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FESPACO 2025: le Burkina a vraiment fait son cinéma !

• Satisfecit du Comité d’organisation

• L’Etalon d’or à Dani Kouyaté

• 15 prix spéciaux sur 22 aux réalisateurs burkinabè

Fini donc la 29e édition du Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (FESPACO). Les regards sont désormais tournés vers la 30e édition, prévue se tenir du 27 février au 6 mars 2027. Au soir du 1er mars, chaque partie prenante a su faire son bilan de ce festival tenu du 25 au 1er mars 2025, sous le thème : « Cinémas d’Afrique et identités culturelles ».
En somme, cette édition a enregistré la participation de 53 pays venus des quatre coins du monde. Plus de 13.500 festivaliers ont été accrédités, dont plus de 3.500 professionnels du cinéma et de l’audiovisuel et près de 2.000 journalistes. 95 directeurs de festivals de films étaient également à Ouaga où 425 projections ont été organisées sur 12 sites, durant 8 jours de festivités intenses.
Sur 1.351 films soumis à l’appréciation du comité de sélection, 235 ont été retenus pour figurer dans les différentes catégories de compétition. Le concept « FESPACO hors les murs » a permis d’avoir des projections dans 5 chefs- lieux de province, 5 Communes rurales de la province du Kadiogo, 5 quartiers de la ville de Ouagadougou et à l’hôpital militaire Capitaine Halassane Coulibaly du Camp Sangoulé Lamizana.

Michel Zongo, avec son documentaire « L’homme qui plante les baobabs », a eu 4 prix spéciaux. (Ph:YS)

Si tout semble s’être bien déroulé, reste à relever des défis liés aux infrastructures, aux financements et à la distribution des œuvres africaines, afin d’assurer leur rayonnement sur la scène internationale. « Nos films doivent être des catalyseurs de changement, des instruments de dialogue et des vecteurs de solidarité… Il nous incombe de poursuivre sans relâche notre engagement en faveur de la créativité et de la promotion du cinéma africain », a d’ailleurs souligné Moussa Alex Sawadogo, Délégué général du FESPACO.

Le sacre de Dani Kouyaté
« Katanga, la danse des scorpions » de Dani Kouyaté a remporté l’Etalon de Yennenga, le plus prestigieux des trophées du FESPACO. Ce long métrage dramatique de 1h53min raconte, sous forme de conte poétique, l’histoire d’un homme pris au piège de sa soif de pouvoir. Si dans « Sya, le rêve du python », sorti en 2002, Dani Kouyaté s’intéressait déjà à la soif de pouvoir dans une approche plus mystique et initiatique, son dernier film plonge dans une brutalité plus politique, où le pouvoir n’est plus un don des ancêtres mais un objet de convoitise, arraché par la ruse, la manipulation et le sang. De l’avis des connaisseurs, c’est un film de grande qualité au niveau de l’histoire, du son, de l’image et du décor.
Dani Kouyaté est le troisième réalisateur burkinabè à remporter ce trophée. Le premier étant Idrissa Ouédraogo, avec son film « Tilaï », en 1991, suivi de Gaston Kaboré avec « Buud-Yam », en 1997. Avec trois Étalons d’or de Yennenga au compteur, le Burkina Faso est désormais le deuxième pays le plus titré de l’histoire du FESPACO, juste derrière le Maroc avec ses quatre trophées, et à égalité avec le Mali.

La razzia burkinabè des prix spéciaux

Ayant accueilli « Pays en lumière », l’Avenue Monseigneur Thevenoud, axe reliant le rond-point des Cinéastes à la cathédrale, a reçu le plus grand nombre de festivaliers. (Ph:YS)

