
Madi Sawadogo. Ce jeune entrepreneur de 44 ans était sous le feu des projecteurs, le 6 mars dernier. A Napamboumbou, Commune de Pabré, l’inauguration de son Complexe industriel de détergent Fassi a réuni du monde. Parmi les invités de marque, le Capitaine Ibrahim Traoré, président du Faso. L’usine, construite sur une superficie d’un hectare, a coûté la bagatelle somme de 4,5 milliards FCFA. Son promoteur est passé au Café de L’Economiste du Faso pour évoquer les perspectives de son usine, et revenir sur les motivations premières qui l’ont dirigé vers le secteur du détergent. C’était le 20 mars 2025, à la Rédaction. Lisez plutôt
L’Economiste du Faso : Comment avez-vous fait venir le Président Ibrahim Traoré à l’inauguration de votre usine ?
Madi Sawadogo, promoteur du Complexe industriel de détergent Fassi (CIDF) :

à la disposition des consommateurs sur le territoire national. (Ph: Yvan SAMA)
Je voudrais déjà vous remercier, vous, L’Economiste du Faso, ainsi que l’ensemble de la presse nationale pour tout l’accompagnement dont nous avons bénéficié, lors de l’inauguration de notre usine. Grâce à vous, tout s’est bien passé, et notre travail est connu. Sur ce, recevez mon merci.
Pour répondre à votre question, je n’ai pas de potion secrète. Il faut dire que le Capitaine Ibrahim Traoré est le président de tous les Burkinabè. A travers sa vision, il réunit et rassemble. Et si tout le monde y adhère, on verra que sa vision produira les fruits du Burkina Faso et ses retombées seront au bénéfice des populations. Quand nous envisagions le lancement, je ne savais pas que je recevrai le Maire de la Commune de Pabré, sans parler du président du Faso. L’annonce de son arrivée m’a agréablement surpris, je n’étais pas au courant. Il me sera donc difficile de répondre à votre question, mais je pense que c’est sous le couvert et le travail du ministre de l’Industrie et du Commerce que cela a pu se faire. C’est lui notre ministre de tutelle, en mooré, on dira que c’est lui notre « père ». Et en bon père, il s’est rendu compte que le travail que je faisais était important, il a travaillé à ce que les plus hautes autorités encouragent notre travail.
Combien de temps cela vous a-t-il pris pour construire une telle usine ?
Nous avons débuté en 2018. A nos débuts, nous n’avions pas en tête de faire du détergent, on pensait à d’autres types de projets. Et petit à petit, en analysant le marché, nous avons décidé de nous orienter vers le détergent. Je dois dire que la mise en place de l’usine n’a pas été simple. Je suis arrivé à Ouagadougou il y a 20 ans de cela. Avant, j’ai évolué dans les petits commerces et ensuite dans le secteur de l’or, de l’agriculture et de l’élevage. Mais j’ai pu bénéficier de l’appui d’institutions bancaires, notamment, la Banque postale, qui a cru en mon projet et m’a accompagné avec les financements et les conseils. C’est grâce à cette confiance que nous avons pu lever les fonds pour notre projet.
Et pourquoi le détergent ?

Comme je le disais, nous avons fait une analyse du marché et des habitudes des consommateurs. Quel est l’un des produits les plus usités au quotidien ? Et il nous est parvenu que c’est le savon et ses dérivés. C’est un produit à usage quotidien et pour tout le monde. Que se soit le savon en boule, le détergent, etc., ce produit est consommé quotidiennement et plusieurs fois par jour. Et notre projet ne va pas s’arrêter au détergent. Notre vision est de produire, à la longue, du savon solide, du savon liquide, de l’eau de javel, etc. La gamme de savon est large. De plus, nous avons vu que ce produit est pour la plupart importé. Et dans la vision insufflée par le Président Ibrahim Traoré, nous avons décidé de nous lancer dans la production de produits locaux. Et lui montrer que les hommes d’affaires, commerçants, peuvent aussi apporter leur pierre à l’édification du pays.
Vous savez, une usine a souvent une vie de 40 ans et plus. On peut compter le nombre d’usines au Burkina qui sont là depuis 40 ans. Mais vous verrez difficilement un commerçant tenir son activité aussi longtemps. La principale raison est que la plupart du temps, ceux vers qui le commerçant s’en va pour commander les marchandises deviennent, à la longue, ses principaux concurrents.
Je profite lancer un appel à mes frères commerçants, de commencer à réfléchir à comment se reconvertir. Le secteur du commerce se rétrécit et bientôt, vos fournisseurs viendront dans nos pays pour discuter avec vous.
En tant qu’observateur de la société, nous nous attendions à ce que vous vous installiez à Kossodo ou à Gounghin, dans l’une des zones industrielles, mais vous avez fait le choix de Pabré. Pourquoi ?
Il faut dire que le lieu importe peu souvent. Tant que tu as la force et l’abnégation, tu peux affronter les défis. Effectivement, dès le départ, j’ai opté pour la zone industrielle de Kossodo. Je me suis lancé dans l’achat d’un terrain pour installer mon usine. Les prix m’ont découragé. Le montant était bien au-delà de mon pouvoir d’achat. C’est pour cela que dans mes recherches, je suis tombé sur ce terrain, dans le village de Napamboumbou, dans la Commune de Pabré. A l’époque, c’était vraiment une brousse. Je ne savais pas qu’un jour, cette partie de la Commune serait habitée et serait en train de se développer. Et je tiens à préciser qu’au moment où on s’installait, il n’y avait pas d’habitation. Nous y étions avec quelques usines déjà. C’est ensuite que la population, petit à petit, s’est installée.
L’usine est lancée maintenant, quelles sont vos perspectives ?
Pour la suite, nous avons une équipe en place, chargée de continuer la promotion de Fassi. C’est notre première phase et nous y sommes toujours. Nous installons notre image dans le quotidien des Burkinabè, et la prochaine étape c’est de mettre en place notre réseau de distributeurs agréés, afin de disponibiliser le produit sur le territoire national. Je tiens à dire vraiment merci au président du Faso. Sa présence, lors de l’inauguration de l’usine, a permis à notre produit de voyager hors des frontières du Burkina Faso. Pour preuve, je reçois des appels téléphoniques de clients à l’intérieur du pays, dans notre sous-région, en Afrique et même hors d’Afrique.
Je tiens à préciser que nous avons annoncé que notre usine avait une capacité de 300 tonnes par jour. C’est la production de départ de notre installation. Dès que le produit sera véritablement lancé, nous pourrons augmenter cette capacité, afin de répondre aux besoins.
La Rédaction