
• Fermeture de la Société cotonnière du Gourma en prime
• Un volume de production en baisse
• Le gouvernement injecte 5 milliards FCFA
La production cotonnière au Burkina Faso est passée de 518.545 tonnes en 2022 à 286.623 tonnes en 2025. A l’heure du bilan de la campagne cotonnière 2021-2022, l’Association interprofessionnelle du coton du Burkina (AICB) relevait, en mai 2022, la dégradation de la situation sécuritaire dans certaines régions ; les difficultés de mise en place des intrants dans certaines localités ; la perturbation de la mise en place et de l’application des engrais et des insecticides du fait des retards de livraison ; la réticence de certains producteurs à réceptionner la semence préalablement traitée. A ces situations s’étaient ajoutés des désagréments liés aux aléas climatiques, à savoir des poches de sécheresse et des épisodes d’inondation.
Nous étions en 2022: Ces difficultés qui sont allées crescendo et ce malgré les efforts d’atténuation consentis. Dans une note d’information en date du 7 juillet 2025 et adressée à son personnel, la Société cotonnière du Gourma (SOCOMA) annonce le licenciement de tous les personnels permanents et saisonniers pour motif économique. Une situation due, notamment, à la reduction d’activités au sein de la SOCOMA, depuis maintenant trois campagnes. La SOCOMA fermée, c’est un manque à gagner de 70.000 à 120.000 tonnes de coton graine, jadis produites dans la zone de l’Est, qui disparaissent de la production nationale, des centaines d’emplois qui s’arrêtent, des milliards de nos francs qui ne seront plus distribués aux producteurs, ainsi qu’aux divers autres secteurs d’activités qui vivaient directement ou indirectement de la présence de la SOCOMA. Les caisses de la région et celles de l’Etat vont enregistrer un sensible manque à gagner, sans oublier le retour probable à la précarité, le chômage de nombreux jeunes.
La production nationale repose désormais sur les épaules des zones cotonnières de Sofitex dans le grand Ouest et de Faso coton dans le Centre-Sud, à condition de lever dans les delais les goulots d’étranglement qui ont pour nom retard de paiement et de livraison des semences et autres angrais. Dans une lettre ouverte adressée au ministre du Développement industriel, du Commerce, de l’Artisanat et des PME du Burkina Faso, et rendue publique en juin, Yacouba Zossin Sanou alias Capitaine Sanou, professeur certifié des écoles dans la province du Tuy, s’est fait le porte-parole des cotonculteurs pour demander le paiement de l’argent du coton aux producteurs. « Il nous revient de façon récurrente que beaucoup de producteurs de coton n’ont pas, jusqu’à ce jour, reçu leur paie de coton de la campagne 2024. (…) Pendant l’hivernage, avec l’argent reçu du coton, ils achètent des intrants (semences, engrais, etc.), afin de produire des céréales pour la famille en attendant le début des travaux du coton, écrivait-il.
Son cri du cœur semble avoir été entendu, car des producteurs ont commencé à percevoir leur dû dans la deuxième décade du mois de juillet.
Il faut espérer que malgré tous ces désagréments, les producteurs restent attachés à la culture du coton et que dans le meilleur des cas, ils emblavent plus d’hectares pour compenser le manque à gagner de SOCOMA. Il s›agit maintenant de mettre les bouchées double pour faire une campagne satisfaisante, car comme le craint Yacouba Zossin Sanou, le 17 juillet, à la Rédaction de L’Economiste du Faso: « La campagne a déjà commencé. Même si actuellement, on donne les intrants, est-ce qu’ils peuvent produire ? C’est compliqué. Même s’ils ont la volonté, est-ce qu’ils pourront ? », s’interroge-t-il.
Une subvention de 5 milliards FCFA pour booster le secteur
Pour la campagne cotonnière 2025-2026, le Burkina vise un objectif de production de coton graine conventionnel de 550.000 tonnes et celui du coton biologique de 1.700 tonnes. Pour ce faire, le gouvernement, dans sa dynamique d’accompagnement des producteurs, a décidé de consentir une subvention de 5 milliards FCFA, afin de permettre à l’Interprofession coton de céder les intrants à 17.500 FCFA le sac de 50 kg d’engrais NPKSB et d’Urée à crédit, contre 18.500 FCFA, lors de la campagne 2024-2025, soit une baisse de 5,4%. Et à 5.200 F CFA/dose d’insecticide à crédit, contre 6.000 FCFA/dose, lors de la campagne 2024-2025, soit une baisse de 13,3%.
Les prix d’achat plancher du coton graine conventionnel seront maintenus à leurs niveaux de la campagne dernière, soient 325 FCFA/kg pour le 1er choix et 300 FCFA/kg pour le 2e choix. Pour le coton biologique, le prix d’achat sera maintenu à 375 FCFA/kg.
Moumouni SIMPORE