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Mobilisation des ressources: nette progression constatée depuis 2022

• Plus de 31,7% entre 2022 et 2025

• La Douane et les Impôts, chevilles ouvrières

• Un enjeu de souveraineté budgétaire

Dans tout État moderne, la mobilisation des ressources constitue la condition première pour financer les politiques publiques. Un enjeu de souveraineté budgétaire. Et au Burkina Faso, depuis 2022, cette mobilisation des ressources est en nette progression. Selon le ministère de l’Economie et des Finances, elle serait en hausse de plus de 31% sur les 3 dernières années. Les ressources de l’Etat désignent l’ensemble des recettes collectées par l’État, qu’elles proviennent des impôts, taxes, redevances, dividendes des entreprises publiques ou de l’appui extérieur (dons, prêts concessionnels, emprunts obligataires). Pour un pays comme le Burkina Faso, en proie à une quête souveraineté, tant politique qu’économique, la question de la mobilisation des ressources n’est pas simplement comptable. Elle est politique et stratégique : il s’agit de dégager des ressources propres, afin d’assurer la continuité de l’action publique et de réduire une dépendance à l’aide internationale. Autrement dit, chaque franc collecté localement est une brique supplémentaire posée sur l’édifice de la souveraineté nationale.

Des mécanismes de mobilisation des ressources innovants
Pour mobiliser cet argent, le gouvernement s’appuie sur plusieurs instruments. En premier, les recettes internes. Elles sont composées de deux grands ensembles, à savoir les recettes fiscales : Impôts directs : impôt sur les sociétés (IS), impôt sur le revenu des personnes physiques (IRPP), impôts fonciers ; Impôts indirects : taxe sur la valeur ajoutée (TVA), droits de douane, taxes spécifiques (sur les produits pétroliers, les boissons, le tabac, etc.) ; Fiscalité minière : secteur aurifère dominant, avec une contribution de plus en plus forte aux recettes de l’État. Et aussi de recettes non fiscales provenant de redevances, amendes, dividendes des entreprises publiques, produits domaniaux.
Le second instrument, il s’agit de ressources externes. Elles incluent : les dons et prêts concessionnels des partenaires techniques et financiers, les émissions obligataires sur le marché régional Umoa-Titres, et plus récemment, des mécanismes innovants comme les contributions de solidarité (exemple : Fonds de soutien patriotique).
Ce système, combinant fiscalité classique et instruments spécifiques, illustre une volonté de diversification, même si le poids de certaines recettes — en particulier liées à l’or et à la consommation de produits pétroliers — reste prépondérant dans les ressources de l’Etat.

Une trajectoire ascendante (2022–2025)
Les chiffres publiés par le ministère de l’Économie et des Finances et repris par le ministre Nacanabo sur sa page Facebook mettent en évidence une évolution remarquable des ressources mobilisées. Ainsi, en 2022, ses services ont mobilisé 2.505,7 milliards FCFA pour les besoins de l’Etat. Une année plus tard, en 2023, ce sont 2.694,8 milliards FCFA (+7,6 %) qui ont été mobilisés. Cette somme a connu une augmentation de 12,5% l’année qui a suivi, passant à 3.030,7 milliards FCFA. Et selon les prévisions de la Loi de finances rectificative (LFR), il est attendu une enveloppe de 3.299,8 milliards FCFA de ressources mobilisées, pour 2024.
Ainsi, en trois ans, la mobilisation des ressources a progressé de 794 milliards FCFA, soit +31,7 %. Cette dynamique est d’autant plus significative qu’elle intervient dans un contexte de contraction de l’aide extérieure. Cette contraction a rappelé la vulnérabilité du pays aux financements externes. Le renforcement de la mobilisation domestique compense en partie ce retrait.

Le rôle déterminant de la Douane et de l’administration fiscale
La Direction générale des Douanes (DGD) est un pilier central de cette mobilisation. Le Bulletin statistique du 2e trimestre 2025 apporte un éclairage détaillé. À fin juin 2025, les recettes douanières s’élèvent à 578,1 milliards FCFA, contre 523,9 milliards un an plus tôt (+10,3 %). Sur la base de l’objectif annuel fixé à 1.253,6 milliards FCFA, le taux d’exécution est de 46,1 % à mi-parcours.
La performance est largement portée par trois composantes majeures :
TVA : 284,8 milliards FCFA (49,2 % du total), en hausse de 9,6 % par rapport à 2024.
Droits de douane : 148,1 milliards FCFA (25,6 %), en hausse de 14,5 %.
Taxes sur les produits pétroliers (TPP) : 86,3 milliards FCFA (14,8 %).
Ensemble, ces trois recettes représentent près de 90 % des encaissements douaniers.
À cela s’ajoutent des recettes hors budget, dominées par le Fonds de soutien patriotique, qui a rapporté 8,5 milliards FCFA à mi-2025 (+10,3 % sur un an).

Loi de finances 2026 : 21 mesures nouvelles instituées ?
Malgré ces progrès, plusieurs défis persistent. Parmi lesquels, on peut retenir la forte présence du secteur informel, avec pour corollaire le fait qu’une grande partie de l’activité économique échappe à l’impôt. La dépendance à l’or (plus de 85 % des exportations reposent sur le métal jaune dont les prix sont volatils) ; l’exercice délicat de comment augmenter les recettes sans alourdir le coût de la vie, mais aussi la qualité des dépenses publiques : mobiliser plus de ressources n’a de sens que si celles-ci sont allouées efficacement.
Pour consolider la dynamique actuelle, trois leviers apparaissent stratégiques :
Élargir l’assiette fiscale : intégrer progressivement le secteur informel, en ciblant, notamment, les services numériques et les chaînes de valeur locales. On en saura plus dans quelques semaines, la Commission nationale de la fiscalité, pilotée par la Directrice générale des Impôts, Talato Eliane Djiguemdé/Ouédraogo, est en pleins travaux. Et selon les indiscrétions, il ressort de la LFI 2026 que 21 mesures nouvelles traduisant l’ambition du gouvernement ont été soumises à discussions ;
Deuxième solution, optimiser les exonérations fiscales : mieux encadrer les dépenses fiscales dont le ratio sur recettes reste élevé (12 % au T2 2025, selon la DGD ;
Et enfin, diversifier les sources de recettes : valoriser davantage l’agriculture de rente (coton, anacarde, karité) dont les performances à l’export montrent un potentiel certain.
ESS

 

Les recettes douanières en chiffres (T2 2025)

301,8 milliards FCFA réalisés au 2e trimestre 2025, pour une prévision de 312,9 milliards (taux de réalisation : 96,4 %).
578,1 milliards FCFA collectés à fin juin 2025, en hausse de 54,1 milliards par rapport à 2024.
Principales composantes :
TVA : 284,8 Mds
Droits de douane : 148,1 Mds
Taxes sur produits pétroliers : 86,3 Mds
Recettes hors budget : 18,0 Mds, dont 8,5 Mds pour le Fonds de soutien patriotique.
(Source : Bulletin statistique de la DGD, T2 2025)

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