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BCEAO: le taux de crédit alloué aux banques maintenu

• Il est en vigueur depuis décembre 2023

• Et vise à garantir la stabilité financière de l’Union

• Une inflation en repli dans l’UEMOA, mais des disparités selon les pays

Le Comité de politique monétaire (CPM) de la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) a décidé, lors de sa réunion du 5 mars 2025, de maintenir le principal taux directeur à 3,50 %, ainsi que le taux d’intérêt sur le guichet de prêt marginal à 5,50 %. Cette décision s’inscrit dans la continuité de la politique monétaire en vigueur depuis décembre 2023 et vise à garantir la stabilité financière dans l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA).

Le taux directeur, un outil clé de la politique monétaire
Le taux directeur est le taux auquel la BCEAO prête de l’argent aux banques commerciales. Son rôle est crucial dans la régulation de l’inflation et du coût du crédit dans l’économie. En maintenant ce taux à un niveau stable, la BCEAO cherche à équilibrer la croissance économique et la maîtrise des prix. Une hausse du taux directeur aurait renchéri le coût du crédit, ralentissant potentiellement la consommation et l’investissement, tandis qu’une baisse aurait pu stimuler l’endettement mais aussi risquer de relancer l’inflation.
Selon les données de la BCEAO, le taux d’inflation de l’Union est passé de 4,1 % au troisième trimestre 2024 à 2,9 % au quatrième trimestre, grâce à la baisse des prix des produits alimentaires et énergétiques importés. Cette tendance est confirmée par les meilleures récoltes de la campagne vivrière 2024/2025, qui ont permis d’alléger les pressions sur les prix. Pour 2025, l’inflation devrait se stabiliser autour de 2,7 %, après 3,5 % en 2024.
Cependant, des différences persistent entre les pays de la zone. Selon le dernier rapport de l’UEMOA sur l’Indice harmonisé des prix à la consommation (IHPC) de novembre 2024, et publié en février 2025, le niveau de l’IHPC a évolué de 2,5% dans la zone UEMOA, comparativement à son niveau de novembre 2023. Sur cette période, les différentes variations du niveau général des prix dans les pays de l’Union, enregistrées par ordre décroissant, se présentent comme suit : 5,3% en Guinée-Bissau, 4,9% au Mali, 3,8% au Niger, 3,6% au Burkina Faso, 2,5% en Côte d’Ivoire, 1,3% au Togo, 0,6% au Bénin et -0,2% au Sénégal. Ainsi, on observe que les 5 premiers pays cités enregistrent un taux d’inflation supérieur ou égale au niveau communautaire. Le taux d’inflation en moyenne annuelle au mois de novembre 2024 s’est établi à 3,5% au niveau régional. Comparativement à ce niveau d’inflation, des Etats de l’Union enregistrent un niveau supérieur ou égal. Ce sont le Niger (9,3%), le Burkina Faso (3,9%), la Côte d’Ivoire (3,6%) et la Guinée-Bissau (3,5%).

L’inflation vue du Burkina, les produits locaux plus chers
Au Burkina Faso, l’Indice harmonisé des prix à la consommation de novembre 2024 a baissé de 1,9% par rapport à octobre 2024. Mais si l’on compare cet indice par rapport à son évolution sur un an, le taux a connu une hausse de 3,6%. « Vu sous l’angle de la volatilité des prix et des quantités, l’augmentation en novembre 2024 du niveau global des prix, comparativement à novembre 2023, est portée par la flambée des prix des produits frais (7,2%) et dans une moindre mesure, des hors produits frais et énergie (1,9%), tandis que le niveau des prix des produits de l’énergie a diminué de 0,7% », peut-on lire dans le document de l’UEMOA.
Les experts de l’Union se sont penchés aussi sur les prix des produits, selon leur origine. Et leurs conclusions montrent que la hausse du niveau global des prix au Burkina Faso découle de la hausse des prix des produits locaux. Ceux-ci ont connu une augmentation de 4,3%. Les produits importés, eux, ont connu une hausse relativement moins élevée (1,8%). « La progression de l’indice global en novembre 2024 par rapport à novembre 2023 fait principalement suite à la hausse du niveau des prix des fonctions « Produits alimentaires et boissons non alcoolisées » (6,7%), « Restaurant et hôtel » (0,6%), « Enseignement » (0,3%) et « Biens et services divers » (0,2%). La progression du niveau des prix de la fonction « Produits alimentaires et boissons non alcoolisées » est consécutive au renchérissement des légumes secs et oléagineux (28,5%), des céréales non transformées (11,2%), des farines, semoules et gruaux (15,3%), des beures et margarines (16,1%), des huiles (8,5%) et sel, épices, sauces et produits alimentaires n.d.a (2,8%). Pour la fonction « Restaurant et hôtel », l’évolution du niveau des prix fait essentiellement suite au renchérissement des produits des restaurants, cafés et établissements similaires (0,6%). La montée des prix des produits pour les soins corporels (0,2%) et des appareils et articles pour soins corporels (0,6%) a entrainé celle du niveau de l’indice de la fonction « Biens et services divers ». L’inflation en moyenne annuelle au mois de novembre 2024 est de 3,9% », conclut le rapport.

Préserver un équilibre entre croissance et inflation
Le maintien du taux directeur à 3,50 % par la BCEAO laisse entrevoir une volonté de préserver un équilibre entre croissance et inflation. Toutefois, plusieurs défis persistent. Et le communiqué de la Banque centrale de citer, entre autres : les risques d’une résurgence des pressions sur les prix restent élevés, en raison, notamment, de la persistance des problèmes sécuritaires dans la sous-région, de l’effet du changement climatique qui pourrait réduire la production vivrière, ainsi que de l’impact des tensions géopolitiques et commerciales sur les prix mondiaux des produits énergétiques et alimentaires.
En 2025, la BCEAO continuera de surveiller ces évolutions et pourrait ajuster sa politique monétaire en fonction des tendances économiques. Comme le précise le communiqué signé du président du Comité de pilotage monétaire et gouverneur de la BCEAO, Jean-Claude Kassi Brou. « La situation extérieure de l’Union s’est améliorée sur la récente période en relation avec la hausse des prix des produits exportés, les ventes d’hydrocarbures à l’étranger et la mobilisation des ressources extérieures par les Etats membres. Au cours des prochains mois, le Comité de politique monétaire continuera de suivre l’évolution de l’inflation, ainsi que de la situation économique, financière et monétaire. Il prendra, si nécessaire, les mesures idoines pour assurer la stabilité monétaire et financière de l’Union ».
A noter que pour les ménages et les entreprises, la stabilité du taux directeur offre une certaine prévisibilité, mais les fluctuations des prix des biens essentiels resteront un facteur déterminant du pouvoir d’achat dans la région.
NK

Encadré

Activité économique : PIB en hausse au 4e trimestre

L’activité économique de l’Union demeure dynamique, avec une progression du produit intérieur brut (PIB) de 7% au quatrième trimestre 2024, après 5,8% le trimestre précédent. Pour l’année 2024, la hausse du PIB réel de l’Union est estimée à 6,2%, après 5,3% en 2023 et devrait ressortir à 6,3% en 2025. Cette croissance est portée par l’ensemble des secteurs, notamment, les secteurs extractif, manufacturier et agricole.
L’activité économique a bénéficié d’un financement approprié. Les crédits bancaires au secteur privé se sont accrus de 6,3%, en glissement annuel à fin décembre 2024, contre une hausse de 5,8% à fin septembre 2024. Cette tendance devrait se poursuivre en 2025, avec une augmentation prévue de 8,6%.

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