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Conseil des ministres de l’UEMOA: blocage au sommet

• Le Burkina attend son tour

• ADO joue la montre

La deuxième session ordinaire de l’année du Conseil des ministres statutaire de l’UEMOA s’est tenue à Lomé, le 11 juillet 2025. Les pays membres de l’Alliance des Etats du Sahel (AES), constitués du Burkina Faso, du Mali et du Niger, ont quitté la réunion, lors des discussions sur la présidence tournante du Conseil des ministres. En principe, cette présidence revenait au Burkina Faso, conformément au principe de la présidence tournante de l’Union. Mais cette perspective n’enchantait pas tous les pays. A défaut de consensus, le bloc AES a claqué la porte, mettant au grand jour une crise latente.
La Côte d’Ivoire dont le mandat de deux ans est arrivé à terme gérera l’intérim, en attendant une décision du sommet des chefs d’Etat. En attendant ce rendez-vous, les médiateurs ont du pain sur la planche, tant la fracture semble profonde.

Le président de la Commission, Abdoulaye DIOP, y participe avec les Commissaires de l’UEMOA Mahamadou GADO, Paul Koffi KOFFI, Lassine BOUARE.

Les pays de l’AES se sont retirés de la CEDEAO en janvier 2025, suite aux sanctions imposées par cette organisation régionale aux motifs que leurs gouvernements étaient issus de putsch.
L’incident de Lomé cache une grosse divergence politique entre les pays de l’AES, souverainistes, et le bloc constitué par la Côte d’Ivoire, pro-français. Ce dernier craint des initiatives de réformes audacieuses, notamment monétaires, sous la présidence du Burkina Faso, d’autant que ce pays cumulerait la présidence du Conseil des ministres et celle de la Conférence des chefs d’Etat. Cette jonction qui profite actuellement à la Côte d’Ivoire avait été instaurée sous le mandat du Président Patrice Talon, pour plus d’efficacité. Il n’est donc pas exclu que les médiateurs reviennent à la situation ante, en dissociant la présidence du Conseil des ministres et celle de la Conférence des chefs d’Etat. Histoire d’équilibrer les pouvoirs.
Les organes de décision de l’UEMOA sont donc bloqués à un moment où le mandat de quatre ans des commissaires de la Commission arrive à son terme. Ils ont prêté serment le 10 mai 2021, pour un mandat de 4 ans renouvelable. Et que certains pays de l’Union, pour diverses raisons, ne reversent pas régulièrement le PCS, le prélèvement communautaire de solidarité qui finance les activités et projets de l’Union.

Rupture consommée ?
La situation n’est pas aussi inédite que cela au sein de ce regroupement sous-régional entre ces deux pays. Thomas Sankara et Félix Houphouët Boigny ont été en bisbilles sous la Révolution démocratique et populaire. Le discours du jeune Capitaine sur la gouvernance de la CEAO, ancêtre de l’UEMOA, dérangeait le vieux Houphouët Boigny. Le Burkina avait finalement obtenu la présidence de la CEAO en 1984 et enclenché une purge contre les dirigeants corrompus de l›organisation.
L’enjeu de cette nouvelle crise de leadership, c’est la sortie ou non des pays de l’AES de l’UEMOA. Un retrait volontaire faciliterait la tâche des pays qui sont contre les réformes. Par contre, au nom de la défense du droit du Burkina à porter la présidence tournante, l’AES reste et défend bec et ongle son membership au sein de ce regroupement, une solution consensuelle est possible, seulement, au nom des intérêts des peuples et non de ceux des dirigeants.
Dans ce dossier, le président ivoirien, qui incarnerait l’opposition au bloc de l’AES, garde le curseur sur la présidentielle dans son pays en octobre 2025, candidat ou pas, les résultats de cette élection seront déterminants pour la suite.
JB

Le Conseil des ministres statutaire en bref

Le Conseil des ministres statutaire de l’UEMOA assure la mise en œuvre des orientations générales définies par la Conférence des chefs d’État et de gouvernement. Il arrête le budget de l’Union. Les délibérations du Conseil sont préparées par le Comité des Experts, composé de représentants des États membres. Le Conseil comprend deux ministres par Etat membre, dont celui en charge des finances. Il se réunit tous les trois mois en session ordinaire et tient des sessions extraordinaires en cas de besoin.  La présidence du Conseil est tournante, tous les deux ans. Et elle est assurée par la Côte d’Ivoire depuis décembre 2022.
La Conférence des chefs d’Etat est l’organe suprême de l’Union. Elle définit les grandes orientations de la politique de l’Union et se réunit au moins une fois l’an, en session ordinaire. 

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