) au Burkina. Plus précisément, ce centre sera logé au sein de l’Institut international d’ingénierie de l’eau et de l’environnement (2iE). Pour le vice-président Afrique de l’Ouest de la Banque mondiale, le CREA représente une « opportunité unique » de former les décideurs d’aujourd’hui et les professionnels de demain dans les domaines de l’eau, de l’assainissement et de l’agriculture durable .Mais aussi « un pôle d’excellence qui va nous permettre de partir des technologies endogènes, les adapter à la modernité pour faire face à la sécheresse qui ne connait ni de frontières ni d’époque », a indiqué le ministre burkinabè de l’Environnement, Roger Baro.