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Forte demande en huile: les solutions avancées par le PM

• Diversifier et intensifier la production des oléagineux

• Assainir les circuits de distribution de la matière première

• Ce que dit l’arrêté sur la cession de la graine de coton

«Quelles sont les mesures prises pour résoudre à court et moyen terme la forte demande en savon et huile SN-CITEC ? ». La question a été posée au Premier ministre, Rimtalba Emmanuel Ouédraogo, lors de son exposé sur la situation de la Nation, le 14 mars dernier, à l’Assemblée législative de transition (ALT). Lors de son point sur le bilan du gouvernement durant 2024, des Députés de l’ALT ont voulu en savoir plus sur la pénurie en cours sur l’huile alimentaire produite par la Sn-Citec. Une situation qui perdure et ce, en pleine période de carême. Le chef du gouvernement s’est voulu rassurant sur la question. Et des solutions sont en cours. Dans sa réponse à la question, l’une des premières solutions est de diversifier la matière première «par l’utilisation d’autres oléagineux, notamment, le soja, l’arachide, le tournesol ». Et le PM d’ajouter que « l’huile de soja est déjà produite et les capacités seront augmentées ».
En plus d’intensifier la production des oléagineux, la seconde solution avancée par le PM est d’assainir les circuits de distribution de la matière première. « La graine de coton, entre les usines de la Sofitex et les unités de production, doit passer par des intermédiaires et qui brillent également par un certain nombre d’actions qui ne sont pas très orthodoxes, ça ne facilite pas l’accès à la matière première », a-t-il déclaré face aux Députés.
Déjà, en 2021, L’Economiste du Faso évoquait les défis du secteur de la production d’huile alimentaire. Les propriétaires d’usines pointaient du doigt le manque de graine de coton et la mauvaise répartition des volumes disponibles entre les petites et les grandes huileries. Une situation évoquée aussi par le Premier ministre. « Malheureusement, à ce jour, nous avons beaucoup d’usines de production d’huile de consommation qui tournent peut-être 3, 4, 5 ou 6 mois maximum dans l’année, tout simplement parce qu’il y a un problème de disponibilité de la matière première » a-t-il affirmé, devant les Députés.

De la cession de la graine de coton
Cette question de distribution de la graine de coton se pose de plus en plus, avec l’arrivée sur le marché de l’huile de nouveaux acteurs. Comment satisfaire la demande ? En 2023, Yacouba Warma, responsable de la Sn-Citec à Ouagadougou, expliquait que la situation sécuritaire entrainait une baisse de la production du coton, et partant de là, une baisse du volume de graine de coton. « A titre d’exemple, pour cette année, nous n’avons eu qu’un engagement de la SOFITEX de nous approvisionner juste pour quarante mille (40 000) tonnes de coton graine, et la campagne de collecte est en cours. Cela ne représente que 1/3 de la capacité de production de SN-Citec », expliquait-il.
Et qui dit rareté du produit, dit hausse de la valeur de ce produit. Le prix de cession de la graine de coton a connu une hausse jusqu’en 2024, « passant de 90.000 FCFA à 150.000 FCFA la tonne ».
Mais comment se fait la distribution de la graine de coton aux acteurs ? Pour cela, l’Arrêté n°2024-F0031 du 2 juillet 2024, portant modalités de cession de la graine de coton huilerie au Burkina Faso, donne les détails.
Le document, dans son article 1, fixe le prix de cession de la graine, pour compter de la campagne de trituration 2024-2025. Celui-ci est arrêté à 150 FCFA/kg, hors taxes, sur toute l’étendue du territoire national. Et l’arrêté de préciser en son article 2 que la graine de coton huilerie est cédée par les sociétés cotonnières aux unités de trituration régulièrement installées sur le territoire national et détentrices des pièces suivantes : l’autorisation de mise à la consommation de l’année N-1 ; la décision portant autorisation de production un plan de charge industriel; une copie des états financiers de l’année N-1 déposés auprès de l’administration fiscale.
Malgré les défis, « nous devons travailler et ne pas rester à la merci de la production à l’international », a déclaré Rimtalba Emmanuel Ouédrago à l’Assemblée. Le PM qui a aussi demandé l’accompagnement du secteur privé, et celui, notamment, de la grappe huilerie, afin que nous puissions ensemble faire bouger les lignes ».

NK

Encadré

Quid de la grappe huilerie

Dans sa réponse à la question sur la pénurie en cours d’huile alimentaire locale, le Premier ministre, Rimtalba Jean Emmanuel Ouédraogo, a demandé l’accompagnement du secteur privé et notamment, celui de la grappe huilerie.
La Grappe huilerie de Bobo-Dioulasso (GHB)  s’est constituée   autour de l’activité des huileries dans un rayon de 100 km autour de Bobo-Dioulasso, avec 20% maximum des participants en dehors de la localité, ce qui représente environ une centaine d’huileries auxquelles s’ajoutent toutes les autres entreprises et institutions publiques liées à cette activité, suite aux initiatives de structuration de la filière prises par le groupement GTPOB et aux décisions du « noyau leader » de la pré-grappe rassemblant 15 représentants des entreprises et institutions  ayant bénéficié des appuis de la CCI-BF, et du GTI grappe d’entreprise. L’objectif de la Grappe est de dégager des gains pour les entreprises et pour le territoire, par le développement économique de la filière huilerie de Bobo-Dioulasso.

 

Encadré 2

Le cri du cœur de l’ATOB

En attendant que les solutions du PM soient effectives, le 18 mars dernier, l’Association des transformateurs des oléagineux du Burkina (ATOB) ont animé une conférence de presse. L’objectif était de faire savoir aux consommateurs la disponibilité de l’huile alimentaire sur le marché.
 « Nous avons des stocks d’huile raffinée de coton du Burkina Faso dans nos magasins…. A ce jour, on peut estimer à 110.000 bidons de 20 litres d’huile, soient 2.000 tonnes d’huile déjà raffinée qui ne sont pas encore vendues et la production se poursuit pour les Burkinabè », a déclaré Kassari Konaté, président de l’ATOB.
Pour les conférenciers du jour, le problème se trouve au niveau des grossistes qui les approchent pour savoir si l’huile est disponible, mais en retour, ils n’achètent pas. Tout ceci pour « créer un système de pénurie pour pouvoir faire entrer d’autres huiles importées sur le marché ». D’où cet appel à la population de privilégier l’huile locale pour sa consommation. “ Nous appelons les populations à s’approprier les produits locaux, car ils sont de qualité. Nous avons tous les documents nécessaires qui certifient que nos huiles sont de qualité. Nous invitons aussi le gouvernement à nous aider fortement en interdisant l’entrée sur le marché des huiles importées. Cela va permettre aux entreprises locales de mieux se tenir et participer au développement du pays. A l’interne, nous allons développer des initiatives aussi pour mieux organiser l’écoulement de nos produits. Par exemple, nous allons faire des petits emballages à des prix réduits pour permettre à tout le monde de disposer de l’huile selon ses moyens, car il n’est pas facile pour tout le monde de payer un bidon d’huile de 20 litres”, rapportent nos confrères de L’Express du Faso, qui ont couvert la conférence de presse.

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