
• Un facteur de stabilité financière en devenir
• Des principes adaptés aux réalités de nos économies
• Ouverte à tous, sans distinction de religion ni de race
Le monde est depuis longtemps en proie à des crises qui provoquent des bouleversements économiques et entravent une croissance économique soutenue, les banques et les institutions financières non bancaires nécessitant des renflouements périodiques. De nombreux pays en développement n’ont pas été en mesure de mobiliser des ressources financières nationales et étrangères pour le développement, tandis que de nombreux pays avancés continuent à être menacés par des crises financières récurrentes. Un certain nombre d’économistes ont dénoncé les insuffisances du système bancaire classique et ont préconisé un système de réserve à 100% comme base stable d’un système financier, une recommandation qui coïncide avec le système financier islamique.
« La finance islamique peut en principe devenir un facteur de stabilité financière, car le partage du risque réduit le ratio d’endettement et les échanges sont adossés à des actifs tangibles donc entièrement garantis ». Christine LAGARDE en 2015 alors qu’elle était encore la première responsable du fonds monétaire international (FMI). A l’image de Christine LAGARDE, de plus en plus nombreux sont les personnalités à s’interroger sur une alternative à la finance classique en citant quasi-instantanément le modèle de la finance islamique.
La finance islamique est une finance éthique participative qui prône des valeurs comme la transparence, l’équité, la justice et la solidarité entre individus, les organisations et les sociétés pour un développement économique et social pour tous. Aujourd’hui, les banques islamiques remplissent essentiellement les mêmes fonctions que celles classiques en assurant l’intermédiation financière pour fournir les capitaux nécessaires. Toutefois, en absence de taux d’intérêt, elles se particularisent par une intermédiation participative fondée sur le fameux principe de partage des profits et des pertes (3P). Pour les cas où ce principe ne peut s’appliquer, comme le cas des crédits commerciaux à court terme ou des crédits à la consommation, elles détiennent d’autres instruments financiers destinés à l’investissement et au financement.
Les principes de la finance islamique
Basée sur la Shari’a (charia), la finance islamique est régie par cinq (05) principes dont trois sont des principes d’interdiction et deux d’obligations.
Les principes d’interdiction sont l’interdiction du ribba (comme le taux d’intérêt), l’interdiction du Gharar (incertitude, ou hasard ou ignorance, l’une des parties est désavantagée), et du Maysir (toute forme d’acquisition d’argent de bien qui dépend seulement de la chance telle que les jeux du hasard), et l’interdiction des activités et métiers illicites (toute activité prohibée par l’Islam, à savoir: alcool, porc, jeux du hasard, drogue, sculpture).
Les principes d’obligation sont le partage des profits et des pertes (3P) et l’adossement aux actifs tangibles. Le principe des 3P obligent les banques islamiques à s’investir corps et âme pour la réussite de l’activité ou du projet financé, mais pas de s’immiscer dans la gestion ou de prendre le contrôle. Lorsque le projet est rentable, la banque gagne dans le bénéfice, dans le cas contraire, s’il y a des pertes qui ne sont pas imputables à l’entrepreneur, c’est la banque qui supporte. Selon le principe de l’adossement aux actifs tangibles, toute transaction financière islamique doit être adossée à un actif tangible réel et matériel. Ce principe permet de renforcer la stabilité économique et la maîtrise du risque et engage dans l’économie réelle.
Il n’y a pas de rémunération ex-ante dans la finance islamique. La part de profit de chaque partie prenante est fonction du bénéfice de l’activité et non d’une part fixée à l’avance. La rémunération se fait sur la base de taux de rendement d’investissement préétabli. Contrairement aux banques islamiques, celles classiques fonctionnent sur un modèle d’intermédiation financière pure, en mobilisant l’épargne pour la prêter aux entreprises et aux particuliers. Leur profit vient de la différence entre les taux d’intérêt créditeurs et débiteurs.
Une finance ouverte à tous
La finance islamique est un système financier basé sur les principes éthiques et moraux tirés de la loi islamique (Shari’a), mais qui est conçu pour être inclusif et ouvert à tous, indépendamment de la religion. Ses valeurs fondamentales telles que la justice, l’équité et le partage des bénéfices, qui sont des valeurs universelles, la rendent attrayante pour des personnes aux convictions variées.
Des institutions financières islamiques fonctionnent dans plusieurs pays, y compris des régions où la population musulmane est minoritaire, comme au Royaume-Uni, en France, en Russie ou en Afrique subsaharienne. Des non-musulmans utilisent également ces services pour leur éthique et leur transparence, par exemple, en choisissant des banques islamiques pour des solutions sans intérêt. En Malaisie, la finance islamique représente près de 40 % de l’ensemble du secteur financier et attire des clients de toutes confessions, en raison de sa solidité et de ses principes équitables. Au Royaume-Uni, des banques comme Al Rayan Bank servent une clientèle diversifiée, musulmane et non musulmane, grâce à des produits attractifs et éthiques.
La finance islamique se positionne comme une alternative crédible et éthique aux systèmes financiers traditionnels, en s’appuyant sur des principes qui favorisent la justice sociale, la transparence et le développement durable. En limitant la spéculation excessive et en adossant les transactions à des actifs tangibles, elle réduit les risques de crises financières et favorise la stabilité financière. En outre, elle propose des solutions adaptées aux populations marginalisées, comme le microcrédit islamique, permettant un accès équitable au financement, favorisant ainsi l’inclusion sociale. Bien qu’inspirée par la loi islamique, la finance islamique attire des investisseurs de toutes confessions, grâce à ses valeurs éthiques et responsables.
Abdourahim Souleymane TRAORE (Stagiaire)
Encadré
Elle a démontré sa résilience face aux crises financières globales, notamment, en 2008, grâce à son approche prudente et à son ancrage dans l’économie réelle. Elle offre une alternative crédible pour repenser les systèmes financiers mondiaux en intégrant des principes éthiques. Elle n’est pas seulement une option pour les musulmans ou les Arabes, mais une solution universelle qui répond aux besoins d’une économie plus juste et durable. Elle propose une alternative éthique et équitable qui attire une diversité de personnes cherchant des solutions financières alignées avec des valeurs universelles.