22 prix spéciaux de 19 donateurs, le tout d’une valeur de 97 millions FCFA, ont été décernés dans trois catégories. La première catégorie a concerné les Parlements, les organisations sous-régionales, les organisations régionales ou continentales, les organismes internationaux, les organismes spécialisés de l’ONU, les ONG et les collectivités territoriales. La deuxième catégorie concerne les structures privées ou assimilées, les Sociétés d’Etat, les organisations privées, et la dernière catégorie, les associations, les mutuelles, les organisations professionnelles ou confessionnelles. La remise des prix spéciaux a eu lieu dans la soirée du vendredi 28 février 2025, à Ouagadougou. Le Burkina rafle 15 prix sur 22. Les réalisateurs burkinabè, Dani Kouyaté, Michel K. Zongo, ont raflé à eux deux 8 prix.
Avec son film « Katanga ou la danse des scorpions », Dani Kouyaté a remporté le Prix spécial UEMOA, long métrage fiction (6 millions FCFA), le Prix Sembène Ousmane de la Fondation Ecobank (5 millions FCFA), le Prix spécial du Fonds de développement culturel et touristique (2 millions FCFA), le Prix de la critique africaine Paulin Soumanon Vieira, qui a une valeur en nature.
« L’homme qui plante les baobabs » de Michel Zongo a eu le Prix spécial de IAMGOLD Essakane SA (5 millions FCFA), le Prix spécial de la CCI-BF pour la promotion du secteur privé (5 millions FCFA), le Prix spécial WaterAid Climat, eau et assainissement en Afrique (5 millions FCFA), le Prix de l’excellence en sécurité alimentaire du PAM d’une valeur de 2 millions FCFA.

La touche des initiatives privées
Les initiatives privées ont aussi répondu à l’appel. Casting Sud et ses partenaires ont pu organiser la 5e édition des « Celebrities Days », plaçant ainsi les célébrités et les partenaires du cinéma au cœur des festivités. Les « Celebrities Night » ou soirée de gala a distingué des personnalités du cinéma, du sport et des journalistes avec des trophées d’honneur. Les « Celebrity-Pro » a vu des experts du sport et du cinéma animer une rencontre professionnelle en présence des célébrités invitées, sous la modération d’un entrepreneur culturel. En plus de ces deux rencontres, il faut ajouter « Tapis rouge » aux cérémonies d’ouverture et de clôture et le « Pavillon des célébrités » au pavillon MICA.
FESPACO Kids du burkinabè Issaka Sawadogo était à sa 3e édition en 2025. Du dessin animé, des courts métrages, du théâtre, des ateliers, le FESPACO Kids 2025 a offert une programmation variée et adaptée à tous les publics, sensibilisant particulièrement les enfants aux enjeux de leur société, à travers des thématiques telles que l’environnement, le savoir- vivre et la famille. Le FESPACO Kids s’est déroulé dans six endroits différents de la ville de Ouagadougou, durant douze jours.
Moumouni SIMPORE

 

Encadré

« Pays en lumière », la grande attraction

L’Avenue Monseigneur Thevenoud, axe reliant le rond-point des Cinéastes à la Cathédrale, a été baptisée « Pays en lumière », le temps du festival, à l’initiative de la Directrice de l’association Couleurs de vie, Aysha Junior. « Pays en lumière » est un ensemble de guirlandes lumineuses et de parasols (noirs, verts et blancs). Le blanc symbolise la paix ; le vert pour l’espoir et le noir pour le difficile deuil que porte le Burkina Faso dans ce contexte d’insécurité. La rangée de lumières jaunes symbolise, quant à elle, la richesse du sous-sol. Selon Aysha Junior, « Pays en lumière se veut un espace de résilience, de découvertes touristiques, de partage, de brassage culturel, où il est donné de découvrir ou redécouvrir pour certains les valeurs culturelles et touristiques de nos pays ». La décoration et l’originalité des illuminations ont accueilli de nombreux visiteurs, faisant du site l’une des grandes attractions du FESPACO. « Au vu de la convergence de la population sur le site depuis sa construction, nous disons que le projet a déjà conquis les cœurs des festivaliers et des populations et mérite bien sa place de site d’animation pendant le FESPACO », a promis le président de la Délégation spéciale de la ville de Ouagadougou, Maurice Konaté.

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